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Economie

Délestage de la Sénélec : L'Etat serait-il incapable de renverser la tendance?

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Délestage de la Sénélec : L'Etat serait-il incapable de renverser la tendance?
Avec un déficit de trésorerie estimé à 200 milliards de francs Cfa, des problèmes liés au fonctionnement et au développement du sous-secteur de l'électricité, entre autres, à la vétusté des centrales électriques, à la flambée des prix des produits pétroliers, la Senelec est dans une mauvaise passe. L'Etat est incapable de parer la vieille dame de ses plus beaux atours. Cet environnement n'est pas favorable à l'investissement étranger.

La réforme du sous-secteur de l'électricité s'est traduite, d'une part, par la refonte du cadre légal et réglementaire opérée à travers la Loi d'orientation 98-29 du 14 avril 1998 et, d'autre part, par la privatisation de la Senelec préalablement transformée en société anonyme à participation publique majoritaire par la Loi 98-06 du 28 janvier 1998. Cependant, les tentatives de trouver un partenaire stratégique à la société d'électricité n'ont pas été concluantes. Aujourd'hui, avec les multiples problèmes liés au manque de ressources, à l'état des infrastructures et aux hausses répétitives du cours du baril de pétrole, qui osera nouer un partenariat avec la vieille dame ? Retenu comme partenaire stratégique de la Senelec, à l'issue d'un appel d'offres international, le Consortium Hydro-Quebec/Elyo s'était vu confié, nonobstant le niveau de souscription au capital de la société (34 %), le contrôle total de la gestion de la Senelec avec notamment l'attribution de sept sièges d'administrateur sur douze et le privilège de pourvoir aux postes de directeur général et de directeur général adjoint. Au bout de 18 mois, l'expérience s'est soldée par un ‘échec retentissant’ d'autant plus qu'il s'agissait de la première opération de privatisation d'une société africaine d'électricité, rappelle Souleymane Souaré. Et le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'électricité (Satel) a entamé une campagne d'information et de sensibilisation sur les problèmes auxquels est confronté le sous-secteur.

Les enseignements tirés de cette première expérience pourraient amener à revoir les lois de 1998. ‘Après le Consortium, la recherche de partenaire stratégique a amené Vivendi à se présenter. Cette tentative a été aussi infructueuse. Depuis lors, plus de partenaire. Il s'agit maintenant de voir quel est le meilleur schéma de privatisation. A l'heure actuelle, tous les schémas de la Loi 98 sont-ils viables’, s'interroge M. Souaré.

La Commission de régulation du secteur de l'électricité (Crse) avait produit à l'époque un document intitulé : ‘Quelles options pour le secteur électrique au Sénégal ?’ Et selon notre interlocuteur, la première source de difficultés apparue au tout début du processus de privatisation de la Senelec se situait dans la géographie du capital. L'opération a été lancée par le gouvernement socialiste de l'époque sans qu'au préalable, il ait fixé la répartition du capital et, en particulier, la part devant être souscrite par le partenaire stratégique. C'est ainsi que, sous la pression des bailleurs de fonds, rappelle encore M. Souaré, le gouvernement devait, par la suite, accepter le principe de confier le contrôle total de la gestion de la Senelec au partenaire stratégique quel que soit le niveau souscription de celui-ci dans le capital de la société. Ce niveau étant laissé à l'appréciation de l'investisseur, la seule condition étant que ce dernier souscrive au tierrrs (33 %) du capital.

Se fondant sur les résultats de l'audit, le Consortium Hydro-Quebec/Elyo prétendait que le prix de 27, 83 euros (environ 18 200 francs Cfa) par action payé pour l'acquisition des 2 142 000 actions était surévalué et demandait que l'augmentation se fit au tiers du prix initial de l'action. Après l'échec du partenariat, l'Etat a déboursé 86 milliards de francs pour dédommager le Consortium.

Sur la recherche d'un schéma optimal de privatisation, l'exemple du Maroc pourrait faire tâche d'huile. En optant pour la production indépendante, le Royaume chérifien a trouvé là une voie pour développer ses capacités de production sans mettre à contribution le budget de l'Etat. Cependant, afin d'accroître les chances de réussite de cette politique, le Maroc a dû concéder les régies de distribution dans les grandes villes à des sociétés étrangères, ceci dans le but d'assainir leur gestion.

Dans le cas du Sénégal, le segment de la production est ouvert au privé à travers l'option production indépendante. Le secrétaire général du Satel n'y croit pas tellement. ‘Le grand problème, c'est les producteurs indépendants. Avec Gti, par exemple, la Senelec fournit le combustible et paie la facture. Et il y a une limite fixée par ce producteur indépendant, au-delà de laquelle la Senelec paie le surplus’, souligne M. Souaré. D'après ses explications, la Banque mondiale a déjà sa philosophie de la prise en charge du secteur énergétique, un secteur marchand à confier au privé, du moins le segment de la production. Ce qui accentue les problèmes, selon Souleymane Souaré. Des propos qui semblent corroborer ceux de l'ancien directeur général de la Senelec devenu ministre de l'Energie, Samuel Sarr.

Pour la couverture du milieu rural en matière d'infrastructures électriques, l'Etat a son bras armé à travers l'Agence sénégalaise d'électrification rurale (Aser).

En outre, la taille du marché de l'électricité semble ‘trop réduite’ pour envisager le découpage horizontal de la distribution. Trois schémas de structuration de l'industrie électrique ont été alors envisagés par la Crse : un schéma dit intégré, un schéma dégroupé et un schéma intermédiaire. Dans tous ces schémas, le segment de la production est ouvert à la concurrence selon la formule Boo (Built-own-operate). A terme, la production sera essentiellement le fait de producteurs indépendants. A l'inverse, le rôle de la Senelec se limitera au seul transport ou au transport et distribution, selon le cas.

Une privatisation annulée après 18 mois et un second appel d'offres déclaré infructueux faute d'accords avec les soumissionnaires, nécessitent une réflexion profonde pour une nouvelle orientation de la réforme, soulignait Mme Maïmouna Seck Ndoye, expert économiste, à l'époque membre de la Crse.



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