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Facebook Files : le Sénat salue "la démarche courageuse" de la lanceuse d'alerte Frances Haugen

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Facebook Files : le Sénat salue "la démarche courageuse" de la lanceuse d'alerte Frances Haugen
Ses accablants Facebook Files parlent d'eux-mêmes. Mais Frances Haugen s'assure en personne que le message, à savoir que Facebook peut être dangereux pour la démocratie et doit être urgemment régulé, n'échappe pas aux yeux et aux oreilles des dirigeants de ce monde. Après son témoignage devant le Congrès américain en octobre, puis plus récemment devant les parlements britannique et européen, l'ex-employée du réseau social, à l'origine de la fuite des milliers de documents internes et confidentiels à la compagnie, était reçue par les législateurs français ce mercredi. La Commission des Lois et des Affaires économiques de l'Assemblée nationale a d'abord entendu l'ingénieure âgée de 35 ans dans la matinée. Tandis que le Sénat prenait la relève dans l'après-midi.  

Laurent Lafon, sénateur centriste du Val-de-Marne et président de la commission de la Culture et de l'Education de la chambre haute, revient pour L'Express sur plus d'une heure d'audition, salutaire pour comprendre certaines dérives de la plateforme dirigée par Mark Zuckerberg, longtemps suspectées, mais aujourd'hui confirmées. L'élu évoque également les suites à donner à cette rencontre.

Laurent Lafon : Je pense que nous avons assisté à un témoignage important et précis qui a corroboré un certain nombre d'intuitions sur les dysfonctionnements dont souffre Facebook. Jusqu'ici, nous ne pouvions les prouver en raison de l'opacité, de l'absence totale de données fournies par Facebook. Nous saluons donc la démarche courageuse de Frances Haugen. Elle prend des risques, c'est évident. Et, au fond, il est également important qu'elle trouve des appuis, des confirmations du bien-fondé de sa démarche à travers des auditions comme celle menée aujourd'hui à l'Assemblée nationale puis au Sénat. De son côté, sa précision dans les dates des différents audits cités, les chiffres mentionnés sur les défaillances chez Facebook, lui confère une certaine crédibilité. Elle est en mesure de justifier toutes ses critiques.

Concrètement, avez-vous appris quelque chose sur le fonctionnement général de Facebook ?

Il s'agissait de la troisième tribune qui lui était donnée en 48h [après le Parlement européen, l'Assemblée nationale, NDLR], il y avait nécessairement le risque d'une certaine redite. Nous avons toutefois essayé de poser des questions encore plus précises pour ne pas rester sur un simple constat d'ensemble. Je pense notamment au sujet des modérateurs. Frances Haugen nous a confirmé que la grande majorité est chargée de surveiller les propos en langue anglaise, au détriment des autres, dont la langue française. Il y a pire : Facebook n'a aucun modérateur en langue hindie, ce qui est plutôt inquiétant connaissant les phénomènes de violence en Inde, où elle est parlée.

Par ailleurs, si je n'ignorais pas que Facebook a recours à des sociétés privées pour sa modération, je ne savais pas qu'un certain nombre d'entre eux opèrent depuis l'autre bout du monde, en Indonésie. Cela prouve, une fois de plus, comment les enjeux économiques et les profits dominent sur tous les autres dans l'esprit de Facebook.

Enfin, ses propos au sujet de la désinformation m'ont interpellé. Facebook a bien identifié trois types de personnes qui y sont particulièrement vulnérables sur la plateforme : les veufs, les divorcés, et les personnes qui venaient de déménager, car elles sont plus isolées socialement. Ces personnes peuvent être complètement "happées" par le réseau social a-t-elle dit. C'est fort. Il y a un vrai ciblage, là encore, très précis. Prenons l'exemple de la désinformation liée au Covid-19 : seulement 4% des personnes reçoivent 80% de ces contenus, nous livre Frances Haugen.

Est-ce que l'on ne se sent pas, malgré tout, quelque peu impuissant face au mastodonte qu'est aujourd'hui Facebook ? Après tout, ce n'est pas le premier scandale que traverse la société. Ni la première fois que le mot "régulation est prononcé" à son sujet.

Je ne parlerais pas d'impuissance. Il y a, au contraire, une vraie prise de conscience. On imaginait encore, il y a quelques années, que les mauvaises publicités résultantes d'affaires, de scandales, à l'image de Cambridge Analytica, pénaliseraient Facebook financièrement, et que la compagnie reculerait. Mais la réalité est tout autre. Puis, nous avons désormais évacué cette idée qu'il puisse y avoir une autorégulation de la part de Facebook. C'est une illusion. L'heure est à la réglementation, à la loi, à la sanction, aussi, qui soit proportionnée à la dimension financière de ces entreprises. L'attention monte donc d'un cran. J'ai évoqué précédemment la question du nombre de modérateurs en langue française. Nous avions déjà reçu Facebook, au Sénat, qui nous avait dit, en quelque sorte, avec une forme d'arrogance : nous ne vous donnerons pas cette information. Quand une entreprise répond de cette manière à des législateurs, aux autorités qui disposent d'un pouvoir légitime, il ne faut pas les laisser penser que ça s'arrêtera là.

Quelles suites allez-vous donner à cette audition ?  

A court terme, cette discussion avec Frances Haugen va nourrir le travail que nous réalisons déjà sur le Digital Services Act (DSA), discuté au sein de l'Union européenne. Le calendrier est fixé, nous travaillons sur la transcription de cette législation en droit français. Mais j'aimerais également nouer quelques contacts avec des sénateurs américains. Nous avons tout intérêt à établir un lien. La France et l'Europe semblent les plus claires dans leurs démarches pour l'instant vis-à-vis des grandes plateformes. On aimerait mieux comprendre ce que peuvent faire les législateurs américains, aussi, de leur côté.

Personnellement, votre regard sur Facebook a-t-il changé après cette rencontre ?

Non, et c'est tout le paradoxe. Son image ne s'est pas améliorée, c'est certain, mais il y a une forme de risque que nous acceptons tous quand nous utilisons Facebook. Et même si l'on est mieux informé, même si l'on agit avec plus de prudence concernant nos données personnelles, nos photos, nos messages, nous continuons de l'utiliser quand même tous les jours. Son nombre d'utilisateurs, s'il reste difficile à déterminer, ne semble pas diminuer. Je retiens donc qu'il y a aussi une forme de responsabilité individuelle à éclaircir sur le phénomène Facebook. 



1 Commentaires

  1. Auteur

    En Mars, 2023 (11:36 AM)
    B­o­­n­­­j­­­o­­­u­­r, j­­e m'a­­­p­p­­­e­lle Alisa, j'ai 21 a­ns) Dé­bu­t du mo­­­dè­le S­E­­­X­­­E 18+) J'a­­­ime êt­re pho­­to­­grap­­hi­­ée n­­­u­­e) Veuil­­­lez no­­­ter me­­­s phot­os à l'adr­esse su­i­­­va­nte -- W­­­W­­W­­.­X­­2­1.­F­­­U­N
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