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[Portrait prêcheur 4/5] Cheikh Tidiane Bitèye : Le promoteur !

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[Portrait prêcheur 4/5] Cheikh Tidiane Bitèye : Le promoteur !

Passionné du débat contradictoire, Cheikh Tidiane Bitèye se distingue des autres prêcheurs par ses émissions parfois assez tendues, d'abord sur Dunya fm, puis Rdv et Dtv.

Confortablement assis sur sa chaise, l'air très posé, l'homme dégage la sérénité. Rien ne semble déranger Cheikh Tidiane Bitèye, prêcheur du groupe Excaf Telecom. Et pourtant derrière cette apparence débonnaire se cache un véritable adepte du débat contradictoire.

À 60 ans, Bitèye est le chef du desk religion du groupe  de presse du regretté Ben Bass Diagne.  Il est le premier et presque toujours le seul à organiser des débats sur des questions islamiques. Contrairement aux autres émissions où une seule personne vient confortablement faire étalage de sa connaissance, sans contradiction, chez Bitèye, c'est comme chez un promoteur de lutte, il faut avoir de solides arguments avant d'accepter l'invitation.

L'animateur préfère deux invités aux opinions contraires. Sur son plateau, le débat est parfois houleux, la tension vive. Confrontation entre Sunnites et Chiites. Débat sur le croissant lunaire, le caractère religieux ou pas du gamou.

Autant de sujets qui déchainent souvent les passions. Au point que l'animateur lui-même est parfois pris dans son propre jeu. "Un jour, alors que j'organisais un débat entre Chiites et Sunnites, les premiers ont pris le dessus sur les seconds, je n'ai pas pu m'empêcher de prendre partie en faveur des Sunnites", se remémore Oustaz Bitèye dans un éclat de rire.

D'abord sur la radio Dunya, l'émission diffusée par la suite à Rdv et maintenant Dtv. Quant à l'animateur, il doit son amour pour les débats à un de ses enseignants qui aimait faire la comparaison entre le monde des Chiites et celui des Sunnites

Né à Mbiteyène, dans le département de Kaolack, Bitèye a fait ses humanités dans cette localité. Après son certificat d'étude en Arabe, il embrasse l'enseignement. Ce qui le mène à Dakar (Pikine) où il dispense des cours.

Egypte, le chemin de croix

Seulement, sa soif du savoir ne pouvait s'accommoder du peu qu'il avait à l'époque. Le désir d'approfondir ses connaissances le domine. Il décide alors de se rendre en Egypte.

Un rêve, pas du tout facile à réaliser pour un élève non boursier. "C'était un peu compliqué", reconnait-il. Mais qu'importe, le jeune Cheikh Tidiane va tenter l'aventure, par voie terrestre.

"C'est par le train express que j'ai rallié le Mali, puis le Burkina faso (Bobo Dioulasso, Ouagadougou), Togo  (Lomé), Nigéria  et j'ai fini par  rejoindre ma destination". Mais ce n'était que le début des difficultés. A peine débarqué, voilà qu'une mauvaise surprise l'accueille. L'administration de la ville  exige de lui des papiers attestant qu'il bénéficie d'une bourse. "Par chance, la fédération des étudiants m'a facilité la tâche avec l'appuie de l'ambassadeur".

En voilà une première bataille remportée, mais pas la guerre. En effet, la vie à l'étranger ne sera pas de tout repas. Les années passées au Caire sont  des moments difficiles dont il aime se souvenir, surtout devant les caprices de ses enfants.

"Je termine mes cours à 13h, je prends une voiture pour faire une longue distance  afin de rejoindre une pâtisserie où je fais de petits boulots d'étudiants  pour  gagner quelques sous. C'est  seulement à 21h que je retourne à la maison. Et je  n'avais qu'un seul repas par jour en plus  de supporter les  rigueurs du froid", se souvient-il avec un brin de fierté.

"Avec 500 francs, j'arrive à assurer ma dépense"

Dans ces conditions, inutile de rêver de "thiéré" (couscous) et "bakhalou Saloum", ses plats préférés. Forgé dans ce régime d'austérité, Bitèye a voulu perpétuer cette valeur auprès de ses descendants. "Je ne peux pas être détourné par l'argent, dixit-il, car avec 500 francs, j'arrive à assurer ma dépense quotidienne. Mes enfants sont habitués à ce mode de vie".

Après l'obtention du Bac, Bitèye intègre la faculté des Lettres de l'université Al-Hazar et  se spécialise en histoire.  Tout jeune, il aimait déjà la compagnie des personnes âgées, afin de mieux s'imprégner du passé.

Après une licence en histoire, il sent le besoin de rentrer au Sénégal. Mais un nouvel obstacle se dresse sur son chemin : le nouveau diplômé  n'a pas de quoi se payer un billet d'avion pour retourner au bercail.

Il  se rend en Arabie Saoudite, espérant y trouver du travail pour assurer son transport. Il sera pris par Rawane Mbaye dans la commission  du pèlerinage à la Mecque. "Le travail consistait à traduire la langue arabe pour les pèlerins. Je l'ai fait deux ans avant d'amasser la somme nécessaire  pour payer mon billet retour".

La rencontre avec Ben Bass

En 1994, Cheikh Tidiane Bitèye dépose ses balluchons au Sénégal. Mais son pays d'origine ne sera pas plus accueillant que celui des Pharaons. L'homme fait face au chômage. Inactif pendant une année, il finit par jeter son dévolu sur le groupe Excaf.

Sur les lieux, il demande à voir Ben Bass Diagne et se heurte au refus du vigile, parce que n'ayant pas de rendez-vous. Avec une ferme détermination, il se résout à faire le pied de grue. Sa patience ne tarde pas à payer.  "A son arrivée, je l'ai tout de suite reconnu de par son allure.  Il m'a demandé mes compétences, je lui ai résumé mon cv. Il m'a invité dans son bureau".

Après un bref tête-à-tête, le voilà mis en rapport avec un nommé Malick Sow, en charge des questions religieuses. Mais ce dernier le fait tourner en bourrique, avec plusieurs rendez-vous manqué. Sa patience en prend un sacré coup. "Lassé, j'ai décidé de rester chez moi".

Un promoteur qui déteste la lutte

Deux semaines plu tard, poussé par il ne sait quelle force surnaturelle, il décide de retourner au groupe Excaf pour s'enquérir de l'évolution de son dossier. Le vigile lui fait savoir qu'il a été appelé plusieurs fois sur le numéro fixe qu'il avait laissé, sans succès. Les portes d'Excaf s'ouvrent ainsi grandement devant lui. En effet, après quelques mois seulement, il se voit confier la gestion de l'école du groupe. "Ma relation avec Ben Bass était particulière, il suivait à la lettre mes conseils et recommandations", se souvient t-il.

Père de famille polygame, Cheikh Tidiane Bitèye aimait la lutte du temps de son enfance. Mais il n'avait pas l'occasion de descendre dans l'arène, puisque des séances de lutte, il n'y en avait pas dans sa localité". Aujourd'hui, la boule a complètement tourné.  "La lutte fait partie des activités que je déteste le plus", assume-t-il.

En fait, l'homme est maintenant dans une autre arène, celle religieuse. Il en devient même le principal promoteur, avec à son actifs, des combats épiques entre les partisans des confréries et le camp d'en face.



4 Commentaires

  1. Auteur

    En Juin, 2019 (19:41 PM)
    tres competent
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  2. Auteur

    En Juin, 2019 (20:05 PM)
    beau reportage
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    Auteur

    En Juin, 2019 (20:55 PM)
    Je l aime bien
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    Auteur

    Soundiata

    En Juin, 2019 (21:54 PM)
    Promoteur de l'obscurantisme
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