SENEGALAIS DE L’ETRANGER - Marché des transferts : L’été des pauvres

La toute fraîche signature de Pape Malick Diop au bas d’un contrat de deux ans avec le Fc Metz (L2, France) n’est point le dernier rebondissement d’un fol été sénégalais. Loin des surenchères estivales qui agitent l’Europe du football, les Lions, qui ont regardé la Coupe du monde devant leur télé, assistent encore en spectateurs aux derniers épisodes du feuilleton des transferts. En attend le rush final des soldes, le stand sénégalais a du mal à s’animer. Seules éclaircies dans la grisaille : le transfert de Issa Bâ à l’Aj Auxerre (L1, France) pour 4 ans. Et la perche de l’année tendue à Makhtar Ndiaye (24 ans) par Paul Le Guen aux Glasgow Rangers (DI Ecosse). Puis, plus rien. Si ce n’est une piste à déblayer pour Salif Diao (Ex-Portsmouth, Premier League anglaise) à qui Charlton tend une hypothétique main. Ou, pis, un horizon assombri pour Khalilou Fadiga (ex-Bolton) et Aliou Cissé (Ex-Portsmouth) qui émargent encore au rayon des «sans club».

AU SOLEIL. Sous les rayons d’un été ensoleillé, Issa Bâ a brillé d’une joie d’un admis en classe supérieure : «Je suis content ! C’est un grand club. Un club formateur et je suis jeune (24 ans), je viens à l’Aj Auxerre pour continuer à apprendre. Et je vais découvrir la Ligue 1, c’est autre chose que la L2, un autre monde. C’est un grand plaisir de rejoindre ce club. Je veux montrer mes qualités, jouer et apprendre. J’ai beaucoup d’ambitions et j’espère apporter ma jeunesse et mes qualités à l’équipe», s’enthousiasmait l’international sénégalais au moment de parapher son contrat de 4 ans avec l’Aja.

L’enfant de Yarakh est le seul Lion qui a donné un semblant de crédit à la bourse des valeurs sénégalaises dans le marché estival. Le milieu de terrain offensif quitte la Berrichonne de Châteauroux (Ligue 2) pour s’exposer (enfin) devant les lampions de la Ligue 1 sous les couleurs d’une Aj Auxerroise désormais cornaquée par le paternaliste Jean Fernandez. L’esthète devra confirmer à l’étage au dessus toute cette louange qui escorte sa technicité.

Paul Le Guen, le nouveau coach des Glasgow Rangers (Ecosse) a plutôt fait preuve de mémoire pour extirper le milieu de terrain sénégalais, Makhtar Ndiaye (24 ans) de l’anonyme championnat suisse, à Yverdon précisément, pour lui faire signer un contrat d’un an dans le mythique club écossais des Glasgow Rangers (D1 écossaise). Le Guen, qui avait composé avec le Saint-louisien à Rennes (France) en 1999, a créé la surprise de l’été en tendant une perche inespérée à un garçon au talent piégé par les brumes de son indolence.

Pareil pour Christian Gurcuff le gourou des «Merlus» de Lorient qui compte aussi sur ses deux attaquants internationaux sénégalais : Rahmane Barry et David Amadou dit «Papys» Mbodj. Le premier, auteur d’un premier prêt réussi et d’une participation remarquable à la montée de Lorient en L1 française, a poussé les dirigeants lorientais à supplier Marseille de lâcher la «perle» pour une saison. Le second, Papys Mbodj, s’apprête à passer son test de «grand buteur» auprès des défenses de L1. Précédé d’une flatteuse réputation de goleador avec Créteil, le néo-Lion, deuxième meilleur buteur de la Ligue 2 avec 15 buts, devrait apporter son réflexe de «tueur» dans les zones dangereuses de L1 et justifier une réputation naissante.

En tout cas, l’attaquant sénégalais de 21 ans a son destin entre ses jambes. Lui qui clamait son envie de faire une grande carrière, de s’ouvrir les chemins de la gloire sous ses nouvelles couleurs loranthacées : «C’est un palier de plus qui est franchi dans ma carrière. Parce qu’il va falloir confirmer ma saison avec Créteil, maintenant il faut rester professionnel et se concentrer d’avantage et savoir que je suis encore en train d’apprendre que je n’ai encore rien fait», hurlait-il de défi.

Le chemin de l’enfant de Ndangane a dû croiser sur la route de la Ligue 2 Frédéric Mendy (24 ans) qui a signé un contrat de trois ans avec Bastia. En fin de contrat à Saint-Etienne et peu utilisé par son coach Elie Baup, l’international sénégalais, qui n’est apparu que 16 fois en championnat la saison dernière, va chercher du soleil en Corse. Il redescend en L2 chercher cette constance dans la performance qui en ferait ce «poison» à peine entrevu sur la plus grande scène du football français.

Pape Malick Diop a, quant à lui, un souci aux perspectives moins longues. A 31 ans, l’ex-capitaine des Lions, lâché par Guingamp, a longtemps été à la recherche d’un club ambitieux pour mieux amortir la chute de sa carrière dont le final a souffert de trop de blessures. Hier, l’international sénégalais a signé un contrat de deux ans avec le Fc Metz (L2 Française). Le rugueux défenseur central aux 57 sélections retrouve du travail et… des jeunes coéquipiers de la «tanière» : «En sélection, j’ai côtoyé Babs (Guèye) et Dino (Djiba). Sénégalais ou pas, le plus important, c’est de trouver des gens qui ont un bon état esprit, que ce soit les joueurs ou les dirigeants. J’ai envie d’effectuer une année pleine, de faire partie des joueurs majeurs qui donneront un coup de pouce à Metz pour remonter en première division.»

Un destin qui pourrait être celui de Moussa Ndiaye. Malgré ses buts importants à Ajaccio et ses prestations fracassantes, le puissant attaquant ou milieu (27 ans) est retourné à Istres, en Ligue 2. Son quotidien méridional bruit de rumeurs, mais Moussa n’a pas encore effectué cette traversée de la Manche que beaucoup lui prêtent : Sheffield United serait actuellement le plus chaud sur le Sénégalais.

Inconnu au bataillon des internationaux sénégalais, Tidiane Dia, 21 ans, a été privé de dessert par Valenciennes. Prêté en National au Pau Football Club, il ne goûtera pas au grand retour de la L1 au stade Nungesser. Il semble avor été perdu par sa fiche de stats : le Sénégalais avait disputé quatorze matches de Ligue 2 la saison passée pour…un seul but marqué.

Un autre recalé au banquet des grands : Leity Ndiaye. Jugé encore immature pour les chaudes batailles de l’élite française, l’athlétique milieu ou défenseur sénégalais a été encore «placé» à Strasbourg (Ligue 2) par l’Olympique de Marseille. Sorti d’un prêt peu abouti à Châteauroux, l’international espoir sénégalais espérait avoir en Alsace ce temps de jeu que ne lui autorisait pas l’OM. Une cruelle scoumoune est venue déchirer le plan : Leïty s’est blessé pour sa première séance d’entraînement avec Strasbourg et sera absent pour…6 mois. Autre (éternel) espoir pris dans la cruelle spirale du foot pro : Mouhamadou Diaw. Délaissé par Amiens (L2, France), l’ancien ailier de poche de la JA (25 ans) a trouvé refuge à l’étage d’en dessous : Clermont Foot (D3, France). En quête de stabilité dans l’Hexagone, «Petit Diaw» a une revanche à prendre sur une carrière pro embourbée.

La même envie de briller devra animer l’attaquant sénégalais Mbaye Lèye (23 ans) qui quitte Lorient, pourtant promu en L1, pour Amiens autre club de L2 avec une bonne probabilité d’être titulaire. Tout comme le très peu connu défenseur NGouma Bâ quitte Dijon pour Tours (Ligue 2) avec l’espoir infini d’éclore sous le halo médiatique.

DANS LE CLAIR OBSCUR. Si quelques rares Sénégalais ont apposé leurs signatures au bas d’un contrat, d’autres sprintent encore derrière un essai pour ne pas rater le dernier train d’une saison au départ imminent. A 29 ans, Salif Diao, trahi par sa santé défectueuse et son crédit ruiné aux yeux de l’Europe du foot, court encore pour espérer ramasser un contrat qui le sauverait de sa saison terne avec Portsmouth (11 matches joués). Indésirable à Liverpool, l’enfant de Kédougou quête l’offrande d’un «rebond». Aux dernières nouvelles, les dirigeants de Charlton (Premier League anglaise) ont mis à l’essai le milieu de terrain sénégalais. Autre Sénégalais en quête : Sadio Sow (30 ans). Libéré par Créteil après des bons et loyaux services, le défenseur sénégalais a été mis à l’essai à Brest (L2). Le besogneux latéral droit espère un dernier contrat pour arrondir une carrière passée à ramer dans les couloirs obscurs du football européen. Et un bail dans le Finistère serait un joli cadeau pour le trentenaire.

DANS LE FLOU. L’âge d’or de leur carrière leur a offert les fastes éphémères d’une gloire mondiale, la chute se plaît aujourd’hui à leur fourguer une cruelle peur du lendemain. Hier, ils snobaient les clubs moyens qui osaient une cour assidue, aujourd’hui, ils en sont presque à «quémander» un signe de la main. Khalilou Fadiga (Ex Bolton) et Aliou Cissé (ex-Portsmouth), naguère héros de la «tanière», nagent dans un flou collant. Malgré les discours de circonstances pour soigner un orgueil mal placé sur le terrain des réalités de leur quotidien d’aujourd’hui.

La rupture des ligaments croisés d’un genou en février a été la blessure de trop pour Khalilou Fadiga. Un capital-risque que son ex-club Bolton n’envisageait pas de prendre pour la seconde fois. Préférant se séparer à l’amiable avec l’attaquant sénégalais de 31 ans qui, depuis, se cherche une destination « dorée». Lui, qui n’a jamais réussi à faire son trou chez les «Vagabonds» de Bolton. Se contentant de bouts de matches, il en a joué huit cette saison, pour un but inscrit. Depuis Fadiga espère qu’on lui tende la perche pour recoller son quotidien à un destin de footballeur professionnel qui semble l’abandonner depuis la révélation de son arythmie cardiaque, lors de son transfert manqué à l’Inter Milan (juillet 2003). A part un intérêt du Standard de Liège (D1 Belge), rien ne pointe à l’horizon de «Khali».

Un «vide» dans lequel se meut l’ancien capitaine des Lions Aliou Cissé . Avec un rachitique bilan de trois matches joués, le Ziguinchorois de 30 ans a vécu sa pire saison depuis son arrivée en Angleterre pour sa dernière année de contrat avec Portsmouth (Premier League anglaise). Une campagne quasi-blanche qui le place presque hors de course dans le supermarché des transferts. Il attend impatiemment la période des soldes. <57>[email protected]