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COMMENTAIRE - Le présent exilé

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COMMENTAIRE - Le présent exilé

« Mon message n’a pas pour objet de faire un bilan. Celui-ci est visible ». C’est la perspective dans laquelle s’est engagé le chef de l’Etat lors de son adresse à la nation, ainsi déclinera t-il ses différentes ambitions à quelques semaines de la fin de sa mandature. Un problème se pose toutefois : Comment se détacher du présent et prendre le large pour surfer sur des vagues génératrices d’avenir lorsqu’on sait que demain est fils d’aujourd’hui?

Assurément le présent nous interpelle et de vilaine manière. Au sortir des fêtes de tabaski et de fin d’année, Dakar offre un visage révulsant. Comment des dirigeants qui ne peuvent gérer leurs poubelles peuvent-ils convier à des lendemains qui chantent? Sale, humiliée, outragée, Dakar étale ses détritus dans ses rues et ruelles sans vergogne aucune. Et voilà qu’on nous la promet dans ses plus beaux atours avec des échangeurs de dernières générations , une corniche à nulle autre pareille. Sont-ce pour autant des investissements fondamentaux lorsqu’on connaît l’urgence qu’il y a à désengorger la capitale en lui créant d’autres sorties et entrées. Ce qui donne du reste un intérêt au projet d’autoroute à péage. Désencombrer Dakar c’est sûrement développer un système de transports en commun performant, une desserte maritime en direction de Rufisque et Mbour de même que proposer une vision globale qui comprend que la migration vers la capitale ne peut être stoppée que si émergent dans chaque région des pôles de développement. Comment donner à l’enfant de Thiès, de Fatick, de Ndioum, de Saraya, de Kolda, l’envie de rester dans son terroir si on ne lui offre que les rayons d’un soleil qui brûlent les énergies et assomment l’espérance? Mieux lorsque les villages de certaines contrées éloignées produisent dans les conditions que l’on sait , profitant d’un hivernage généreux, les fruits et les légumes de leurs labeurs pourrissent sur place faute de pouvoir être transformés et/ou transportés vers des marchés porteurs. Les pistes de productions y sont absentes , les routes y menant sont de véritables « gruyères » avec leurs nids de poule qui usent voitures et corps. Demandez aux transporteurs et aux passagers qui empruntent la route de Kaolack Tamba ou celle de Ziguinchor Kolda. En d’autres lieux des hommes et des femmes meurent en cours d’évacuation sanitaire parcequ’ils sont transportés sur des vélos ou des calèches qui crapahutent sur des chemins caillouteux.

Et puis comment rêver « Reva » quand on constate que des riziculteurs se battent dans la vallée et que les épis de riz éprouvent du mal à boucler leurs cycles de maturation parce que ravagés par des oiseaux granivores du fait des déficiences des services compétents de l’Etat qui n’ont pas su réagir à temps en dépit de l’alerte sonnée par des producteurs. Encore le règne du « debeul-debeul », du coup par coup révélateur d’une gestion informelle .

Et on nous parle de tourner le dos au présent et d’embrasser l’avenir avec le bio carburant. Mas aujourd’hui c’est la pénurie de gaz , d’essence. Nous avons pourtant du soleil quasiment toute l’année, qu’en faisons-nous? On feint d’oublier que le biocarburant pour être opérationnel a besoin de moteurs qui vont avec. On parle de demain . Mais aujourd’hui ce sont des enfants qui affrontent l’inconnu et la mort parce qu’ils ne voient d’avenir que dans l’exil parce que l’atmosphère locale est polluée par de grandes inégalités. Ils voient de rutilantes bagnoles fumées, gyrophares et sirènes déployés qui circulent dans les rues étalant avec insolence une richesse d’Etat qui oublie qu’elle doit être d’abord au service du quotidien des populations.
L’avenir auquel convie le discours présidentiel , bien qu’alléchant est piégé par un présent chahuté par la tristesse et la désespérance qui le travaillent du fait des envies clairement exprimées par les populations. La bougie n’attire plus et le désir de confort est la chose la mieux partagée.

L’école qui équilibre les possibles a du mal à assumer pleinement son rôle au profit d’un privé inégalitaire beaucoup plus attractif.
Et pour tout boucler des omissions inexplicables relativement à la politique internationale, aux rapports avec les voisins, sans oublier la Casamance qui avec l’assassinat du président de conseil régional de Ziguinchor rappelle avec horreur la tragédie qui lamine et compromet son développement. Le président de la République a aussi promis des élections présidentielle et législatives transparentes. En attendant, e nombreux Sénégalais de l’intérieur et de l’extérieur attendent de pouvoir retirer leurs cartes d’électeurs. A deux mois des échéances électorales l’adresse du chef de l’Etat en convoquant de manière si intempestive le futur a semblé revêtir des habits de campagne. Il s’agissait pourtant de rendre visible ce qui a été fait de mesurer ce qu’il reste à faire et d’engager la nation au sursaut, comme il revientà un président de la République en exercice.



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