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Carmello Sagna (Secrétaire permanent du comité national des hydrocarbures) : ‘L'Etat prendra des mesures d'accompagnement pour la Sar’

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Carmello Sagna (Secrétaire permanent du comité national des hydrocarbures) : ‘L'Etat prendra des mesures d'accompagnement pour la Sar’

Le moment n'est pas opportun pour M. Carmello de Sagna, d'annoncer des mesures d'accompagnement pour mettre à la Société africaine de raffinage (Sar) de poursuive de manière durable ses activités. Dans l'entretien qu'il nous a accordé hier, le secrétaire permanent du Comité national des hydrocarbures (Cnh) explique les raisons fondamentales qui ont amené la Sar dans cette situation.

Wal Fadjri : Quelles sont les innovations du nouveau décret qui fixe les modalités de détermination des prix des hydrocarbures ?

Carmello Sagna : Le nouveau décret fixant les modalités de détermination des prix des hydrocarbures et produits affiliés a comme principale innovation le changement du marché de référence. Car auparavant, la Méditéranée constituait notre référence pour le suivi des cotations des cours internationaux de pétrole. Et par suite de l'envolée du cours du pétrole et la perturabation constatée sur les marchés pétroliers, il a été donc convenu de changer de marché de référence. Dorénavant, c'est le Rotterdam qui sert de référence pour la captation des cotations internationales. Et à partir de ces cotations, on déroule la structure des prix. C'est ça l'innovation majeure du nouveau décret. La deuxième innovation, c'est que nous avons corrigé la base taxable qui a été réduite par rapport à l'ancien décret, en ne considérant que les éléments qui font partie de la base taxable pour faire le calcul des droits de porte. La troisième innovation, c'est que maintenant les prix des calculs sont appliqués. Il n'y a plus de test d'acceptabilité. Dès que nous calculons les prix, les résultats trouvés sont appliqués. Parce que nous sommes dans un marché qui évolue très vite. Et il ne faut pas être en retard par rapport à l'évolution du marché. La dernière innovation, c'est que compte tenu des variations erratiques du cours du pétrole, il faut prendre des dispositions pour sécuriser l'approvisionnement du pays en produits pétroliers. C'est ce qui explique la mise en place d'un fonds qui s'appelle le fonds de sécurisation des importations des produits pétroliers. Ce fonds va donc sécuriser l'approvisionnement correct du pays en produits pétroliers.

Wal Fadjri : Est-ce que toutes ces innovations vont se répercuter sur la vie des consommateurs ?

Carmello Sagna :Ce qu'il faut noter, c'est la mise en place d'un système de régulation. Ce qui va permettre à l'Etat de trouver les mesures et les moyens pouvant atténuer les conséquences négatives d'éventuelles hausses du prix du pétrole.

Wal Fadjri : Pourquoi le gouvernement a abandonné le marché Méditerranéen de référence au profit de celui de Rotterdam ?

Carmello Sagna :Dans la détermination des cours du pétrole, il y a un facteur qui intervient et qui est parfois très important. C'est la spéculation. Pour que la spéculation puisse s'installer, il faudrait qu'il puisse avoir entente ou collision entre les acteurs. Et pour que cette collision ou entente puisse s'installer, il faut qu'il ait très peu d'acteurs. Si vous êtes nombreux, il sera difficile d'avoir l'unanimité. Or ce que nous constatons, c'est qu'au niveau du marché de Rotterdam, il n'y a plus d'intervenant. Cela veut dire qu'il y a moins de possibilité de spéculer. La deuxième chose, c'est que les transactions qui s'opèrent sur le macrhé de Rotterdam sont beaucoup plus importantes en valeur et en volume. Ce qui permet donc d'avoir des coûts beaucoup plus significatifs. Tout cela fait qu'aujourd'hui Rotterdam est le marché de référence pratiquement choisi par la plupart des pays. Il est le plus représentatif du comportement du marché du pétrole.

Wal Fadjri : Pourquoi le gouvernement a attendu beaucoup de temps pour autoriser la Société africaine de raffinage (Sar) à reprendre ses activités de raffinage ?

Carmello Sagna :Parce que d'abord, il fallait bien connaître la situation de la Sar. Il y a eu des études, l'examen des comptes et des discussions pour voir comment faire sortir la Sar de cette situation. Ensuite, il fallait trouver l'adhésion des parties. Donc, il a fallu faire un disgnostic pour voir ce qui ne va pas pour ensuite trouver des solutions. Comme principale solution, il y a le changement du marché de référence. Mais il y a d'autres mesures qui pouvaient être prises pour que la Sar puisse être dans de meilleures conditions de reprise durable de ses activités. Les mesures annoncées par le gouvernement ne sont que les premières mesures. Il y aura d'autres mesures d'accompagnement, de suivi de la Sar. Donc, ce n'est pas tard. Il fallait trouver de bonnes solutions qui nous rassurent qu'une fois la Sar, placée dans ces condions, serait en mesure de fonctionner correctement et améliorer sa situation financière. Laquelle est due à l'explosion des coûts alors que les prix n'ont pas suivi dans la même amplitude et dans le même temps ces coûts.

Wal Fadjri : Quelles sont ces mesures d'accompagnement ?

Carmello Sagna :Nous en parlerons au moment opportun.

Wal Fadjri : Pourquoi la Sar reprend ses activités en novembre, et pas immédiatement ?

Carmello Sagna :Il faut comprendre qu'entre les décisions et leur mise en œuvre, il y a toujours une série de préalables qu'il faut respecter. Par exemple, il faut que la Sar revoie ses installations. Lesquelles sont restées pendant longtemps au froid. Ensuite, il y a les appels d'offres à préparer, bref il y a un certain nombre de dispositions à prendre pour permettre à la Sar de réallumer son four.

Wal Fadjri : Comment la Sar est venue à cette situation difficile qu'elle vit depuis quelque temps ?

Carmello Sagna :La Sar s'approvisionne, tant pour le brut que pour les produit finis, sur le marché internatrional. Donc, elle enregistre des coûts d'achat. Lesquels ne sont pas répercutés directement dans la structure des prix. Parce que nous avons une référence qui nous permettait de donner les prix en prenant la moyenne des quatre semaines sur le marché méditérannéen, et nous faisons le calcul. Entre le moment où la Sar achète et le moment où nous déterminons les prix, il y a un décallage qui peut entraîner un décallage des prix. Et d'une manière générale, ce que nous avons constaté, c'est que ces prix-là étaient inadaptés au nouveau contexte international. En d'autres termes, ces prix faisaient perdre de l'argent à la Sar tant au niveau de l'activité industrielle, c'est-à-dire quand elle raffine, tant au niveau commercial, c'est-à-dire quand elle importe des produits raffinés. Il a fallu faire des calculs pour s'en convaincre et ensuite trouver un marché qui pouvait corriger ces distorsions.

Wal Fadjri : A combien avez-vous estimé ces pertes ?

Carmello Sagna :En 2005, si mes chiffres sont exacts, je crois que ça tourne autour de 13 milliards de francs Cfa, rien que sur les importations.

Wal Fadjri : Quelle est la part de responsabilité du gouvernement dans cette situation ?

Carmello Sagna :Non. Nous ne pouvons pas parler de responsabilité du gouvernement. Il s'agit d'une situation qui est connue sur le marché international. Cela concerne tous les pays. Il ne faut pas croire que le Sénégal est le seul pays à connaître cette situation. Mais il est évident que quand un problème est posé, il faut l'analyser, comprendre les causes et proposer des solutions. Tous les pays, même dits développés sont confrontés à ce problème du pétrole. Donc, il n'y a aucune responsabilité. Si maintenant vous faites allusion aux dettes que l'Etat doit à la Sar, ce n'est pas la cause fondamentale de cette situation.

Wal Fadjri : Mais la structure des prix n'est pas étrangère à cette situation.

Carmello Sagna :La structure des prix a été à l'origine de cette situation parce que l'Etat s'est trouvé dans cet état du fait de deux choses. Premièrement d'une politique sociale avec les subventions accordées au gaz butane. Et ensuite, par les pertes commerciales qui découlent de l'inadaption de la structure des prix au nouveau contexte, donc aux coûts supportés par la Sar au niveau de l'activité industrielle et au niveau de l'activité commerciale. Et c'est l'Etat qui les prend en charge. C'est ça qui explique ces dettes. Cela a été fait pour réduire le déficit financier de la Sar. Malheureusement, les choses se sont amplifiées. Au point que la Sar ne pouvait plus continuer à opérer.

Wal Fadjri : Parlons un peu du gaz butane. Quel est le fondement du problème ?

Carmello Sagna :Il faut le reconnaître qu'il y a un problème qui dure depuis longtemps. C'est que nous avons aujourd'hui un marché qui avoisine les 150 000 tonnes par an, et notre capacité de stockage est de 10 150 tonnes. Cela s'est traduit par des importations qui se produisent toutes les semaines, tous les dix jours, tous les onze jours. Et il suffit simplement qu'il y ait un retard soit au niveau du chargement, soit au niveau du transport, soit au niveau de l'arrivée pour que nous puissions constater des tensions sur le marché interne. Nous avons donc ce problème infrastructurel lié aux capacités de stockage. Ensuite, il faut le reconnaître que la situation de la Sar est due à ses difficultés financières.

Wal Fadjri : Est-ce que vous avez identifié des pistes de solution à ce problème ?

Carmello Sagna :Nous avons déjà fait des propositions. En qui concerne par exemple l'augmentation des capacités de stockage, nous avons demandé aux opérateurs de le faire. Ils sont disposés à augmenter les capacités de stockage du gaz butane. Mais ils nous demandent en retour d'augmenter les marges. Nous les comprenons. Mais nous ne sommes pas tout à fait disposés à le faire parce que la conséquence immédiate, c'est le renchérissement du prix du gaz butane ou une augmentation de la prise en charge par l'Etat des subventions. 



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