On le savait stratège politique, tribun hors pair, économiste de renom, grand juriste devant l’Eternel … mais l’on ignorait tout de son sens de la formule. Pas rhétorique bien sûr, mais bien mathématique. Car mathématicien, il l’est aussi, quand bien même peu de gens le connaîtraient sous cet angle.
Inutile de chercher très loin car il est ici question de Maître Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal et l’une des têtes pensantes du continent africain.
Face aux folies haussières des cours du pétrole qui grèvent impitoyablement les budgets de certains Etats non producteurs, mais faisant les choux gras des pays producteurs et autres compagnies pétrolières, l’architecte du Sopi (changement en wolof) eut une idée de génie.
200 milliards de dollars, c’est, selon Wade, la somme stratosphérique que les compagnies pétrolières engrangent annuellement comme profits sur le dos du continent noir. De tels profits frisent l’indécence dans une contrée qui végète dans le dénuement et dont le quotidien reste des plus précaires.
Partant du principe que les compagnies devraient participer massivement à la lutte contre l’indigence, par le biais d’un Fonds de lutte contre la pauvreté (FCP), l’homme au crâne chauve accouche une formule : (Pt-29) Qt =St.
Publiée pour la première fois en septembre dernier par le Financial Times avant que le New York Times et le Los Angeles Times n’en fassent allusion, la formule, diablement défendue par son auteur, avait trouvé un écho favorable. Ainsi, c’est devant une kyrielle d’éminentes personnalités issues du Congrès et des universités américaines, y compris des pétroliers, que le président Wade a exposé la portée et la signification de cette formule-requête combien ingénieuse mais aux relents un tantinet sibyllins pour le profane.
D’où la nécessaire dissection des variables invoquées. Ainsi Pt représente le cours du baril durant l’année t ; 29 le cours moyen en dollars du baril en 2003 (année où le baril valait 29 dollars).
Qt le nombre de barils extraits du sous-sol africain ; St le surprofit qui se répartit entre les compagnies et les Pays Africains Producteurs de Pétrole (PAPP).
De leur côté, les Pays Africains Non Producteurs de pétrole (PANPP) souffrent le martyre et supportent sur leur fragile épaule la surcharge occasionnée par la hausse des cours, résultat de calculs inconséquents de l’Opep et des méthodes bassement mercantiles de spéculateurs internationaux.
Ainsi, Wade propose à travers sa formule une clef de partage du surprofit pour le financement de cette surcharge. La création du Fonds qui résultera de cette formule aura la noble mission de prendre en charge la facture énergétique on ne peut plus salée des PANPP. Et permettra, à n’en point douter, de lutter efficacement contre la pauvreté en Afrique par le biais d’un développement socioéconomique évident.
Il n’est malheureusement pas possible ici, étant donné l’espace imparti à cette rubrique, d’évoquer toutes les arcanes de cette formule «magique», mais les plus curieux pourront en savoir davantage au www.thewadeformula.com.
En définitive, le président sénégalais vient, par cette trouvaille, prouver sa volonté inébranlable de défendre la cause des laissés-pour-compte. Et ils sont légion.
Les images insouternables d’une cohorte de Subsahariens en guenilles tentant, avec l’énergie du désespoir, d’atteindre «le pays de cocagne» sont encore vivaces dans les mémoires.
Il reste donc à traduire dans la réalité une formule qui a son pesant d’or … noir.
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