Thiek, école de lutte Pape Diop : « Je viens cette saison pour confirmer »

Pensionnaire de l’école de lutte Pape Diop, Thiek affiche ses ambitions pour la saison de lutte 2012/2013. Le lutteur, trouvé dans sa demeure sis à la cité ASECNA de Yeumbeul, s’est ouvert à nous pour nous faire un bilan de sa carrière, les enseignements qu’il a tirés de la saison écoulée et les objectifs qu’il s’est fixé avec son écurie en vue de la saison à venir.

Comment êtes-vous entrez dans la lutte ?

Thiek est  un jeune garçon lébou, J’ai fait les bancs mais j’ai arrêté très tôt les études. Je n’étais pas trop doué à l’école. J’adorais aller à la plage. Enfant, on avait l’habitude de m’appeler Gora Ndoye, c’était un surnom lébou, que m’avait donné mes amis et voisins de Guédiawaye où j’ai passé toute mon enfance. Mon vrai nom est Seybatou Boye, le surnom de Thiek vient du basketteur américain Check Oneil. J’ai été apprenti menuisier. J’ai duré dans ce métier,  c’est par la suite que j’ai été initié au basket. Je jouais régulièrement dans l’équipe du (GBC) à Guédiawaye. C’est en 2003 que j’ai fait mes premiers pas dans la lutte avec frappe, lors du combat Balla Bèye contre Yekini. Ce jour-là, j’ai lutté contre Ngatam Ba  que j’ai battu lors des combats préliminaires. Ensuite, j’ai eu à lutter avec Ibrahima Bâ,  Ablaye Gueye de Fass, Khadim Ndiaye 2,  Cheikhou Diene, Zâle Lo, Baye Mandione, et je les ai  tous battus. Bombardier et Tapha Tine m’ont infligé mes premières défaites dans l’arène.

Quel bilan pouvez-vous faire de la saison écoulée ?

Avant mes défaites contre Tapha Tine et Bombardier, je suis resté 5 ans invaincus. Cela m’a permis d’observer un recul. J’ai senti qu’il y avait un besoin de revoir mon statut avec l’ensemble de mon staff. Ceux qui m’avaient battu, n’étaient pas plus forts que moi. Conscient de cela, il fallait  tirer les leçons de ces défaites. Ainsi, j’ai beaucoup  travaillé pour pouvoir  relever le défi. Les membres du staff de mon écurie (l’école de lutte Pape Diop) Baou Wade le président Laye Diop, Aziz, Abdou Ndiaye,  m’ont beaucoup soutenu pour que je puisse progresser et avoir le rang que je mérite au niveau de l’arène. On a livré 5 combats avec zéro défaite. On a été vainqueurs sur tous les combats que nous avons disputés. Nous en rendons grâce à Dieu. J’ai pris le dessus sur Soulèye Top et, Ngagne Diagne a remporté son duel.  En outre, le lutteur Paco Jackson numéro 2 a eu deux victoires, non sans signaler aussi le succès de Boubou Ndione qui a lui aussi, gagné son combat. Donc, dans l’ensemble, notre école de lutte a réalisé un parcours satisfaisant lors de cette saison.

Donc vous êtes membre de l’école de lutte Pape Diop ?

C’est en 2012 que je me suis retrouvé à l’école de lutte Pape Diop, mais quand je recevais mon avance lors de mon  combat face à Souleye Top, j’étais à l’écurie Pikine Mbollo. Bref, les deux écuries c’est la même famille. Quand j’étais à Pikine Mbollo, je fréquentais les mêmes personnes que quand je me suis retrouvé à l’école de lutte Pape Diop. Ceux qui ont créé l’école de lutte Pape Diop sont des amis, on s’entrainait ensemble la plupart du temps. Il était évident que je les rejoigne étant tous des enfants de Pikine. Cela n’a aucun impact négatif sur mes relations avec mes anciens pensionnaires de Pikine Mbollo. Actuellement, je suis le chef de file de l’école de lutte Pape Diop. Il y a Ngagne Diagne Thiek Junior, Garmi, Boubou Dione, Baye Mame et tant d’autres que le public ne connaisse pas assez.

Comment se déroule actuellement vos séances d’entrainement ?

Notre école de lutte n’a ouvert ses portes que récemment. Mais, néanmoins, tout au long de la trêve, nous avons maintenu les séances d’entrainements malgré qu’elles ne fussent pas si intenses. Surtout lors de la période du ramadan où on était obligés de réduire les séances. On travaillait beaucoup plus le maintien. On se rassemblait, en général, à la plage et on travaillait surtout  les contacts. Le soir, on se constituait en groupe pour travailler les techniques de lutte. Mais, comme je vous l’ai dit, avec l’ouverture des séances d’entrainement, le vrai travail va commencer avec la musculation en salle et les entrainements seront plus intenses.

Quelle appréciation faites-vous de la décision des promoteurs de fixer les cachets à 75 millions ?

Je crois que la polémique autour de ce sujet pouvait être évitée. On n’oblige personne à accepter des cachets dérisoires. Les promoteurs ont leur raison de fixer la barre à 75 millions, les lutteurs aussi ont leur raison d’accepter cette décision ou de la rejeter. Les promoteurs prennent en compte l’apport des sponsors pour ficeler les combats. Ces derniers jouent un rôle important dans le milieu de la lutte. Donc, il est normal qu’ils revoient leur position par rapport aux cachets proposés aux lutteurs. Concernant les lutteurs, il y a différents catégories et, c’est à ce niveau qu’il faudrait réfléchir sur la question. Il faut que les lutteurs mettent du sérieux dans ce qu’ils font. Les sabotages et les combats sans verdicts obligent les promoteurs à revoir leur position, c’est normal. Il y a trop de lutteurs qui ne font que du show. Le montant des cachets dépend des lutteurs choisis par le promoteur et le cachet qu’il leur propose. 

Que répondez-vous à Less2 qui vous a lancé un défi ?

Ce n’est pas Less 2 seulement qui souhaite avoir un combat avec Thiek. Il y a d’autres lutteurs aussi. Je suis un lutteur, c’est mon métier et je n’exclus personne pour l’affronter. C’est cela qui nous donne de l’argent. Donc je ne peux pas me permettre de minimiser qui que ce soit dans l’arène. Less 2 a ses raisons de vouloir un combat contre Thiek, je ne peux pas lui en empêcher. Ce que j’ai à dire concerne tous les lutteurs. J’ai un staff qui se charge de signer mes contrats et je suis prêt pour tous les lutteurs si mon staff est d’accord je le suis aussi il n’y a aucun problème à ce niveau. Mes futurs adversaires peuvent avoir des soucis à se faire,  Thiek est beaucoup plus fort aujourd’hui qu’avant.

Y a-t-il un combat imminent de Thiek à l’ouverture de la saison ?

Je n’ai pas le droit de me prononcer sur les combats en vue, c’est le travail du staff. Je ne veux pas qu’il y ait des rumeurs qui peuvent semer la discorde. Les promoteurs démarchent et c’est le staff comme je vous l’ai souligné précédemment mon manager s’occupe de ces contrats. Je m’entraine pour être au top dès que j’ai l’avale de mon staff, je suis prêt à en découdre avec le premier venu.

Avez-vous un mot à dire par à rapport à l’affaire du CNG ?

En toute franchise  je me vois mal aborder le sujet concernant le CNG. Je suis mal placé pour me prononcer à ce sujet. Personnellement, je n’ai jamais fait quelque chose pour que le CNG me sanctionne sévèrement. Le CNG n’a amputé que 20 000 frs sur mon cachet. C’était la première fois d’ailleurs par la suite je n’ai jamais eu à faire l’objet de sanctions de la part du CNG. Je respecte à la lettre les consignes de mon staff concernant les règles établies par le CNG. Les promoteurs et le CNG, c’est toujours la famille de la lutte, ils peuvent trouver des accords sur les points de divergence.

Quelle appréciation faites-vous de la sanction infligée à Boy Niang ?

L’erreur est humaine, Boy Niang est un jeune lutteur qu’on ne passe pour être violent. Il est surtout célèbre pour ses performances dans l’arène. Ce qui s’est passé n’est pas souhaitable, le CNG a sévi et on lui demande de réduire la peine de 5 ans, sinon ce serait une façon de réduire  à néant la carrière de ce jeune garçon. Nous lançons un appel à Alioune Sarr. On ne peut que demander la clémence et on espère qu’il y aura des améliorations sur ce dossier.

Quelle contribution voulez vous apporter pour améliorer le milieu de la lutte ?

Mon souhait est que le prix de l’écurie la plus disciplinée et les supporters les plus fair-play soient octroyés chaque année à la fin de la saison. Les lutteurs doivent être conscients de cela. Ils ne doivent pas accepter que des faiseurs de troubles s’immiscent dans leurs activités. Ce serait bien dans le bon esprit de ce sport, qu’on initie des actions de ce genre. Cela va contribuer à sensibiliser les écuries sur l’importance de la non-violence dans l’arène.

Cette culture de la non-violence ne doit –il pas commencer entre vous lutteurs ?

Nous avons de bons rapports entre lutteurs. Je crois que le problème ne se situe pas au niveau des lutteurs. Ce sont des gens comme vous et moi et ils n’ont aucun intérêt à inciter les gens à la violence. En ce qui me concerne, malgré que nous soyons tous des adversaires, cela n’empêche que nous nous respectons mutuellement et il n’y a aucun problème particulier entre nous. Je côtoie des lutteurs régulièrement et nous nous saluons à chaque fois qu’on se croise. Il n’y a pas de soucis à ce niveau.

Vous êtes un lutteur attentiste qui n’est pas agressif de l’avis de certains, qu’en pensez-vous ?

Quand tu es un sportif et que tu traverses une mauvaise passe, les gens ont tendance à dire du n’importe quoi. Je suis passif et trop poli selon les dires mais devant mon adversaire, je ne recule jamais. Je donne tout ce que j’ai. Cependant cela ne peut être qu’une source de motivation supplémentaire pour moi. Mais depuis ma dernière sortie, les amateurs ont vu un Thiek plus incisif. J’ai opté pour toutes les tactiques, de la bagarre à la lutte. Quand je suis revenu d’Angleterre, c’est ça que j’ai dis aux fans et aux journalistes « Thiek is back ». C’est le message que je lance à mes adversaires.

A part la lutte, avez-vous d’autres activités ?

 Au-delà de la lutte, je fais du business légalement et de façon honnête. Je n’espère pas passer toute ma vie dans l’arène. Avant d’être lutteur, j’avais d’autres occupations. Je faisais mes propres affaires et je m’en sortais bien, Dieu merci. En plus la carrière d’un lutteur n’est pas longue. Il faut être conscient de ce facteur là. Nous lutteurs, on n’a pas d’assurance vie, notre  retraite il faut la prévoir et ne pas tout miser dans la lutte.  On a vu des anciennes gloires qui ont vu beaucoup d’argent défiler devant leurs yeux dans leur carrière à la fin ils se sont retrouvés avec zéro francs. Les lutteurs doivent investir être plus responsables pour pouvoir gérer leur argent convenablement, aider leurs familles leurs proches faire du business, ainsi on participe au développement de notre pays.

Avez-vous des nouvelles d’El Hadj Diouf ?

On se parle régulièrement. El Hadj c’est un type bien, c’est mon ami, c’est grâce à Dieu si on s’est connus et à chaque fois qu’il me sollicite, je réponds présent. Il faut être reconnaissant envers les personnes qui ont beaucoup fait pour vous. El Hadj Diouf en fait partie. Il a trop investi dans ma carrière. Il a  beaucoup participé financièrement et moralement. Jusqu’à présent, à chaque fois que je le sollicite, il répond présent. D’ailleurs, j’ai des frères qui travaillent pour lui en ce moment. Mais à chaque fois qu’il vient au Sénégal, dès que possible, on se voit même si les séances d’entrainement prennent tout mon temps. El Hadj et moi ça ne date pas d’aujourd’hui. Je répondrai toujours à ses sollicitations, s’il plait au bon Dieu.

Êtes-vous marié ?

Oui depuis 2007. Je suis père de famille et j’ai des responsabilités. Là je me trouve actuellement dans notre maison que je partage avec mes frères. Je rends grâce à Dieu, nous parvenons à subvenir à nos besoins grâce à la lutte.

YOUSSOUF BH SANE (STAGIAIRE)

Le Pays au Quotidien