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Sport

[Mini Dossier] Pay-Per-View : No Money, No Lamb

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[Mini Dossier] Pay-Per-View : No Money, No Lamb
Le paiement à la séance devient le moyen de diffusion par excellence, dans le monde de la lutte. Ce système, adopté par les promoteurs pour pallier la perte de sponsors dans ce sport, ne fait pas que des heureux. Si les organisateurs de ces évènements se frottent les mains, le Pay-Per-View semble montrer, par moments, ses limites, au grand dam des amateurs.

La télévision à la carte (Pay-Per-View) a officiellement vu le jour dans le monde du sport sénégalais, le 31 mars 2018, à l’occasion du combat opposant Balla Gaye 2 à Gris Bordeaux. Luc Nicolai, promoteur de l'évènement, avait voulu marquer le coup, en apportant une révolution numérique de taille dans ce sport.

A cet effet, la plateforme ballagris.com avait été spécialement conçue pour l’occasion. Les férus de lutte se devaient de débourser 1 500 F Cfa pour regarder ce combat. Bien que cette première n’ait pas été un franc succès, notamment au niveau de la diffusion, elle a eu le mérite d’insuffler une nouvelle dynamique dans le monde de la lutte sénégalaise.

Cette décision innovante a été prise pour combler un vide qui s'agrandit un peu plus chaque année : la perte progressive des sponsors dans la lutte. C’est l’argument principal brandi par tous les promoteurs de lutte, à l’image de Pape Abdou Fall dit ‘’PAF’’, promoteur de lutte : ‘’Avec la rareté des sponsors, c’est une nouvelle opportunité pour les promoteurs qui se présentent. Le Pay-Per-View permet de combler cette absence lors des évènements de lutte.’’

En effet, depuis quelques années, les annonceurs ne se bousculent plus pour financer les combats de lutte. ‘’Nous avons trouvé que c’est une solution pour combler le gap de nos engagements. Et depuis que nous l’utilisons, nous arrivons à honorer les charges autour du combat et celles avec les lutteurs’’, renchérit PAF qui avait testé cette technologie lors du combat avorté Papa Sow-Siteu.

La magie de la lutte menacée par le Pay-Per-View ?

Ce système de télévision à la carte a aussi été appliqué lors du combat Balla Gaye 2-Bombardier. Cette affiche était exclusivement disponible sur un support numérique, après l’achat d’un code d’accès d’une valeur de 5 000 F Cfa. Ce prix n’étant pas à la portée de tous, nombreux sont ceux qui ont fait avec les moyens du bord pour ne pas rater ce combat.

 ‘’Le Pay-Per-View n’est pas tellement adapté à notre contexte de pauvreté. Acheter un code 5 000 F pour regarder la lutte n’est pas donné à tout le monde. Et on a vu les conséquences dans les différents quartiers, surtout dans les quartiers populaires où on voyait des dizaines de personnes entourant quelqu’un qui avait accès au combat’’, nous dit Oumar Mbodj, Professeur de marketing.

Ainsi, visionner en direct une affiche de lutte relèverait, de nos jours, du parcours du combattant.

Par ailleurs, ce système semble gêner la visibilité que devrait avoir un choc en lutte sénégalaise. Par exemple, plusieurs personnes ont affirmé n’avoir été au courant du combat entre Balla Gaye 2 et Bombardier que le jour du duel. Une situation qui interpelle Malick Thiandoum : ‘’Quand j’étais à la RTS, on sentait cette effervescence en amont et le jour du combat. De nombreuses personnes étaient scotchées devant leur télévision pour regarder l’affiche. Une communication intensive était faite. Tel n’est plus le cas. Il y a des combats qui ont lieu sans que les gens ne soient au courant. Ce système est en train de tuer l’engouement et la passion qu’il y a autour de la lutte.’’

Des offres et une couverture Internet qui n’aident pas

Il est clair qu’à l’heure du numérique, le monde de la lutte n’a pas voulu être à la traîne, avec l’instauration du Pay-Per-View. Mais un changement aussi radical dans un environnement où la connexion Internet est presque un luxe interroge.  

‘’Le système Pay-Per-View fonctionne avec de la connexion Internet. Allez au fin fond du Sénégal, vous y trouverez des gens qui n’ont ni débit ni connexion Internet pour suivre les combats’’, évoque Malick Thiandoum.

Un constat que partage en partie Joe Marone. Le formateur en communication digitale et spécialiste en réseaux sociaux trouve le système Pay-Per-View louable, mais pense que l’un des obstacles au développement de ce système se situe dans les habitudes des Sénégalais.

‘’Les gens n’ont pas encore cette culture du numérique. Par exemple, si la lutte dure pendant 5 heures, vous êtes obligé de rester connecté pendant tout ce temps. Est-ce que les gens auront les moyens de se connecter pendant toute cette durée ? Combien ça va coûter pour avoir ce genre de forfait ?’’, dit-il.

 Sur la cherté des services Internet et son expansion sur le territoire, Joe Marone lance un appel aux autorités étatiques et aux opérateurs de réseau mobile : ‘’Les opérateurs doivent tout faire pour améliorer la qualité, la couverture et le débit de la connexion, pour permettre à ces gens de suivre des combats. L’Etat aussi doit aider, en les appuyant grâce aux subventions ou qu’il essaie de travailler à réduire le coût de la connexion. On ne peut pas avoir trois opérateurs de téléphonie mobile au Sénégal et des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et avoir une connexion Internet qui coûte cher. Donc, pour moi, c’est un défi que l’Etat du Sénégal doit relever, en collaboration avec les opérateurs de téléphonie mobile.’’

Retour des sponsors = retour de la lutte à la télévision

Bien que rentable pour le promoteur, le Pay-Per-View ne plaide pas en faveur des sponsors. ‘’Le Pay-Per-View est à l’avantage de celui qui produit le spectacle. En réalité, la gêne se situe au niveau des sponsors, car ça diminue considérablement le taux d’audience et, par conséquent, la visibilité. Et c’est cette dernière que recherchent fondamentalement les annonceurs’’, de l’avis d’Oumar Mbodj, Professeur de marketing.

Pour tenter de revenir à un mode de diffusion traditionnelle, Malick Thiandoum préconise le retour ‘’des sponsors’’ afin qu’ils exigent aux promoteurs  ‘’la diffusion en clair de tous les combats’’.

Un préalable indispensable, pour Pape Abdou Fall, qui affirme, par ailleurs, qu’un combat de lutte nécessite beaucoup de moyens. Par conséquent, la rentabilité devrait suivre. ‘’Les promoteurs n’organisent pas des combats dans le seul but de satisfaire le public. On le fait pour gagner quelque chose. Sinon, à la longue, les promoteurs disparaîtront, si leurs investissements ne sont pas rentabilisés. A présent, rien n’est dit que l’on va continuer éternellement avec le Pay-Per-View, car si les sponsors reviennent et nous permettent d’assurer nos charges, on pourra retransmettre les combats à la télévision comme par le passé’’.

A bon entendeur…


10 Commentaires

  1. Auteur

    En Janvier, 2022 (11:06 AM)
    Même si l'attractivité de la lutte a pris un sérieux coup, Le pay per view pour la lutte me convient parfaitement ; mes enfants seront épargnés de toute cette violence.

    les combats sont réservés aux amateurs moins de pollution à la télé.
    • Auteur

      Pay Per Arnaque

      En Janvier, 2022 (11:28 AM)
      ce n'est de la faute de la télé si vous n'etes pas capables de controler ce que vos enfants regardent ou pas ! gneu gneu cela vous convient mais calez en l'air 
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  2. Auteur

    On S'en Fout

    En Janvier, 2022 (11:51 AM)
    les combats jaralouma 100frs 

     
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    Auteur

    Gass

    En Janvier, 2022 (12:28 PM)
    Moi grand supporter de Balla Gaye je n'ai eu connaissance de son combat que le jour même bilay ! Le problème c'est que aussi la lutte a perdu de son aura et les violences y sont pour quelque chose de même que les longues heures d'attente et les combats qui sont des fiasco et se terminent en match nul 
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    Auteur

    En Janvier, 2022 (13:20 PM)
    La lutte est entrain de mourir lentement car le sénégalais à qui elle est proposée n a plus les moyens et n intéresse plus les sénégalais qui ont compris aussi que c est une manière d emdormir la jeunesse. Mais revenons pour le dernier combat la personne qui l a organisé n a rien à perdre au contraire les sénégalais qui ont acheté leur billet ont contribué deux fois parce que l argent qui a été donné aux lutteurs provient de l impôt des sénégalais car tout le mo de sait que c est Macky qui donne l argent à l organisateur pour endormir la jeunesse et les sénégalais qui ont assisté le combat à l erana ont encore donc une double peine. 

     
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    Auteur

    Reflexion

    En Janvier, 2022 (14:09 PM)
    Vous imaginez un combat de lutte ou il faut rester scotché  toute une journée  cette situation est dépassée, il faut qu on réfléchit à d'autres alternatives si nous voulons internationaliser notre lutte, les khons et les bakkes prennent trop de temps. Un abonnement mensuel tnt coûte 5000 frs mensuel pourquoi devrons nous payer 5000f pour presque un combat, il faut travailler sur le volume. internationalisé les combats.                             réfléchir sur des pistes comme MMA à la sénégalaise ou en 30 mn tout est bouclé 
    Auteur

    Ben

    En Janvier, 2022 (14:14 PM)
    C'est parfois drole la signification des mots d'une langue a une autre:

    en anglais NO MONEY, NO LAMB serait en françcais PAS D'ARGENT, PAS DE MOUTON :)
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    Auteur

    Milk

    En Janvier, 2022 (21:00 PM)
    Le Sénégal est l'un des pays où tous les business depuis 2000 se créent dans un système de bulle qui finit par exploser, soit au détriment des usagers soit au détriment des promoteurs (Lutte, Immobilier, Hôtellerie, Business school, clinique privée, etc.). L'une des causes principales est le fait de brûler des étapes et de voir devenir milliardaire à court terme. Rien dans le modèle économique de la lutte ne justifiait le niveau des cachets et donc les montants demandés aux sponsors. Il était sûr et certain que ces derniers partiraient à un moment donné. La violence dans l'arène leur a permis de quitter rapidement cet univers sans choquer le public. Le marché des annonceurs pouvant supporter les besoins de financement des promoteurs, est très faible.
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    Auteur

    Makadaam

    En Janvier, 2022 (21:58 PM)
    Mais pourquoi les televisions ne payent pas pour la diffusion, ils n'y gagnent pas? Si c'est le cas, le pay-per-view est primordial, c'est le business .
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    Auteur

    Wakhdeug

    En Janvier, 2022 (13:08 PM)
    Personnellemnt, j'avais dit depuis fort longtemps avec l'avénement de ce pay per view que ce systéme va tuer la saveur de la lutte senegalaise pour diverses raisons. Ce systéme est en train de tuer son grand public. NANOU CI BAYI KHELE
    Auteur

    En Janvier, 2022 (22:59 PM)
    pas interesse de payer pour voir 2 tocard se toucher l'anus

    aucun lutteur ne tient 2 secondes en MMa
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