Des jeunes, munis d’une charrette s’affairent devant l’entrée de la «défunte» Fédération sénégalaise de football (Fsf). Il est 10h 40. Ils balaient, ramassent, enlèvent les débris de verre qui jonchent tout autour de le devanture du siège. Quarantaine huit heures après, les traces sont toujours visibles. On doit tout remettre au propre avant l’arrivée du ministre des Sports et des Loisirs, Bacar Dia, qui va finalement débarquer à 11 heures. Pour constater les dégâts.
Juste à côté de l’entrée principale, le reste du bus qui transporte souvent les sélections nationales de la petite catégorie, complètement calciné. Il ne reste plus rien du car qui embellissait la devanture de la l’instance dirigeante du football. A l’intérieur, quelques employés devisent dans le hall. Le sujet est le même : le saccage de l’immeuble, le jour du match. Le moral est à zéro. On a frôlé le pire. Rien que des dégâts matériels. Aucune perte en vie humaine. Mais il y a des machines volées, aux autres objets personnels, tout y passe.
Avec le vent qui gagne les lieux, faute de fenêtres, quelques feuilles s’échappent d’un des bureaux situés au rez-de-chaussée. Une dame du service de nettoyage se précipite au dehors pour les récupérer. Au rez-de-chaussée, les vitres n’ont pas résisté. Idem pour les deux autres étages. Même le bureau du président de la Fédé a été touché par les jeunes en colère.
PLUS DE 20 MILLIONS DE DEGATS A LA FEDE
Pourtant, au moment des faits, il y avait le gardien et quelques membres du Comité de normalisation et des éléments du service d’ordre, arrivés sur place quelques minutes plutôt, pour tirer le bilan financier du match Sénégal-Gambie (1-1). Des recettes estimées à près de 80 millions. Mais ces derniers n’ont rien pu faire. Sinon, constater les dégâts. En attendant de faire l’évaluation avec l’huissier, les dégâts sont estimés à près de vingtaine de millions de francs Cfa.
Même constat au stade Léopold Sédar Senghor. Sinon pire. Normal. Tout a commencé là-bas. Surtout du côté de la tribune découverte. L’extérieure présente un visage désolant. Tout a été mis à sac. Les vitres n’ont pas résisté face aux pierres que lançaient les jeunes. Des vitres dont l’une coûtent «entre 40 et 80 000 francs Cfa, sur un total de 114», informe le directeur du stade, Abdoulaye Dione. Le constat est vite fait. Les réparations vont avoisiner les coups de millions de francs Cfa. Même la salle de Tennis située à quelques mètres de la salle de conférence de presse n’a pas été épargnée. Il en est de même pour le centre d’accueil de Senghor.
«Vous savez, tout cela, c’est un message que la jeunesse nous a lancée. C’est un signal que nous devons décrypter», souffle le ministre des Sports, visiblement très touché par l’ampleur des dégâts. Reconstruit et achevé la veille du match, rien n’est resté du guichet ouest du stade Léopold Sédar Senghor. «Il n’y a plus rien», se désole le directeur du stade, au bord des larmes. Les yeux rouges, la voix en demi-teinte, l’ancien chargé de communication du ministère des Sports fait part de sa désolation. «Ils ont tout saccagé. Il ne reste plus rien», insiste Abdoulaye Ndione. Touché par les propos du patron des lieux, le ministre écourte la visite. «C’est bon. Privez-moi de ce calvaire», implore Bacar Dia. La visite n’aura duré qu’une dizaine de minutes. Il n’y avait d’ailleurs plus besoin de continuer.
A chaque endroit le constat est le même. «C’est un sentiment de mécontentement, une frustration, une colère», dira Bacar Dia qui dit «comprendre» la réaction des jeunes. Même si, «il faudra sensibiliser davantage la population pour leur faire comprendre que lorsque des vitres sont cassées, des voitures calcinées, c’est aussi avec l’argent du contribuable qu’on va les réparer». Face aux journalistes, le patron des Sports promet de «faire face à tout cela pour que le sentiment de colère ne puisse pas s’exprimer sous une forme de violence qui endommage des édifices et des biens publics».
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