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[ Opinion ] Wade : Dieu Tout Puissant ?

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[ Opinion ] Wade : Dieu Tout Puissant ?

Entré dans l’histoire par la grande porte, Wade risque d’en ressortir par un trou, comme Saddam Hussein, humilié devant le monde entier. Ne vous fait-il pas de la peine ? Moi si.

Ces vautours qui nous gouvernent.

J’en avais les larmes aux yeux, lorsque j’ai visionné, comme vous autres, la vidéo de la honte, ce cocktail de barbarie, de sauvagerie et de ‘cannibalisme’ que les autorités sénégalaises viennent d’offrir au monde entier. J’ai vainement feuilleté dans le dictionnaire afin de trouver les mots nécessaires pour qualifier le spectacle auquel nous avons assisté à Chicago. Ceci n’est qu’un apéritif, du moins, la partie visible de l’iceberg cancérigène qui est en train de geler les membres de ce grand corps malade : le Sénégal sous Wade. Même des vautours affamés, se ruant sur un cadavre, ne feraient pas preuve d’autant de cynisme, de grossièretés qui ont été adressées à tous les Sénégalais, via la personne de Souleymane Jules Diop. Nul ne mérite d’être traité ainsi, fût-il le plus vulgaire malfrat.

En entendant le président de la république défendre, voire justifier l’indéfendable, manipuler les institutions comme aux échecs, je ne peux m’empêcher de poser la question suivante : qu’avons nous fait, nous Sénégalais, au bon Dieu pour qu’il nous punisse ainsi, pour que Wade nous méprise à ce point ?

Et pourtant, nous avons donné à cet homme tout ce dont il avait besoin pour sortir le Sénégal du lot des pays pauvres très endettés : deux mandats présidentiels, sept ans, puis cinq ans ; une majorité parlementaire, des conseillers municipaux, et j’en passe. Malheureusement, il est trop gourmand, ce n’en est pas assez. Trop de pouvoir tue le pouvoir, et nous venons de l’apprendre, à nos dépens. Lorsque le singe joue avec des allumettes, c’est la forêt qui risque de s’embraser.

A la question de savoir où en est l’enquête sur l’agression du journaliste Kambel Dieng, Wade et son régime se réunissent pour discuter du sort à réserver aux journalistes « agresseurs ». Même dans un conte de fées, un journaliste, fût-il le plus audacieux, aussi corpulent que Tyson, n’osera s’attaquer à un policier, de surcroît, armé. Ceci relève même du ridicule, heureusement qu’il ne tue pas. De telles sottises, sorties de la bouche du premier des Sénégalais, le décrédibilisent à tous les niveaux.

Silence, on pille !

Faute de pouvoir bâillonner la presse privée, on leur coupe l’herbe sous le pied. Plus de pub : fini, basta, fertig !

En France, Sarkozy supprime la pub sur les chaînes publiques, au profit de TFI et de ses amis. Au Sénégal, le fou du roi vient d’annoncer que Sa Majesté décide lui aussi, d’enlever la pub aux médias privés afin de les affamer, de les anéantir financièrement et les contraindre au dépôt de bilan. Mais étant donné que c’est un jeu, il faut des exceptions. Certains groupes de presse, très connus d’antan pour leur radicalisation, ont fini par vendre leur âme au diable et sont devenus des alliées du pouvoir, des défaitistes, et donc ne sont pas concernés par cette mesure. C’est facile à comprendre : la communauté internationale verrait mal un Sénégal sans presse privée. Il y va de l’image de notre cher Prési. De ce fait, ses amis faussent le jeu, brouillent les cartes, comme ils l’ont fait pendant la journée sans presse.

Un seul mot d’ordre : ils sont mal formés, donc vous pouvez les brutaliser, les buter, sans risque. Cela fera réfléchir les citoyens qui oseront défier l’Etat.

La constitution Sénégalaise : un vrai paillasson

A la question de réduire le train de vie de l’Etat, Wade nous impose une troisième chambre dont nous n’avions pas besoin. Jamais dans l’histoire d’un pays, un régime n’a aussi méprisé les citoyens, face à la flambée des prix. « Ne vous en faites pas, nous dit-il, j’ai entendu le message, du moins, je l’ai compris à l’envers. »  Il vous faut plus de députés et un Sénat pour revaloriser le pouvoir d’achat des Sénégalais.

Nous t’avions fait confiance, Gorgui, pour la dissolution de ce Sénat que tu avais jugé inutile et inopportun du temps de Diouf. Nous te sommes très reconnaissants de l’avoir ressuscité, ce Sénat dont tu avais signé l’arrêt de mort. Tu as été très généreux, gorgui, pour nous faire ce cadeau surprise auquel nous ne nous y attendions pas : le Congrès.

Ne vous en faites pas, Gorgui, vous l’avez déjà, votre prix Nobel du remaniement et de la création de gouvernements pléthoriques, sans mentionner le prix Renaudot pour avoir créé une instabilité institutionnelle sans précédent. Vous avez fait de la Constitution sénégalaise, un paillasson sur lequel vous vous essuyez avant d’accomplir vos forfaits.

Permets-moi de te tutoyer par moments, cher président, ce n’est pas par manque de respect.

On dirait que le palais de la République est hanté : je comprends à présent pourquoi tu abandonnes le ‘domicile conjugal’ pour élire demeure dans les airs, entre Paris, Tokyo et Washington. J’espère que tes longs séjours dans les airs ne dérangent pas les anges qui circulent entre les cieux pour recueillir nos prières. Promets-moi que tu n’épuiseras pas les réserves de kérosène du monde avant 2012…

Lorsqu’on touche au corps de la femme sans son consentement, c’est du viol. Et lorsqu’on touche à la Constitution sans référendum, c’est du viol institutionnel. En forçant la main à l’article 27, Wade prouve qu’il est le premier à donner l’exemple dans le ‘respect’ des lois et règlements en vigueur dans ce pays. Le respect se mérite : seulement, cet homme qui n’arrête pas de se moucher sur la Constitution que les Sénégalais ont approuvé à une très large majorité, mérite t-il notre respect ? 

L’enterrement d’un homosexuel : un faux-débat.

A l’heure où le bas peuple crie « on a faim », les ‘guides religieux’ trouvent le moyen et le temps de jouer aux pompiers pour réconcilier le père et le fils d’emprunt. C’est plutôt la vipère, excuser moi, le père de la nation qu’il faut réconcilier avec le peuple, en lui disant toute la vérité, que le pays n’est pas un legs, qu’il n’a jamais porté le nom Wade, et ne le portera jamais.

A l’heure où Wade tripote la Constitution, on nous casse les oreilles, dans une pollution sonore, à propos de l’enterrement d’un homosexuel dans une cité religieuse. Pourquoi ne pas interdire à ces ‘homosexuels’ l’accès aux dites cités pendant les magals et gamous, et ne pas attendre leur mort pour les éconduire ? Ne devrions nous pas leur retourner la question, à ces ‘guides religieux’, et leur demander ce que l’Islam dit des personnes qui épousent plus de quatre femmes, au nom de la religion, fussent-ils des fils ou petits fils d’hommes saints ? Serait-il erroné, si ce n’est relater une lapalissade, que dire qu’en Islam, épouser plus de quatre femmes relève de l’adultère ? D’ailleurs, pour en parler, l’homosexualité n’est qu’un épiphénomène du cancer politico maraboutique qui ronge le Sénégal, dans sa chair profonde. La prostitution politique et maraboutique est pire que l’homosexualité (même si c’est condamnable), et l’hypocrisie sociale a assez duré !  

Merci cher président, « gorgui dolignou »

A l’heure où le peuple a soif de liberté d’expression, tu leur envoies des grenades lacrymogènes, les interdisant de sortir dans la rue pour dire « on a faim », alors que certains privilégiés ont le droit de survoler les airs jusqu’à Bruxelles pour dénoncer les APE, au frais du contribuable.

Abdoulaye Wade, vous étiez très confiant l’autre jour à Paris, je vous cite : « je dors tranquille, il n’y a jamais eu de coup d’Etat au Sénégal et il n’y en aura pas. » Cher Prési, continue à dormir debout dans tes avions, jusqu’à ton réveil brutal, par un crash aérien qui risque de te chasser du pouvoir pour toujours. Sache que le Sénégal te sera très reconnaissant d’avoir terni son image au niveau international, ce pays qui avait tant de prestige et qui faisait la fierté de ses ressortissants. Ce tout petit pays de 11 millions d’habitants a donné au monde entier un exemple de démocratie, il y a huit ans, alors que la super-puissance américaine passe un mois pour donner les résultats des élections. Soyez rassuré, Monsieur le Président : « le Sénégal qui gagne », ce n’est pas votre mérite, vous êtes tombé dessus. Malheureusement, vous l’avez transformé, par vos talents de disciple de Pudlar : il est devenu ce « Sénégal qui galère », la génération sacrifiée.

Charité bien ordonnée commence par…Balaie devant ta porte. Commence d’abord par laisser tes concitoyens s’exprimer librement avant de donner des leçons aux Américains. Ils sont assez grands pour s’occuper de la presse au pays de l’oncle Sam.

L’agression de Jules Diop ne peut rester impuni. C’est tout le Sénégal qui a été agressé. Nous sommes tous devenus des Jules Diop. En décidant de ne pas condamner l’agression de Cambell, Wade nous a lancé un message fort : qu’il ne badinera pas avec quiconque se met en travers de son chemin, dans le processus de ‘monarchisation’ du Sénégal. Mais ne vous en faites pas, l’esclavage a été aboli depuis fort longtemps, et même dans le Sénégal des royaumes, il n’y a jamais eu de roi Wade, à moins qu’une partie de l’histoire m’ait échappé.

Enfin, Président, sachez que lorsqu’on se met à planter un cactus que l’on arrose sans cesse, il ne faudra pas être surpris de saigner un jour, pour avoir touché ses piquants. Le jour où la presse sera muselée, le jour où les Sénégalais n’auront plus de radios ou de journaux pour s’exprimer, sois conscient que c’est dans la rue que se fera l’expression de la liberté, car le peu de démocratie que nous avons acquis en 2000, nous comptons le conserver, par tous les moyens, et rien n’est à exclure.

Ne vous en faites pas, chers compatriotes, vous pouvez essuyer vos larmes car Wade et son régime vont devoir plier bagages, ou marcher sur nos cadavres pour se maintenir au pouvoir. Le compte à rebours a déjà sonné. Soyez conscients que des élections transparentes, libres et démocratiques ne les feront pas quitter le pouvoir. Toutefois, nous n’attendrons pas l’intervention divine, pour nous délivrer du syndrome Wade : il sera trop tard. Nous saurons prendre nos responsabilités à temps.

A toutes les personnes éprises de liberté. 

Momar Mbaye, auteur de ‘La Sénégauloise à Matignon’



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