Mody GUIRO (Secrétaire général de la Cnts) à Thiès : ‘Jamais, le pouvoir d'achat des travailleurs n'a été aussi bas’

Si de larges couches de la population sénégalaise sont aux prises avec la misère, la pauvreté et l'exclusion sociale, c'est parce que, diagnostique Mody Guiro, jamais le pouvoir d'achat des travailleurs n'avait été aussi bas. Le secrétaire général de la Cnts dénoncera également, lors d'un conclave organisé à Thiès par la Coordination des syndicats affiliés à l'Internationale des services publics/Région Afrique (Isp), un taux de fermeture d'entreprises jamais égalé au Sénégal.

(Correspondance) - ‘Jamais, le pouvoir d'achat des travailleurs n'a été aussi bas au Sénégal’. Le diagnostic est du secrétaire général de la Cnts, Mody Guiro, qui intervenait avant-hier à Thiès, lors d'un conclave organisé par la Coordination des syndicats affiliés à l'Internationale des services publics/Région Afrique (Isp), au Centre de capacitation pour le développement durable. Pour Mody Guiro, les travaux de Thiès interviennent dans un contexte où le mouvement syndical africain comme international est confronté à de multiples défis. Au Sénégal, plus précisément, il dira que la situation économique et sociale est devenue de plus en plus préoccupante du fait des conséquences désastreuses de la mondialisation. Une situation qui se traduit par un taux de fermeture d'entreprises jamais égalé avec le chômage et la précarité de l'emploi que cela engendre.

Cette situation entraîne, dans de larges couches de la population, la misère, la pauvreté et l'exclusion sociale, dira-t-il. Aussi Mody Guiro estimera-t-il qu'au plan africain, malgré la bonne volonté des institutions finacières internationales, la misère et la pauvreté gagnent de plus en plus de terrain. ‘L'eau potable devient un luxe et les soins de santé primaire inaccessibles pour une large couche de la population. Quant à l'éducation pour tous, elle demeure encore un objectif à atteindre’. Dans le même ordre d'idée, le responsable de la Cnts dira que le Vih/sida, le paludisme, la tuberculose entre autres maladies infectieuses, font des ravages et les objectifs du millénaire pour le développement risquent d'être péniblement atteints d'ici 2015. Il estime aussi que le travail décent est un rêve pour des milliers de travailleurs à travers le monde. C'est cette situation alarmante qui, selon M. Guiro, pousse aujourdhui les jeunes africains à affronter les océans, au risque de leur vie, à la recherche de lendemains meilleurs.

En ce qui concerne directement les syndicats, Mody Guior déplore ce qu'il appelle l'émiettement du mouvement syndical qui est le fait de la naissance d'une multitude de centrales syndicales dans différents pays africains, ce qui affaiblit de plus en plus en plus les travailleurs. D'un tel point de vue, le responsable de la Cnts dira se réjouir de la décision historique de fusion prochaine de la Confédération internationale des syndicats libres et de la Confédération mondiale du travail. Une fusion qui devrait aboutir à la naissance d'une organisation syndicale mondiale qui regroupera l'écrasante majorité des travailleurs.

La rencontre de quatre jours, du 28 au 31 août, organisée par la Coordination des syndicats affiliés à l'Internationale des services publics/Région Afrique (Isp) à Thiès, entre dans le cadre du renforcement des compétences des dirigeants syndicaux. L'Isp est, en effet, une structure qui se fixe comme missions principales d'œuvrer au renforcement des syndicats du secteur public à l'échelle mondiale, en vue de défendre les droits et les intérêts des travailleurs et de faire de la promotion des services publics de qualité, une condition indispensable à l'instauration de sociètés équitables capables d'offrir une égalité d'accès. Aussi la coordinatrice de l'Isp de souligner, à l'occasion de la cérémonie d'ouverture des travaux, que ‘les responsables des structures syndicales doivent toujours se remettre en cause pour accepter de se former afin de mieux maîtriser l'impact des problèmes internes et externes de la mondialisation sur le développement socio-économique, mais aussi syndical de leurs pays respectifs’. C'est, de son avis, ce qui leur permettrait de pouvoir faire des propositions alternatives, crédibles et réalistes qui leur éviteraient des prises de position démagogiques qui n'apportent rien aux membres de leur syndicat.