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RÉTROSPECTIVE 2006 - LUTTE AVEC FRAPPE : Les ténors en mal de « performances »

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RÉTROSPECTIVE 2006 - LUTTE AVEC FRAPPE : Les ténors en mal de « performances »

S’il y a une discipline qui aura marqué son temps dans le courant de cette année finissante, c’est bien la lutte avec frappe. Avec une meilleure organisation plus que par le passé, notre sport national n’a pas marqué le pas en 2006. Au contraire, il a fait de gros bonds en avant : des combats de hautes factures qui ont drainé un monde fou, des Espoirs qui se sont imposés, « mieux que les ténors » selon certains observateurs. En effet, un rapprochement permet même de constater que 2005 aura été plus prolifique pour ces « ténors-là » que l’année 2006. Cette fois, leur bilan est peu élogieux. Bombardier et Tyson subissent de cuisantes défaites face respectivement à Balla Béye II et Yekini. Ce dernier, en fin de saison, face à Tapha Guéye, contracte le premier nul de sa carrière. Lac de Guiers, à un pas de la retraite, se fait dominer par le lieutenant de Tapha Guéye, en l’occurrence Gris Bordeaux qui, avec Balla Béye 2, auront marqué cette saison. Mais, le véritable éclair (inattendu du reste) est intervenu sur le plan administratif. Le Comité national de gestion (Cng) de lutte avec frappe, conforté par la Tutelle, a procédé à un toilettage de ses « vieux textes poussiéreux », en corrigeant quelques pans du règlement qui, pendant longtemps, avaient joué sur les verdicts. Retour sur une année particulière pour la lutte sénégalaise.

Évoquant la lutte sénégalaise avec frappe, que faudrait-il retenir de cette année 2006 ? À cette question, le président du Comité national de gestion de la lutte avec frappe, le Dr Alioune Sarr, parlera d’« une évolution sous toutes ses composantes ». C’est vrai, la lutte sénégalaise a connu une vraie ascension en cette année 2006. En fait, sur le terrain, les lutteurs ont augmenté de par leur nombre. D’autres écuries ont fleuri. Mais, certaines vieilles habitudes demeurent encore. Les ténors, eux, ne progressent pas.
Les Espoirs donnent tout pour se signaler et engranger des points en vue de gagner plus de combats à l’avenir. Et en 2006, ils ont été nombreux (ces espoirs) à avoir gravi des échelons, alors qu’ils étaient peu ou pas connus du tout. Entre autres, c’est le cas de Balla Gaye II de l’école de lutte Balla Gaye, Bathie Seras de Guinaw Rail, Djily Mbaye de Fass, Yekini Jr de Ndakaru ou Issa Pouye de Thiaroye. Autant de noms qui, aujourd’hui familiers aux férus et amateurs de lutte, ont bâti leur réputation sur la quête de victoire avec hargne. Des espoirs qui ont eu envie de se montrer, en se symbolisant du début à la fin de la saison par un vrai sens du devoir. Tout le contraire des ténors.
En effet, ils sont souvent attendus pour confirmer voire imposer leur rang, mais, ils sont pour la plupart passés à côté des attentes. Moins visibles qu’en 2005, ces ténors ont perdu du terrain en 2006. Tous ou presque ont fait une année 2006 « vide ». Yekini jusque–là "Roi des arènes", pour n’avoir pas encore perdu, a respecté sa ligne. Mais pas en se singularisant par une victoire et un nul. En début de saison, il atomise Tyson pour son quatorzième combat. Mais, confronté à Moustapha Guèye, le Tigre de Fass, dans un combat inédit mais surtout historique (Ndakarou étant tirée des flancs de Fass) le 31 juillet 2006 à Demba Diop, il subit son premier nul. L’affiche tant attendue proposée par Gaston Productions sera « nulle » au terme d’un combat de plus de quarante-cinq minutes.
Les deux mastodontes, qui ont encaissé plus de 50 millions de Fcfa chacun, finiront par agacer les millions de Sénégalais qui, à travers ce combat, attendaient oublier la vieille logique qui voudrait que « les ténors vivent de la lutte, mais ne font pas vivre la lutte ». Mais rien. Encore que le plus grave, c’est la troisième mi-temps de cette confrontation faite de révélations fracassantes, de dénigrements et d’injures dépassant largement le cadre du sport.
Les deux écuries, par voix interposées, se sont livré à des échanges aigre-doux qui ont aujourd’hui le don d’avoir créé une rupture qualifiée de « définitive » entre ces deux familles de l'arène. Les deux champions de lutte que sont Yekini et Tapha Guéye s’en sont sortis « blessés » et en mal de popularité dans l'arène. Pourtant, ils ne seront pas les seuls ténors à avoir vécu une année 2006 difficile. Serigne Dia alias Bombardier (140 kg) venu de Mbour n’oubliera pas de sitôt cette année qui vient de s’écouler. Confronté à Balla Béye II (90 kg), il se fera « massacrer ». Une défaite qui le surprendra autant qu’elle le sera pour les amateurs et férus de lutte qui, malgré la fougue et la témérité de Baboye, n’auraient jamais parié un franc sur lui, face au tombeur de Tapha Guéye et de Tyson. Mais, le fait était là. Le Mbourois, qui a sous–estimé son adversaire sur tous les plans, n’aura à la fin que ses yeux pour pleurer. Tyson n’ayant pas combattu depuis sa défaite face à Yekini, le cercle des ténors était décapité.

Balla Béye II et Gris Bordeaux, les grandes satisfactions

Néanmoins, à côté de ces ténors "sans réelle teneur", deux lutteurs « ni "ténors", ni "espoirs" », ont marqué cette année 2006. Eux, ce sont Balla Béye II, nouveau patron de l’écurie Halpulareen et Gris Bordeaux de Fass. Tous deux, avec de réelles ambitions de percer vers le sommet, ont géré, avec dextérité, les défis qui leur étaient lancés. D’abord, pour Balla Béye II, le redoutable défi consistait à faire face au Bombardier de Mbour.
Sous l’égide de Sidy Diakhaté, le combat qui, certainement, sera parmi les plus « dangereux » dans la carrière de ces deux lutteurs, est organisé au stade Maniang Soumaré de Thiès. Pour Balla Béye II, le risque était énorme à double titre. Baboye était resté deux ans sans combattre. Ce qui était consécutif à sa migration vers le Golf sud où il est intronisé nouveau patron de l’écurie Halpulareen.
Et au moment d’attaquer de nouveau, il choisit le plus difficile, à savoir Bombardier, que tout le monde craint. Ni le poids, ni la taille ne lui permettaient d’accepter ce défi. Pourtant, il jouera son va-tout. Baboye fait même mieux en renversant toutes ses tendances en ce 7 avril 2006. Il bat son adversaire en moins d’une minute. C’est le tsunami à Thiès.
Bombardier n’en revient pas. L'arène aussi. Pourtant, la réalité était là. Incroyable. Une performance qui, à jamais, restera gravée dans les registres d’or de l’arène sénégalaise. Baboye allait donner des ailes à d’autres. C’est clair. Et le premier à s’y inscrire est Gris Bordeaux, sociétaire de l’écurie de Fass, et lieutenant de Tapha Guèye. Dans un défi aussi dangereux que celui qu’avait tenté et réussi Balla Béye II face à Bombardier, il réussira lui aussi un haut fait. En effet, dans une marche ascendante que toute défaite de parcours pourrait entacher voire freiner, Gris domine de fort belle manière le 17 décembre 2006 dernier, au stade Demba Diop, le porte-étendard du Walo, Lac de Guiers.
Un lutteur qui, de par son évolution depuis des années, constituait un « réel danger » pour lui. Mais qu’il dominera au finish, en moins de cinq minutes. Par cette prouesse, il signera lui aussi une de ses victoires qu’il n’est pas prêt d’oublier. Car, cette performance, loin de toute équivoque, lui permet d’ouvrir les portes vers les Ténors. Fallait-il désormais miser sur les "ni ténors, ni espoirs" comme Baboye et Gris Bordeaux ?
En tout cas, la question a été soulevée dans l'arène. Contrairement aux vrais ténors et dans des combats aussi expéditifs que techniques et tactiques, ils ont donné de la valeur à cette discipline bien de chez nous.

Sans arène nationale, la lutte se dote d’un règlement nouveau

Mais de l’autre côté, la lutte qui n’est pas seulement physique et mystique, a connu une nette évolution dans sa gestion administrative. En effet, le Comité national de gestion (Cng) de la lutte (avec des prérogatives renforcées par la Tutelle lors de sa journée de réflexion tenue le 4 octobre au stade Léopold Sédar Senghor) jusque-là très terne en matière de décisions sur le règlement ou autre du genre, s’est fait signaler. D’importantes mesures, toutes allant dans le sens d’améliorer le règlement « trop contesté » sont prises.
Et, parmi celles-ci, la plus importante est « la mise à mort » du match nul. Désormais, tout combat de lutte sera sanctionné, d’une manière ou d’une autre, par une victoire. Il n’est plus question de laisser deux gladiateurs dans l’arène jouer leur cinéma pendant de longues minutes et ceci, après avoir mobilisé le temps de tout le monde et, après avoir encaissé des sommes faramineuses. Une décision qui sera totalement (comme c’est le cas souvent dans l'arène) partagée par tout le monde. Amateurs, lutteurs, administratifs, promoteurs entre autres, tout le monde a adhéré.
En fait, le règlement est ainsi stipulé : «Tout combat sera désormais sanctionné par une victoire. Finis les matchs nuls. Si ce n’est dans l’enceinte, la disqualification sera là pour sanctionner le lutteur qui se sera singularisé par plus de six avertissements » .En plus de cette mesure, d’autres allant toutes dans le sens de favoriser un meilleur développement de cette discipline bien de chez nous, sont favorisées. C’est le cas des quatre appuis qui ont aussi été étudiés et qui auront été fruits de tous les débats. Et, à ce niveau, le Cng ne semble pas, pour le moment, avoir trouvé le remède qui sied.
En effet, en l’état actuel des choses, les quatre appuis à terre ne constituent pas encore une chute; le règlement voulant que le lutteur qu’on estime battu s’affale complètement sur la poitrine ou sur le dos. Dans la batterie de mesures, il faut aussi noter la meilleure prise en charge des contrats avec une meilleure protection des lutteurs qui, désormais, peuvent compter sur le Cng qui contraint les promoteurs et autres organisateurs à verser le reliquat nécessaire quinze (15) jours avant le combat donné. Une manière de mettre fin aux contrats fallacieux et hors normes qui ont longtemps porté préjudice à la bonne marche de l’arène.
Pourtant, malgré toutes ces initiatives, la plus grosse plaie dont souffre l’arène depuis des saisons et qui est relative au manque d’infrastructures (une arène de lutte) est encore restée béante. Le monde de la lutte n'a pas réalisé ce grand vœu qui, depuis des années, et à chaque début de saison, est formulé à l’endroit des autorités, mais sans résultats probants : Une arène nationale. Malgré la présentation de la maquette par le ministre des Sports, Vava, lors de la journée consacrée aux assises de la lutte à Léopold Sédar Senghor, tout le monde est resté pessimiste quant à sa future réalisation.
Au premier de ceux-ci, figurent les lutteurs en activité qui, par la voix de leur président Tapha Guéye de Fass, ont dénoncé ce qu’ils appellent « le louvoiement des autorités qui tardent à gérer ce problème ». Ce qui, selon lui, fait que « la lutte continuera à squatter les terrains de football souvent avec des contraintes draconiennes qui sont de nature à la tuer »



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