AGRICULTURE - Bons impayés et mévente de l’arachide : L’anacarde envahit le Balantacounda

Le temps est encore aux semis au sud du Sénégal, du fait de la longue pause pluviométrique dans la deuxième quinzaine de juin. Les semis se poursuivent sans l’arachide. En tout cas, les intentions de cultiver l’arachide ne sont pas importantes. C’est ce qu’on peut retenir des conversations entre les paysans et des échanges qu’ils ont avec des personnes curieuses de savoir pourquoi les points de vente des villages de Djibanar et de Simbandi Ballante sont désertés.

Dans les faits, au 3 juillet dernier, le point de vente de Djibanar qui polarise 8 villages, seuls 38 sacs de 50 kilos ont été vendus, soit 1,800 tonnes des 4,500 tonnes déposées par la Sonacos. Simbandi Ballante qui polarise le même nombre de villages, a reçu au départ 312 sacs, soit 15,600 tonnes. A la même date, Doudou Diédhiou, le préposé à la vente dans ces 2 localités, n’a écoulé que 32 sacs, soit 1,600 tonnes.

Pour trouver une explication au peu d’intérêt que ces populations du Balantacounda accordent à la culture de cet oléagineux, il faut se référer au résultat de la campagne de commercialisation. Le commis peseur du village de Djibanar, Mamadou Gassama, reconnaît devoir payer aux producteurs, la valeur de 20 tonnes d’arachide d’un montant de 3 millions de francs Cfa. Et c’est le commis des seccos du Balantacounda qui doit le moins aux producteurs, selon des informations provenant de la Sonacos. En dehors de celui de la commune de Goudomp qui ne doit rien aux producteurs, parce que, selon la même source, l’opérateur ne possédait que ce seul point de collecte.

Conséquence, le Balantacounda a presque tourné le dos à la culture de l’arachide. Comme l’illustre l’exemple de Ba Kéba Sadio, du village de Djibanar, qui détient encore un bon de 3 tonnes d’arachide. Selon lui, «les semences ne sont pas données à crédit, et ils prennent notre arachide à crédit. Voudrais-je en acheter, que je n’ai pas les moyens de le faire. C’est le découragement total pour faire de grandes surfaces en arachide».

Pour cette année, la variété hâtive est très courue. «Elle arrive à maturité en septembre et le produit de sa vente dans les marchés permet de financer la campagne de récolte et, pour cette fois, permettre de passer un mois de ramadan sans souci financier», se rassure Bourama Kébé. Le responsable de l’achat-graine de la Sonacos de Ziguinchor, Issa Diop, refuse de se prononcer sur la question des bons impayés : «Nous avons un plan de communication centralisé», dit-il. Sur le boycott des semences M. Diop a déclaré : «Vous savez, le Balantacounda n’a jamais été une grande zone de culture de l’arachide. Nous y avons de tout temps délogé des tonnes d’arachide pour d’autres localités.»

En vérité, depuis quelques années, les villages du département de Sédhiou accordent plus d’importance aux plantations d’anacardiers à la place d’autres activités culturales. Ainsi des surfaces précédemment réservées à la culture d’arachide sont plantées d’anacardiers. Les difficultés que connaît la filière arachidière les confortent dans ce choix.