Le foot transalpin a renoué avec ses vieux démons avec les insultes racistes proférées par des supporters de Cagliari à l'encontre de Blaise Matuidi.
Cagliari - Juventus, samedi, à la Sardegna Arena. On joue la 40e minute lorsque Blaise Matuidi, furieux, se tourne vers l'une des tribunes, avant de prendre l'arbitre à témoin. Le milieu français de la Vieille Dame vient de se faire insulter par une frange du public local. "J'ai été victime de propos racistes pendant le match. J'aime tout le monde et je ne peux qu'être désolé de voir des personnes qui se comportent ainsi", expliquera-t-il après la rencontre dans un message posté sur ses réseaux sociaux, une semaine après avoir déjà été visé par des chants racistes sur la pelouse du Hellas Vérone.
Deux épisodes qui rappellent à quel point le football italien reste hanté par ses vieux démons. Si l'exemple de l'attaquant italien Mario Balotelli, victime de cris de singes la saison dernière à Bastia, suffit à prouver que les autres championnats ne sont pas exempts de tout reproche, la Serie A fait figure de mauvais élève dans l'ouest de l'Europe au vu de son nombre élevé d'incidents. En octobre, le joueur ghanéen de Sassuolo Alfred Duncan et son coéquipier italien Claud Adjapong avaient été la cible d'insultes racistes de la part de supporters de la Lazio Rome, qui s'en étaient aussi pris au défenseur sénégalais de Naples Kalidou Koulibaly en février 2016.
Des sanctions trop clémentes
Même expérience pour le Ghanéen Sulley Muntari, en avril dernier, lors d'un déplacement à Cagliari avec son club de Pescara. Des affaires qui jettent le discrédit sur les instances dirigeantes italiennes et sur leur barème de sanction. "Il y a aujourd'hui beaucoup moins de racisme en Serie A que dans les années 1980 ou 1990, où l'on pouvait également voir des banderoles antisémites dans les virages de certains stades, comme à Rome. Mais pour continuer à combattre efficacement le racisme, le Calcio doit gagner en sévérité", indique à L'Express Sébastien Louis*, historien et spécialiste du supportérisme italien.
Pour les chants racistes entonnés par certains de ses supporters à l'encontre de Matuidi, le Hellas Vérone a ainsi écopé d'une amende de 20 000 euros. Une sanction dérisoire pour un club de Serie A, même si la Ligue italienne a déjà fait plus ridicule. En mai, elle a confirmé la suspension de Muntari, qui avait été expulsé pour avoir quitté le terrain de Cagliari après avoir entendu des cris racistes. Il a fallu que la FifPro, le syndicat international des joueurs professionnels, monte au créneau pour qu'elle revienne sur sa décision. Le carton de Muntari a été annulé, mais Cagliari n'a pas pour autant été rappelé à l'ordre.
Un ex-président suspendu pour racisme
Outre ces aberrations, la Ligue se contente le plus souvent de prononcer la fermeture de tribunes avec sursis. "Elle aurait plutôt intérêt à identifier les coupables et à individualiser les sanctions, les comportements racistes dans les stades étant généralement le fait d'individus et non de groupes. L'Italie n'est plus confrontée à un racisme organisé. On ne voit plus aujourd'hui tout un virage lancer des cris de singe. Dans certains cas, il pourrait aussi être pertinent de pénaliser les clubs sur le plan sportif", précise Sébastien Louis, qui note un paradoxe au sein de la fédération italienne.
"D'un côté, elle lance régulièrement des campagnes anti-racisme. De l'autre, elle a été dirigée de 2014 à 2017 par Carlo Tavecchio." Démissionnaire en novembre dernier, cet ancien homme politique a été suspendu six mois par l'UEFA il y a quatre ans pour avoir tenu des propos racistes. "Opti Poba est arrivé et mangeait des bananes, aujourd'hui il est titulaire en Serie A", avait-il lâché en pleine campagne pour prendre les commandes de la fédération italienne. Accusé de viser le Français Paul Pogba, alors titulaire indiscutable à la Juventus, il avait assuré ne penser à aucun joueur en particulier.
"Le championnat s'est ouvert tard"
Cette sortie ne l'avait pas empêché d'être élu avec 63,6% des suffrages. "Les élections prévues fin janvier permettront peut-être d'attaquer un nouveau chapitre, surtout si l'ancien milieu de la Roma Damiano Tommasi l'emporte. Il a toujours combattu le racisme", relève Sébastien Louis. Chef du syndicat des footballeurs italiens, Tommasi avait salué en 2013 la décision des joueurs du Milan AC de regagner les vestiaires en plein match amical contre Pro Patria. Une façon, comme Muntari, de protester contre les insultes racistes proférées par des supporters locaux à l'encontre du Ghanéen Kevin-Prince Boateng.
"Le foot italien doit s'appuyer sur sa nouvelle génération de dirigeants pour continuer à réveiller les consciences. Sa mission n'est pas simple. Les stades sont les miroirs de la société et nous sommes actuellement dans une période où les partisans d'extrême droite n'hésitent plus à afficher haut et fort leurs opinions. On retrouve ces personnes dans les stades", avance Sébastien Louis. "Le championnat italien a longtemps eu du retard sur certains de ses voisins européens. Il s'est ouvert très tard. Dans les années 1990, un club comme l'Hellas Vérone refusait de recruter des joueurs noirs", poursuit-il.
Un peu plus de trente ans plus tard, Cagliari a au moins eu le mérite de demander pardon à Matuidi après les agissements inacceptables d'une partie de ses supporters. "Tu es un joueur énorme. Exemple pour les jeunes. Nous désirons nous excuser avec toi si tu as été insulté à la Sardegna Arena pour la couleur de ta peau. Le racisme n'a rien à voir avec le peuple sarde. Seulement l'ignorance peut expliquer certains comportements."
* Sébastien Louis est auteur du livre Ultras, les autres protagonistes du football publié aux éditions Mare & Martin
22 Commentaires
Anonyme
En Janvier, 2018 (06:56 AM)Anonyme
En Janvier, 2018 (07:01 AM)Anonyme
En Janvier, 2018 (10:59 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Die
En Janvier, 2018 (11:01 AM)Cisse
En Janvier, 2018 (11:36 AM)Anonyme
En Janvier, 2018 (12:01 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (12:01 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (12:01 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (12:01 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (12:01 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (12:01 PM)Hugo
En Janvier, 2018 (06:52 AM)Fascistes Manipulateuraméricai
En Mars, 2018 (14:08 PM)Bref il serait bien d'organiser la résistance ou de refuser (encore ) cette soumission que ces blancolons voudraient nous réinfliger !
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