ENTRETIEN AVEC… El Menirou Ndiaye, coordonnateur du Front pour l’insertion des diplômés de la diaspora (Fdd) : «Le Président nous dit de rentrer alors qu’il n’a rien prévu pour nous»

Les diplômés de l’extérieur crient leur ras-le-bol face au chômage accru auquel ils sont confrontés, une fois rentrés au pays. Leur coordonnateur El Menirou Ndiaye explique les raisons qui font qu’ils veulent rentrer, mais aussi déplore le népotisme et le clientélisme notés dans la manière de recruter au Sénégal.

Qu’est-ce qui est à l’origine de cette volonté accrue des Sénégalais qui veulent rentrer au pays. Ce n’était pas le cas, avant. La plupart des étudiants voulaient faire leur vie à l’extérieur…

Il y a deux raisons qui motivent les Sénégalais à vouloir rentrer. Il y a le motif des exemples qui sont sur place et l’essoufflement des capacités d’absorption des étudiants en Occident. Par exemple, en France, il y a dix ans, le chômage était de 2 %, maintenant on en est à 12 %. Ce qui fait que les Africains savent que, dans le futur, ils seront obligés de rentrer chez eux.

Vous avez, sûrement, depuis votre arrivée fait des prospections sur le terrain. Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous êtes heurtés ?

Les créations d’emplois au Sénégal sont souvent faites selon des logiques qui sont nébuleuses. Il y a beaucoup d’emplois qui sont capturés par les intérêts politiciens, qui les utilisent et les distribuent, d’une manière scandaleuse qui frise le népotisme. C’est ce que nous dénonçons, aujourd’hui, nous savons que nous avons notre part dans ce pays. Et, ce que nous voulons, c’est que, dans la justice, la transparence, l’égalité des chances, la promotion du mérite, que l’on nous écoute, au lieu de se livrer à des calculs politiciens, à des démagogies, tout simplement promptes à permettre d’engranger des suffrages.

Maintenant, qu’avez-vous prévu de faire pour vous faire entendre auprès des autorités ?

Par la médiatisation. Avec l’aide de la presse, nous allons décrier ce qui se passe dans ce pays, donner aux gens les informations. Ce qu’il faut faire maintenant, c’est de promouvoir l’égalité des chances et des mérites dans les campagnes de recrutements. Ceux qui n’auront pas été recrutés et qui constateront qu’il y a eu des profils qui ont été supérieurs au leur diront : «J’ai échoué, j’ai pas pu trouver un boulot, je retourne en France pour maintenant travailler dans des boulots qui n’ont rien à voir avec mes qualifications.» Moi, j’envisage de retourner. Car, je n’ai rien trouvé. J’irai, là-bas faire les boulots de «merde», comme on dit. Je serai Docteur dans quatre mois, et j’exercerai le métier d’agent de sécurité. Car, c’est mieux que de rester ici, à ne rien faire. Ce qui se passe dans ce pays risque de le basculer dans des tensions énormes. Parce qu’il y a beaucoup de mécontents qui sont revenus ici et qui, par la suite, sont rentrés en France avec des révoltes internes.

Comme vous ?

Si vous voulez, comme moi.

Qu’est ce qui vous a motivé à créer ce mouvement ?

Je suis responsable associatif au niveau de la France. J’ai vu les demandes de stages, les sollicitations des étudiants sénégalais, a Grenoble, par exemple. Je me suis dit qu’il y a beaucoup d’étudiants qui viennent ici au Sénégal et quand ils rentrent, ils me disent : «Voilà, au Sénégal, ils nous disent de rentrer alors qu’il n’y a rien. Ils nous annoncent qu’il y a des créations d’emploi au niveau de l’Etat, de la Fonction publique, et dans le secteur privé.» Et, maintenant, ce que nous voulons savoir c’est : Où se situent les problèmes et, essayer de les décrier, à travers ce mouvement.