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Economie

Internet : le marché africain de production de contenu manque de maturité

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Internet : le marché africain de production de contenu manque de maturité

Pour Mouhamet Diop, le fondateur de Kheweul.com, un registrar africain et membre du conseil d’administration de l’Icann (Internet for assigned names and numbers), l’ouverture des extensions génériques devrait favoriser le développement de l’internet. Mais cette libéralisation aura un effet limité pour le marché africain.

Mouhamet Diop.

Mouhamet Diop.

Propos recueillis par Hance Guèye, Dakar

Les Afriques : Pourquoi l’Afrique ne pèse-t-elle que 2% sur le marché de l’attribution des noms de domaines ?

Mouhamet Diop : Le premier facteur qui l’explique est relatif à la gestion des noms de domaines africains. On constate un écart entre une gestion purement universitaire ou de type associative et la gestion marketing. Dans la gestion universitaire d’un nom de domaine, la dimension marketing n’est pas nécessairement mise en avant par rapport à la dimension technique qui garantit le fonctionnement du site.

Au Sénégal, cette dimension marketing est prise en compte par le recteur qui est le responsable de la structure de gestion des noms de domaines .sn. Il dit d’ailleurs à ce propos : « Nous (l’Université : Ndlr) allons nous ouvrir pour permettre au privé de prendre en charge la gestion du nom de domaine .sn. Et nous permettre de passer à des dizaines de milliers de noms de domaines. » Ceci est valable dans beaucoup d’autres pays africains.

Ensuite vient la dimension « utilité ». Tout le monde convient que l’internet est intéressant. Mais très peu d’entreprises africaines tirent profit de ses potentialités. Au niveau africain nous ne parvenons pas à organiser ce marché de manière concertée. La majeure partie des sociétés pensent pouvoir vivre sans l’internet.

Nous rencontrons des difficultés d’archivage. A la Radiotélévision sénégalaise, chaque année des centaines de bandes magnétiques qui ont été enregistrées sur des supports ne peuvent plus être reconstituées.

Le troisième aspect, c’est le manque de maturité du marché africain de production de contenu. Le marché est très mal structuré, parce qu’on ne retrouve pas une cartographie claire des acteurs : qui fait quoi ? Aujourd’hui un web-développeur prétend pouvoir tout faire. Il vend le nom de domaine, il le développe et l’enregistre en son nom. On ne fait pas la part des choses entre un professionnel des noms de domaines, un professionnel du développement et un professionnel de l’hébergement de sites web.

LA : Fin juin 2008, l’Icann annonçait qu’il allait libéraliser les extensions génériques de noms de domaines. Est-ce que cette mesure va favoriser le marché africain ?

MD : Il y a deux grandes décisions qui auront un impact sur tout le monde. La première décision, c’est le fait de considérer des caractères qui ne sont pas latins (nommés IDN : noms de domaines internationaux). Cette mesure aura un effet majeur sur le développement de l’internet, parce que de nombreuses communautés vont pouvoir produire et accéder à un contenu dans leur langue. Le deuxième impact, c’est que l’internet est constitué en « noms de domaines racines » (les TLD) que l’on retrouvent en .com, .net, .org avec les noms de domaines pays (par exemple, .ci pour la Côte d’Ivoire). Certaines communautés se forment et essaient de démontrer l’intérêt d’avoir un nom de domaine racine.

LA : Est-ce que tout le monde y a accès financièrement ?

MD : Il faut d’abord soumettre une requête et déposer un montant pour qu’une application soit examinée. Ensuite, il existe toujours des plateformes techniques pour abriter un projet. Il s’agit surtout de démontrer qu’il existe une communauté intéressée par le nom de domaine. Le business modèle doit montrer qu’elle est suffisamment organisée pour supporter le lancement et la vie d’une telle extension. Enfin une revue périodique allouera un certain nombre d’extensions pour les dossiers acceptés.

LA : Pensez-vous que ce phénomène joue en faveur du développement du marché africain ?

MD : Oui, pour un continent qui n’a pas encore démarré réellement dans la production forte de contenu, toutes les initiatives de type communautaire ou autres sont les bienvenues. Mais je pense qu’il y a déjà un travail colossal à faire au niveau africain en développant davantage les noms de domaines pays. Le marché est trop sclérosé. Beaucoup de pays se cherchent encore et cela ne facilite pas le développement de contenu sur les sites africains. Les gens négligent la dimension économique de la chose. Ces marchés de noms de domaines constituent un business.

LA : En termes de contenu des sites, est-ce que l’Icann a une influence et quelles difficultés rencontre-t-elle ?

MD : La difficulté majeure vient du fait que ceux qui doivent publier les contenus buttent sur le manque de compétences, les outils de numérisation, le dispositif à utiliser pour mettre les contenus en place. Par exemple nous rencontrons des difficultés d’archivage. A la Radiotélévision sénégalaise, chaque année des centaines de bandes magnétiques qui ont été enregistrées sur des supports ne peuvent plus être reconstituées. Le problème de l’archivage de la numérisation du multimédia sont au cœur de la problématique africaine.



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