D’anciens fléaux de santé publique ravagent toujours, dans le silence, des milliers de personnes, principalement dans les pays en développement. C’est le cas du choléra et des autres maladies diarrhéiques en Afrique. Plusieurs acteurs impliqués dans la lutte contre ces pathologies appellent à adopter une stratégie multisectorielle pilotée par des responsables africains et s’appuyant sur l’accès à l’eau et à l’assainissement pour éliminer de façon durable le choléra et mieux contrôler l’ensemble des maladies hydriques.
L’appel de Dakar a été lancé ce vendredi à l’institut Pasteur. La première poussée des cas de choléra en Afrique a coïncidé avec les crises pétrolière, socio-économique et climatique des années 1970. Ce sont aussi les années de graves crises politico-militaires, comme la crise du Biafra. Au total à la fin de 1971, 25 pays d’Afrique avaient notifié à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) un total de 72 415 cas et 11 389 décès. Chaque année, le choléra touche 1,3 à 4 millions de personnes à travers le monde, causant entre 21 000 et 143 000 décès rapportés dans près de 70 pays, dont la plupart se trouvent en Afrique subsaharienne.
Ces chiffres, apparemment élevés, sont pourtant largement sous-estimés. D’après l’OMS, les cas de choléra, officiellement répertoriés, ne représentent que 5 à 10 % des cas réels. «Nous appelons l’Union Africaine et sa branche sanitaire, le CDC-Afrique, dont le leadership a été mis en exergue dans le combat contre le coronavirus, à prendre la gouvernance de cette mobilisation. Dans la lutte contre la pandémie à coronavirus, l’Union Africaine s’est donnée avec succès les moyens de mobiliser partenaires techniques et financiers et d’accompagner les pays. C’est cette capacité de mobilisation des partenaires et d’accompagnement des pays qui est espérée pour d’autres causes de santé publique comme l’élimination du choléra et le contrôle des maladies diarrhéiques”, a souligné Thierry Vandevelde, Délégué général de la fondation Veolia.
Corrélation entre eau, assainissement et santé publique
Dans la même dynamique, le Directeur de l’Institut Pasteur, Alpha Amadou Sall, explique que « la question de l'eau, de l'assainissement et de la santé vont ensemble. La qualité de l'eau peut être source de soucis sanitaires et un bon assainissement permet d'avoir une bonne eau ». Le Dr Sall précise que “le projet entre dans la mission de l'institut qui est la recherche prise en charge par l'innovation pour trouver des solutions”. “En effet, le choléra est un problème de santé publique et dans ce domaine tout ce qui touche à l'eau est important à surveiller” souligne-t-il. À l’en croire, le choléra pose, depuis cinq ans, un certain nombre de problèmes en Afrique. Au moins 143 000 morts sont enregistrées dans 70 pays. Il s'agit pour les acteurs réunis lors de cet appel de Dakar d de trouver les solutions et s'inspirer de ce qui se fait de mieux dans d'autres pays pour une solution définitive.
Quant au docteur Didier Bompangue Nkoko, il a insisté sur l’urgence de l’heure pour endiguer les ravages du choléra : « pourquoi lancer un tel appel ? Pourquoi faut-il encore prendre ce genre d’initiatives ? Est-ce que ça n’a pas été déjà fait par le passé ? Si ceci a été jugé nécessaire, c’est simplement parce que l’évolution de la situation et la réalité du terrain nous interpellent tous aujourd’hui », a relevé le Responsable du service d’écologie et de contrôle des maladies infectieuses à la Faculté de médecine de l’Université de Kinshasa. «Les réponses pour des solutions pérennes et durables sont possibles et il ne faut plus faire état de pseudo solutions. C'est avec l'eau, l'hygiène et la recherche que l'Europe et l'Amérique sont parvenues à éliminer le choléra. Le choléra n'est pas une fatalité et il est possible de faire de la maladie un mauvais souvenir », a-t-il ajouté.
Le choléra et les autres maladies diarrhéiques en Afrique sont liés en grande partie à la consommation d’eau impropre. L’accès à l’eau et l’assainissement peuvent être des solutions à l’éradication de ces maladies. L’ambassadeur du Nepad s’inscrit dans cette dynamique.« Il s’agit de favoriser une approche innovante basée sur la recherche sur l'eau, l'hygiène et l’assainissement. La mobilisation de financements et le renforcement des capacités des acteurs communautaires pour une lutte durable contre le choléra sont aussi des éléments importants », a préconisé Amadou Diallo.
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