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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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[ Contribution ] Comment Karim pourrait accéder au pouvoir ? Le scénario fou !

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[ Contribution ] Comment Karim pourrait accéder au pouvoir ? Le scénario fou !

Le nouveau come-back de Idrissa Seck au sein de la famille libérale a beaucoup fait jaser et suscité de la part de la presse et des politologues une floraison de commentaires les uns aussi intéressants que les autres. Les commentaires faits dans la presse n’ont pas pour autant insinué le scénario fou que Abdoulaye Wade préparerait à l’opinion pour sa succession. Jusqu’ici, la peur de se voir reprocher du tripatouillage constitutionnel a forcé le président de la république à être moins absolu dans son idée de vouloir se faire remplacer par son fils.  

Les récentes vraies ou fausses retrouvailles avec son ancien premier ministre donnent l’impression naïve de chercher la reconstitution des fibres libérales assez profondément défaites avec la vague de démissions et de renvois orchestrés pour des raisons stratégiques et égoïstes. Dans ce nouveau rebondissement, disons ce nouvel imbroglio, il y a plus de clair-obscur que de lumière vive. Rien ne présage ou ne laisse apparaître les signes d’une réconciliation sincère. A preuve, à peine a-t-on fini de médiatiser le non-événement que des deux parties les chiens de garde s’agitent et se mettent à manifester leur désaccord, en rase campagne. Y a-t-il un profond désaccord ou simplement un désaccord de façade dans un objectif de bluff ? Mais qui bluffe qui vraiment ? 

Certains analystes présument que le président de « Rewmi » veut jouer toutes ses cartes de conquête du pouvoir, à l’intérieur du « Pds » et non hors de ce parti, et d’autres d’ajouter que le président Wade et Idrissa Seck sont compère et compagnon, donc inséparables. Et pourtant il existe un vrai danger pour Idrissa Seck d’asseoir sa démarche sur cette base ; car le vrai mobile du camp d’en face semble bien loin de cet alibi. Cette réconciliation de façade n’est que l’arbre qui cache la forêt des ambitions réelles du président Wade.  

Nous avons été servis de multiples supputations qui ont une hypothèse commune : le fils du président travaille à son accession à la magistrature suprême. Les récentes déclarations et manifestations de ses lieutenants confortent cette hypothèse. Seulement, toute l’opinion y compris son père de président sait que la tâche ne sera pas facile à entreprendre dans les circonstances de contestation et d’expression d’antipathie massive.  

Wade père a beau soutenir que cela n’a jamais été son ambition que de se faire succéder par son fils, pour autant il n’a jamais convaincu y compris dans son propre camp. Les derniers développements de l’actualité politique en disent plus clair. Les mouvements d’élagage qu’entreprend le président de la république au sein de « son parti » serviraient à quoi d’autre si ce n’est de baliser la voie pour son fils ! Il semble même s’asseoir sur notre bon sens en affirmant récemment depuis Addis Abeba sur RFI (sommet de l’Union africaine) ne pas promouvoir et n’avoir rien à dire sur les activités politiques de son fils. Toute la panoplie de projets repris à des ministères de tutelle et confiés au présumé « plus intelligent et plus diplômé des Sénégalais », s’inscrit dans une logique promotionnelle et propagandiste de ses qualités de pragmatique. « …Pas de fumée sans feu ». Le président veut absolument se faire remplacer par son fils ! Et la manière surprendra d’autant qu’elle sera incontestable ! Il y a des hypothèses et même des faits qui ne trompent pas dans cette mise en scène préparatoire. A quoi sert la récente visite à Touba, après l’investiture de Karim sur une liste proportionnelle pour convoiter la ville de Dakar à côté de Pape DIOP, l’actuel maire qui devrait s’effacer en sa faveur ?     

« Lorsque je quitterai le pouvoir, s’il m’appartient d’organiser la transmission du pouvoir, ce sera par des élections libres et démocratiques. Tout le monde pourra se présenter. J’espère que le prochain président qui me remplacera sera issu d’un vote populaire sans aucune contestation même avec les observateurs étrangers ». Ces récentes déclarations du chef de l’Etat sur RFI ne sont pas à ingurgiter même par le militant ou l’électeur de son propre camp. Combien de fois l’homme nous a-t-il tenu des propos pour finalement les traduire par tout leur contraire ? On n’en est pas à lui refuser la moindre touche de sincérité. Tant s’en faut ! C’est dire que même si à l’avenir Abdoulaye Wade changeait d’avis ou variait dans son raisonnement, on ne devrait lui en tenir rigueur ; d’autant que d’un point de vue communicationnel, ses déclarations seront toujours à considérer dans leur contexte de production ; car la parole politique par essence reste contextuelle. C’est plutôt les prochaines échéances locales qui vont considérablement influer sur la manière dont le président en fin de règne va organiser sa succession. Un scénario fou se prépare. Du moins il est très probable.  

Karim qui est bien placé sur une liste proportionnelle va certainement décrocher le poste de premier magistrat de la ville de Dakar, au détriment de Pape Diop qui a fini de s’accommoder du coup fourré. Ce nouveau galon politique du fils du président de la république sous la bannière de la « Génération du Concret » amènera les ouailles de Karim à s’autoproclamer nouvelle force politique, peut-être la deuxième après le PDS. C’est l’acte I.  

Sans doute, vont-elles en profiter pour alimenter un débat sur la nécessité d’une reconsidération du paysage politique, bien évidemment avec la complicité du président en fin de règne qui va saisir l’occasion pour provoquer des législatives anticipées. L’assemblée nationale passe à la trappe de la dissolution, à la faveur d’un putsch constitutionnel. S’il en faut ! Ou alors le président, pour une fois, joue la carte de la transparence et donc attend que les deux premières années de législature soient consommées, au plus tard en 2010, au motif d’une nouvelle configuration de la scène politique. C’est l’acte II. 

Comme dans l’acte premier, Karim dans une position très confortable s’aligne sur une liste de députation. On ne peut lui imaginer moins ! C’est dans la charnière du complot. Tel sur des patins à roulette, le futur successeur choisi de son père se fait élire député.

C’est l’acte III. 

Quand on sait comment et qui décide du choix et de la nomination de l’occupant du perchoir, il n’est point besoin de se faire mille et une idées sur l’identité du prochain président de l’assemblée nationale. Les pratiques coutumières du propriétaire de la « Maison Sopi » ne varieront pas d’un iota. Ses injonctions seront strictement observées. Et l’on ne peut s’imaginer que son choix soit porté sur un personnage autre que Karim Wade. C’est l’acte IV. 

Evidemment dans ses disposition actuelles, la constitution ne permet pas au président de l’assemblée nationale de suppléer directement le président de la république en cas de démission ou d’empêchement définitif. L’article 39, accorde cette prérogative au président du sénat. Par conséquent, pour parfaire le complot, il faudra absolument que le président de la république soumette un projet de loi constitutionnelle au référendum. Seulement, la voie référendaire, pour deux raisons, n’aura jamais les faveurs de sa Majesté. D’abord, elle va nécessiter des dépenses lourdes dans un contexte de crise financière nationale très profonde. Ensuite, elle n’a aucune chance de connaître une adhésion populaire. Que faudra-t-il alors faire, si de plus, l’article 52 de la constitution dispose que le président de la république, même en vertu de ses pouvoirs exceptionnels, ne peut procéder à une révision constitutionnelle dans ces circonstances ? La seule alternative, du reste anticonstitutionnelle, demeure le coup de l’arbitraire auquel on a été habitué durant le premier mandat. Il pourrait ainsi supprimer le sénat. Il l’a déjà procédé à pareil acte avec le défunt Craes. D’aucuns parleront de tripatouillage, mais sans tort, puisque c’est le terme exact. Le seul but étant d’obtenir que désormais la suppléance soit assurée par le président de l’assemblée nationale, en l’occurrence le patron de la « Génération du Concret », Karim Wade. C’est l’acte V. 

L’épilogue du scénario s’apparente quelque peu à la succession Senghor – Diouf, en décembre 1980. Senghor avait démissionné à deux ans du terme de son mandat pour introniser son dauphin par des arrangements politico-constitutionnels. Certes, les contextes différent, mais les manœuvres restent les mêmes, et l’actuel président n’en pense peut-être pas moins. Karim Wade pourrait bien se substituer à son père par ce biais et sans contestation. 

Daniel DIOUF

Consultant / Communication des organisations

Grenoble (France)

[email protected]  



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