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INDUSTRIES ET ENERGIE - Crises, délestages et pénuries : Wade cherche la formule magique

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INDUSTRIES ET ENERGIE - Crises, délestages et pénuries : Wade cherche la formule magique

L’absence de politique énergétique et les tergiversations des pouvoirs publics ont causé une profonde crise dans le secteur de l’énergie. A pratiquement deux mois de l’élection présidentielle de 2007, la question qui se pose n’est pas de savoir si l’année 2007 sera aussi noire que celle qui finit, mais plutôt, si le Sénégal a déjà touché le fond de la déchéance dans les pénuries énergétiques ou pas. Le gouvernement, à défaut de trouver des solutions efficaces pour soulager les usagers, danse avec les mots, et, Me Wade en tête, propose une formule censée apporter le bonheur aux populations privées de courant et de gaz. Sans oublier le sort des Ics.

En prenant fonction au début du mois de janvier 2006, le nouveau directeur de l’Energie, Lamine Thioune, affirmait que «la baisse du coût des produits énergétiques peut se faire et c’est le défi que se lance l’Etat». Il soutenait même que «la dimension d’une politique sectorielle (lui) paraît être un thème prioritaire. Elle contribuera à l’amélioration de la compétitivité de notre économie et la réduction du poids de notre facture d’électricité des bâtiments administratifs sur le budget de l’Etat». M. Thioune avait délivré son message à une époque où la facture pétrolière atteignait des sommets. On peut donc penser qu’il savait très bien de quoi il parlait. Pourtant, depuis son message plein d’espoir, les choses se sont envenimées, au point que le Sénégal semble se retrouver dans un gouffre sans fond ni issue.

La facture pétrolière est devenue tellement insupportable que les autorités, Me Wade en tête, ont lancé une formule magique qui devrait inciter les pays producteurs, à aider le Sénégal et l’ensemble des pays importateurs de pétrole, à résoudre l’équation infernale pénurie-endettement. Car, cette fois-ci, les délestages se sont installés et perdurent, depuis la fin de la Coupe du monde de foot. Et pour corser les choses, il y a, de manière permanente aussi, des pénuries de gaz butane, ajoutées à celles de carburant à la pompe. Un scandale pour un pays qui se targue de jouer un grand rôle dans le concert des nations en ce troisième millénaire. The Wade formula n’a pas encore donné la solution attendue. Pis, depuis le mois d’août, la facture d’électricité a augmenté officiellement de 15% pour les ménages sénégalais. Mais des voix autorisées pensent que les calculs doivent intégrer au moins 25% de hausse.

FUITE… DE GAZ

Au début de la pénurie de gaz butane, au mois janvier 2006, le ministre de l’Energie et des Mines, Me Madické Niang, avait tout mis sur le dos «des charretiers distributeurs de bouteilles de gaz butane, partis chez eux pour les besoins de la fête de tabaski. Et de la fuite des bouteilles de gaz dans la sous-région, alors que ces bouteilles sont subventionnées par l’Etat du Sénégal au consommateur sénégalais». Il avait même promis de sévir concernant ce dernier aspect, demandant la collaboration de la gendarmerie, de la police et de la douane, pour arrêter ce phénomène d’émigration clandestine des bouteilles de gaz butane.

Six mois plus tard, en juin dernier, du fait du manque de bouteilles de gaz, il y a eu une forte spéculation sur les prix des emballages de 5 kg, qui sont passés de 1 600 à 2 000 francs Cfa. Ainsi, les charretiers distributeurs se tapaient 400 francs sur chaque bouteille vendue. Malgré l’indignation, les populations étaient obligées d’acheter à ce prix, faute d’autres choix.

Cette pénurie récurrente de gaz est due au fait que le Sénégal n’est pas en mesure de se garantir 11 jours de réserve de gaz, parce que les actionnaires de la Sar ne cherchent pas à conserver un stock important de combustible sur place, malgré les injonctions de la loi. Ce qui oblige l’Etat à dépenser beaucoup d’argent pour commander au jour le jour. Les subventions sur le gaz butane, qui s’élèvent à plus d’une dizaine de milliards de francs par an, grèvent fortement les capacités financières de l’Etat. (Le Quotidien du 19 juin 2006)

La difficulté de se procurer du gaz, en persistant tout le long de l’année, a eu des effets sur les autres combustibles de cuisine. En décembre 2006, le charbon de bois a sérieusement manqué, et son prix aussi, s’est envolé. Le souhait du Président Wade, qui affirmait ne pas être gêné de voir sa population revenir à la bougie pour s’éclairer, est en passe de se réaliser, au-delà sans doute, de ses espérances. Car, pour se chauffer, les Sénégalais risquent, à la longue, de recourir au silex et au charbon de bois. Le chef de l’Etat, pour sa part, ne s’en ressentira pas. Il avait ingénument avoué que les délestages ne l’affectaient pas. C’était le 27 juillet 2006, lors de la rencontre à Dakar, des pays africains non producteurs de pétrole. Alors que le pays était dans le noir absolu, le président de la République, au cours d’une conférence de presse, déclare : «Je ne suis pas au courant des coupures… Je ne les ressens pas au Palais.» Le tout avec un gros rire, alors que les coupures meublent le quotidien des Sénégalais.

NOIR DANS LA POLITIQUE ENERGETIQUE

Juste après la fin de la Coupe du monde de football de 2006 en Allemagne, les délestages se sont amplifiés, causant un énorme préjudice aux populations et aux entreprises. Des délestages qui pouvaient durer plus de 12 h et parfois même dans certains quartiers de la banlieue et les régions intérieures, l’électricité pouvait disparaître des journées entières. Le commerce le plus florissant au Sénégal est devenu celui de groupes électrogènes, à côté de la vente de bougies.

Les coupures de courant ont pris une ampleur telle que, le Président Wade, son Premier ministre et le ministre de l’Energie, ont fait sauter le directeur général de la Senelec, M. Samuel Sarr. En effet, l’indignation de l’opinion était telle qu’il fallait lui donner «un os à ronger», pour ne pas se faire mordre. Ces gens ont fait sauter M. Sarr pour préserver leurs positions. Mais la situation ne s’est pas vraiment améliorée sur le plan de la distribution de l’énergie.

Le ministre de l’Energie et des Mines, Madické Niang, jamais à court d’idées, a voulu exonérer l’Etat de toute responsabilité dans ce gros échec. Pourtant, quelles qu’en fussent les raisons, tout le monde reconnaît que la distribution de l’énergie est du pouvoir régalien de l’Etat. Sa rengaine sur les effets de la libéralisation ressemble à un vieux disque rayé qu’il a besoin de changer pour l’année 2007 qui commence. 



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