Envoyé spécial à Saly - «Il faut les approcher pour mieux les connaître», se plaît à répéter souvent l’entraîneur-adjoint, Amara Traoré, à propos de «ses» Lions. Les trois jours de détente et de régénération à Saly ont permis de découvrir la face cachée, le côté jardin plutôt, de la «tanière» qui s’est «éclatée» sur la Petite-Côte dans une bonne humeur contagieuse. Avec Diawara, le maître-chambreur, Diouf, l’animateur et Henri-Bouba, les inséparables, voici quelques tranches de vie des Lions.
Au «Fc vannes», c’est Diawara l’incontestable star. Celui qui écrase tout le monde, qui «balance» sur tout ce qui bouge. Sous le chapitre rieur des grandes «déconnades» dans la «tanière», tout le monde est unanime sur le nom du «perturbateur» numéro un, sur celui qui distille les ondes contagieuses de la bonne humeur, des rigolades collectives : «C’est Souleymane Diawara. C’est le grand chambreur du groupe», s’exclame Amara Traoré. Makan Sy enfonce le clou : «Il emmerde tout le monde, c’est un casse-pied !»
L’intendant des Lions a eu sa dose durant les trois jours de détente et de régénération à Saly. Un échantillon trié à la volée : ce geste l’enfant de Gabou qui laisse volontairement tomber devant lui son short, à la limite de la mode Kriss-Kross : «Tu penses que ça c’est normal, je n’ai même pas de quoi retenir mon flottant», lance-t-il en pleine figure à Makan Sy, qui le poursuit à grandes enjambées sur tous les coins et recoins du vaste hôtel de Téranga Saly.
Les tuiles ne cessent de tomber sur la tête de «Soul». Mansour Wade balance une énième pierre : «Il est terrible Diawara, il n’épargne personne.» Comme pour donner raison au préparateur des gardiens, Diawara arrache l’appareil d’un photographe pour venir mitrailler son coach Laye Sarr en train d’accorder un entretien à la Télévision nationale. «Je sais que c’est Soul qui ose faire ce genre de chose. Il est terrible», constate, hilare, le sélectionneur national.
La concurrence de Diatta. L’imposant défenseur central de Sochaux est incorrigible. «Un vrai déconneur», se marre Henri Camara, qui pense aussi que Diouf doit aussi être rangé dans la même catégorie : «El Hadji aussi est un vrai animateur. D’ailleurs, quand il n’est pas là, on le sent au niveau de l’ambiance.»
D’accord, mais au dernier hit-parade, c’est Diawara qui frise le plébiscite. Ciblé par tous ses partenaires de la «tanière», l’homme aux gants noirs rejette pourtant l’étiquette de numéro un : «Non, je refuse, c’est Lamine Diatta, le grand chambreur. Je suis sûr que c’est Amara qui vous l’a dit, mais il ne perd rien pour attendre, je vais lui faire sa fête, celui-là.»
«Mais pour être plus sérieux, poursuit-il, il faut savoir que les Sénégalais aiment bien rigoler. C’est pour ça je suis toujours ravi de venir en sélection pour retrouver cette ambiance que je n’ai pas en France. C’est une ambiance vraiment spéciale que j’aime, que l’on ne retrouve qu’en sélection. Mais disons que dans le groupe, on est tous des chambreurs. Et cela confirme la bonne ambiance, la bonne humeur, c’est mieux de rigoler que d’être triste, c’est tellement rare qu’on se voit, et quand on se voit, on est tous contents. C’est normal.»
Henri-Bouba, frères de rang. L’autre turbulent, petit par la taille, mais grand par ses «clowneries», c’est Frédéric Mendy. Le répertoire de «Kirikou» (son surnom) est aussi varié que celui de Diawara. Ses vannes aussi cinglantes. Le Stéphanois n’hésite jamais à jouer sa partition à sa manière. Histoire de titiller les «timides» de la «tanière», comme, entre autres, Souleymane Camara et Boukhary Dramé, sans oublier les deux «sages», Omar Daf et Amdy Faye, qui partagent la même chambre. A l’image des «inséparables» Henri Camara et Pape Bouba Diop.
Leur forte complicité est un des faits les plus marquants de la vie de la «tanière». Témoignage délicieux du «Lapin-flingueur» : «Avec Bouba Diop, c’est depuis le Jaraaf. Quand on jouait en petites catégories, il était le numéro 10 qui me faisait la passe. Et c’est de là qu’a commencé cette entente. Après le Jaraaf, c’est la Suisse et la France. Aujourd’hui on s’est retrouvés en Angleterre. C’est le destin, on est devenus inséparables. Bouba et moi, on est plus que des amis, on est des frères.» Un membre de l’encadrement, épaté par autant de liant entre les deux amis, corrobore : «Ils viennent ensemble, toujours à la même heure, s’assoient toujours côte à côte et ne se quittent jamais.» En vrais «siamois du jeu».
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