PECHE - Normes européennes : L’agrément du Sénégal n’est plus menacé

Le Sénégal a fait des efforts pour le respect des normes sanitaires des produits de la pêche. Son agrément a été sérieusement menacé pendant quelques temps, mais aujourd’hui avec les différentes évaluations faites par l’Office alimentaire et vétérinaire, les risques sont pratiquement écartés. Même s’il reste un besoin de mise à niveau sur les normes européennes.

«En Afrique, la sécurité alimentaire demeure un enjeu majeur, mais la sécurité sanitaire des denrées s’impose comme la problématique émergente, due essentiellement à des impératifs économiques, mais aussi et de plus en plus, à des préoccupations internes de santé publique.»

M. Sidy Guèye, le directeur de cabinet du ministère de l’Economie maritime, s’exprimait ainsi à l’atelier organisé par la direction générale de protection des consommateurs de la Commission européenne. Le thème portait sur «les normes européennes pour le secteur de la pêche». Sur le marché international, la qualité des produits de la pêche est devenue un impératif commercial, en s’érigeant comme une barrière non tarifaire aux échanges. Les exportations à destinations de l’Union européenne doivent, en outre, répondre à des exigences sanitaires spécifiques. Alors que sur le marché domestique, la qualité des produits de la pêche constitue un thème encore peu mobilisateur pour les pouvoirs publics africains, qui se préoccupent plus à développer la productivité du secteur qu’à prendre en compte suffisamment les aspects de santé publique qui s’y rattachent.

C’est donc par décision n° 96/355/Cee du 30 mai 1996 que la Commission des communautés européennes a fixé les conditions particulières d’importation des produits de la pêche et de l’aquaculture originaires du Sénégal. Cette reconnaissance d’équivalence des services d’inspection officiels des produits halieutiques avec ceux de l’Union européenne a été reconduite lors de la mission de l’Office alimentaire et vétérinaire (Oav). Le Sénégal est donc le deuxième pays africain, après le Maroc, autorisé à exporter des produits de la pêche sur le marché de l’Union européenne. En 2005, les exportations vers les pays de l’Union européenne ont représenté 61% du volume total et 78% de la valeur commerciale des produits.

L’agrément du Sénégal a été menacé pendant quelques temps parce que tout simplement la qualité des produits a été mise en doute. «Mais il y a eu des améliorations. Nous avons eu des structures très compétentes de qualité et ces structures ont été renforcées avec une direction uniquement réservé pour répondre aux normes de l’Union européenne», explique M. Guèye.

Cet agrément national à l’exportation est le fruit des efforts consentis par l’administration des pêches et les industriels de la filière transformation. D’après M. Guèye, «l’Etat s’est investi dans la mise en place de l’autorité compétente chargée de faire appliquer et de vérifier, auprès des industriels, les exigences hygiéniques et sanitaires en vigueur. Pour cela, un audit de l’ex-bureau de contrôle des produits halieutiques de la direction des pêches maritimes, devenu division des inspections et du contrôle de la direction des industries de transformation de la pêche, a été effectué». Les corrections ont été apportées suite à cet audit comme la réglementation, les moyens humains et matériels, les moyens de contrôle des produits.

La mise à niveau aux normes sanitaires des infrastructures, effectuée entre 1990 et 1999, a coûté 14,7 milliards de francs Cfa à la filière dont 3 milliards de francs Cfa pris en charge sous forme de subvention par les partenaires au développement. Les conclusions de la dernière visite d’évaluation nationale à l’exportation, en septembre 2004, s’articulent autour de l’amélioration de la performance de l’autorité compétente, la remise à niveau de l’industrie halieutique, l’accréditation des laboratoires d’analyses, la mise aux normes de la pêche artisanale. Cependant, en raison de la complexité de ce secteur, la mise aux normes européennes, constitue la contrainte majeure. D’ailleurs, Mme Gudrum Gallhof de l’Ue a reconnu que «les procédures de décision sont assez lourdes, nous sommes 25 pays et cela se comprend. Pour changer les lois, il y a une commission, un Conseil des ministres et un Parlement qui décident dans une procédure qui a trois étapes et qui peut durer deux ans et les textes doivent être traduits dans 11 langues».

Elle explique que les pays doivent s’aligner sur la législation européenne. «Nous fixons un listing des pays qui peuvent importer, il y a des règles spécifiques sur la réglementation des denrées alimentaires et des contrôles aux frontières. Nous regardons si les pays qui font partie du listing peuvent mettre en vigueur cette législation. Toutes les exportations, qui entrent dans un pays, entrent dans l’Union. S’il y a un nombre de résultats qui n’est pas conforme par rapport aux exigences, si c’est négatif, on biffe le nom du pays avant de renforcer les contrôles sanitaires», s’empresse-t-elle de préciser. L’Ue a initié un projet pour l’amélioration de l’état sanitaire des produits de la pêche, dans le but d’aider à la mise à niveau de la filière pêche. Mais le projet, sur lequel devait s’appuyer les pays exportateurs de produits halieutiques vers l’Ue, tarde à se concrétiser. <13>[email protected]