Aujourd’hui, les yeux seront rivés à l’Arenza Stadium de Munich, où l’Allemagne, le pays organisateur, affronte en match d’ouverture le Costa-Rica. En 2002, un Lion, Henri Camara, a connu la sensation de l’événement sur le banc du Sénégal. Quatre ans plus tard, il se souvient dans les moindres détails de la préparation. De l’enjeu. Des ficelles pour évacuer la pression et de ses coups de fil la veille du match d’ouverture. L’actuel attaquant de Wigan (Premier League) nous replonge dans l’ambiance de la «tanière» non sans nostalgie.
MATCH D’OUVERTURE : «C’était un privilège de jouer ce match»
«Le match d’ouverture est une rencontre qui est attendue par toute la planète entière. C’est un match qui mérite une préparation spéciale, parce ce n’est pas donné à tout le monde de jouer ce match, c’est vraiment un privilège que de jouer un match d’ouverture de la Coupe du monde. Les deux équipes viennent pour gagner ce match et puis frapper un grand coup par rapport à ses adversaires. En 2002, lorsque nous avons débarqué à Séoul, nous nous étions dits qu’il était hors de question que nous venions pour faire du tourisme. Et puis, personne ne nous connaissait, il nous fallait faire une bonne entrée pour frapper les esprits.»
ENJEU : «Tout le monde était confiant dans le groupe»
«C’est vrai que l’enjeu de jouer, le match d’ouverture contre la France nous avait tétanisé. Car c’était notre premier match et quand les gens se sont mis à dire que la France allait nous écraser, certains se mettaient à pronostiquer 5-0 ou 3-0 en faveur de la France. Mais, personnellement, la manière dont nous faisions nos séances d’entraînement pour préparer la rencontre mettait tout le monde en confiance. Il y a eu un moment où nous étions en discussion dans notre chambre, Pape Bouba Diop, Pape Thiaw et moi, je leur ai dit que c’est comme s’il y avait une force invisible qui nous protégeait. Et il était facile de sentir cela en côtoyant les joueurs. C’était bien, avant un match, de se dire que je vais marquer, je vais faire telle chose. Seul un joueur en confiance peut être dans cet état d’esprit. Physiquement et mentalement, l’équipe était au point et c’est ce qui a fait la différence lors de ce match contre la France (1-0).»
ASTUCES de DECOMPRESSION : «Il n’y aura plus la même ambiance dans l’équipe»
«En fait, la meilleure manière de décompresser que nous avions trouvé, c’était de blaguer, de bien chahuter. En fait, nous avions choisi de nous faire plaisir et c’était vraiment super. Car, l’ambiance qu’il y avait dans cette équipe, je ne crois pas qu’il y en aura, tout le monde était bien dans sa peau.» NOUVELLES DU PAYS : «Nous étions en contact avec nos familles»
«Pour un joueur, il est bon à la veille de chaque match d’appeler sa famille. En tout cas, je ne peux pas m’en passer. Et je n’étais pas le seul à le faire. Quand nous étions à Séoul, presque tous les joueurs étaient en contact avec leur famille. Je pense que c’est une bonne chose, parler avec sa famille, recevoir les bénédictions de sa maman, c’est bien. Souvent les discussions tournaient autour de l’état de notre forme, il leur arrivait de prier pour nous. Les gens nous disaient en général : «Ne craignez rien, nous sommes derrière vous, ne craignez rien, vous êtes avant tout des hommes, montrez aux Français que vous êtes des guerriers.» Cela m’avait beaucoup marqué. Et puis la France ne nous prenait pas au sérieux, ils se disaient qu’ils allaient vite faire le boulot devant le Sénégal et penser aux choses sérieuses. Mais par la suite, ils ont bien regretté leur attitude.»
VEILLE DU MATCH : «C’était difficile de trouver le sommeil»
(Eclat de rires. Puis Henri respire un grand coup) : «C’était difficile de se coucher et avoir le sommeil facilement. Ce n’était pas évident. Les joueurs étaient pressés d’être au jour J et de disputer le match. Ce qui fait que trouver le sommeil la veille du match, c’était difficile. Après, quand le match est passé, tout le monde s’était lâché et notre confiance avait redoublé d’intensité et personne ne pouvait nous arrêter.»
ENTREE SUR LE TERRAIN : «Les joueurs avaient les cheveux dressés»
«Quand tu entres sur le terrain déjà, tous les joueurs ont les cheveux dressés, c’était une autre histoire. Ces choses-là n’arrivent qu’une seule fois dans la vie. Un match contre la France, il fut des temps, c’était impensable. A plus forte raison maintenant quand c’est un match d’ouverture de la Coupe du monde. Dès l’entrée sur le terrain et que tu vois tous ces gens dans les gradins, mais forcément tu as des frissons.»
HYMNE NATIONAL : «Dès l’exécution des hymnes, j’avais senti l’équipe»
«C’est justement au moment de l’exécution des hymnes nationaux que j’avais senti l’équipe. Sur le banc, j’avais dit à un coéquipier : «Boy, la France aura aujourd’hui de séreux problèmes» (Rires). Ce jour-là, nous étions comme des Lions, les gars étaient sur une autre planète.»
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