GAZ - L’Etat veut en finir avec les crises : Le consommateur va payer plus cher son combustible

Les pénuries récurrentes ne sont pas rassurantes pour l’Etat et encore moins les consommateurs. Des mesures sont prévues et certaines vont bientôt entrer en œuvre, mais il faudrait que tout le monde mette la main à la poche pour que cela marche.

La pénurie de gaz qui a frappé le Sénégal semble avoir dépassé son plus haut pic, mais le gouvernement n’est pas pour autant rassuré et souhaiterait mettre en œuvre, aussi rapidement qu’il le peut, des mesures de sauvegarde, pour prévenir des situations qui pourraient, si l’on n’y prend garde, conduire à une catastrophe d’ampleur nationale. Le gouvernement souhaiterait aujourd’hui, qu’en plus de la Société africaine de raffinage (Sar), tous les autres importateurs aient la capacité de stocker du gaz.

Un fonctionnaire de la direction de l’Energie souligne que cette mesure est importante, du fait que le Sénégal n’est pas en mesure d’avoir, aujourd’hui, onze jours de réserve en gaz butane. «Cela est dû au fait que les actionnaires de la Sar, qui sont par ailleurs parmi les plus gros distributeurs, ne cherchent pas à conserver sur place un stock important, obligeant le pays à commander le plus souvent.» Cette situation provoque un autre embarras à l’Etat, l’obligeant à dépenser beaucoup d’argent. En effet, une source proche du ministère de l’Energie et des Mines déclare que les capacités de stockage étant limitées au Sénégal, les navires transportant du gaz butane sont souvent obligés de rester en rade au port jusqu’à ce que des fûts se vident pour débarquer leur marchandise. «De ce fait, l’Etat est obligé de payer à ces bateaux, dix mille dollars d’indemnité, par jour, jusqu’à ce qu’ils aient déchargé leur marchandise.» Une situation qui, ajoutée à la subvention que l’Etat alloue aux importateurs et aux distributeurs, grève fortement les capacités financières du pays. Cette subvention coûte habituellement une dizaine de milliards de francs Cfa au pays. D’ailleurs, il se dit que l’une des raisons de l’actuelle pénurie est le mouvement d’humeur des distributeurs de gaz, qui n’auraient pas reçu à temps les sommes que l’Etat leur doit.

Fermer les vannes pour imposer à l’Etat de négocier dans une situation de faiblesse est une situation qui, dans le domaine des hydrocarbures, a été essayée avec succès il n’y a pas bien longtemps. Il n’y a pas de raison de changer un chantage qui paie, se disent certains protagonistes. L’accalmie, que l’on commence à noter dans les différentes parties de la ville et du pays, est donc loin d’être absolument rassurante, car des mesures radicales devraient être rapidement prises. S’il est vrai que deux navires sont attendus au Port de Dakar, en plus de celui qui a fini de débarquer un stock qui est estimé à environ trois jours de consommation, il se dit également que, en attendant de restructurer la Sar, des mesures doivent être prises d’urgence pour assurer un stock de sécurité. Mais ces mesures vont demander des sacrifices et tout le monde sait qu’en affaires, c’est le consommateur qui supporte tout.