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INFLATION AU SENEGAL ET EN AFRIQUE - Pourquoi on ne l’arrêtera pas

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INFLATION AU SENEGAL ET EN AFRIQUE - Pourquoi on ne l’arrêtera pas
Cameroun, Burkina, Sénégal… Dans sa dernière livraison, l’hebdomadaire international Jeune Afrique fait le même constat dans ces pays de l’augmentation vertigineuse des prix des produits de première nécessité et parie que l’inflation est partie pour ne plus s’arrêter. 

Blé, riz, huile, lait, farine, savon, pain, essence… tout augmente. Ce n’est pas un scoop pour les sénégalais, loin s’en faut, mais le panorama que dresse l’hebdomadaire international Jeune Afrique, dans sa dernière livraison, sur la situation des prix des denrées de première nécessité dans d’autres pays en Afrique, rend mieux compte de la situation du marché mondial.

+50% le litre d’huile au Burkina, +40% le kilog de riz en Côte d’ivoire, +46% les 50 kg de blé au Togo, +30% le pain de savon au Sénégal, +140% l’huile de palme au Cameroun et +35% le kg de farine au Congo… Si à Dakar on parle encore du panier de la ménagère, à Abidjan, il s’agit plutôt du « sachet de la ménagère ». Mais pour les plus démunis de la population, même situation qu’au Sénégal : la « mort subite » (un seul repas par jour ) serait devenue la norme. De part et d’autre, les gouvernements tentent de contenir l’envolée sur les étals, avec des fortunes diverses. L’hebdomadaire de rappeler la réaction du gouvernement sénégalais de suspension, en septembre dernier, de la taxe douanière de 10%. Réaction qui non seulement n’a pas suffi, mais a affecté les finances publiques. Même scénario au Mali où le gouvernement, rappelle-t-on, a débloqué, fin 2007, quelque 40 milliards de FCfa en guise de subvention pour juguler l’explosion des tarifs : « peine perdue ». Quant à la suppression de la TVA sur le riz, le sel, le poisson, etc… de septembre à décembre, au Cameroun, elle a montré ses limites, alors que, ici ou là, les commerçants ne semblent pas jouer le jeu.

Toujours est-il que le dilemme est cornélien pour les gouvernements quand on sait, comme le rappelle l’hebdomadaire, qu’en moyenne sur le continent, les revenus douaniers représentent le quart des recettes publiques. Une manne dont les Etats ont du mal à se priver, à moins, suggère-t-on, de « fiscaliser l’économie », collecter l’impôt et lutter contre l’informel. Une volonté affichée par les autorités burkinabé et qui, selon Jeune Afrique, a mis « le feu aux poudres ».

La situation apparaît ainsi plus alarmante qu’on pourrait le croire et la flambée des prix des hydrocarbures aidant, l’engouement pour les biocarburants, la sécheresse en Australie et les besoins alimentaires des nouvelles puissances émergentes ont fini de mettre à mal le fragile équilibre du marché des céréales. Corrélation faite avec la situation de l’agriculture à « l’abandon coupable » dans les pays africains en question dont les populations sont frappées de plein fouet par la dépendance vis-à-vis des importations, c’est la quadrature du cercle.

Quatre facteurs

Le fait est donc là et alors que la hausse des prix ne concerne plus seulement l’énergie mais aussi les produits agricoles, la cadence de l’inflation est telle qu’ « on ne l’arrêtera plus », selon l’analyse qu’en fait l’hebdomadaire international qui évoque quatre forces en œuvre qui ne faibliront pas de sitôt.

Il s’agit d’abord de la forte demande des pays émergents comme l’Inde, la Chine ou encore le Brésil dont l’appétit en matières premières est jugé « insatiable ». A cet appétit, il semble que l’offre ne pourra pas répondre du jour au lendemain et les perspectives à ce niveau sont peu souriantes voire exagérées. L’analyste de soutenir qu’il faut au moins 10 milliards de dollars et dix ans d’études, de négociations et de travaux pour exploiter un gisement de gaz, de cuivre ou du fer. Et pour développer les surfaces cultivées et améliorer la productivité agricole, il table sur pas moins d’une génération avant d’atteindre des augmentations significatives des volumes.

Le quatrième facteur est relatif à l’effet dit « du second tour », expression technique usitée par les spécialistes de la macroéconomie et désignant les demandes d’augmentations de rémunérations que la hausse des prix suscite chez les différents acteurs et qui risque d’enclencher une nouvelle spirale inflationniste.

Enfin et non des moindres, le facteur spéculatif dont les fonds de pension ou d’investissements disposent de dizaines de milliards de dollars et choisissent de les placer dans les secteurs où les chances d’augmentation des prix sont les plus grandes, se protégeant ainsi contre l’inflation qu’ils suscitent.

Cette vision de l’analyste apparaît tout de même par trop pessimiste et étriquée car, quelque soit la cadence de l’inflation, il existe moult mécanismes pour ne pas dire de politiques, pour contenir les tensions inflationnistes. Non pas des mesures ponctuelles et « disparates », sans effet comme s’y emploient souvent nos gouvernants, mais, depuis la fin des années 1980, un consensus s’est progressivement mis en place en faveur du ciblage de l’inflation, afin de limiter la croissance alors excessive des prix. C’est une politique visant à maintenir l’inflation proche d’un objectif.

A l’heure actuelle, un nombre croissants de pays ont choisi d’adopter une politique monétaire de ciblage de l’inflation : Nouvelle Zélande, Canada, Royaume-Uni, et plus récemment divers pays d’Amérique du Sud et de nombreux Pays d’Europe Centrale et Orientale. Cela existe bien sous nos cieux dans le cadre communautaire de l’Uemoa, par exemple où le seuil de 3% est fixé... mais très souvent franchi, dira-t-on.

Seulement, dans la mesure où un engagement du gouvernement en ce sens n’est pas crédible (puisque non irréversible), il est nécessaire que la banque centrale soit indépendante pour contrer les anticipations inflationnistes. Par ailleurs, dans la mesure où les anticipations jouent un rôle fondamental dans la fixation des prix, il est important que la banque centrale soit crédible dans sa volonté de limiter l’inflation. Bien entendu, les causes de l’inflation ne se limitent pas au seul facteur monétaire et les origines sont diverses. Entre intermédiaires et autres spéculateurs, il va sans dire qu’on ne peut pas faire l’économie de mécanismes adéquats de contrôle des prix.



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