De 10%, la part de l’Etat à travers Petrosen dans le capital de la Société africaine de raffinage(Sar) est passée à 21,8%. Avec les 11,8% des parts de sa filiale Elf Aquitaine que Total, actionnaire majoritaire de la Sar aurait accepté de céder, l’Etat sénégalais se retrouve à 33,6% dans le capital de la vieille raffinerie.
A la bonne heure. Il aura fallu les remous d’approvisionnement en brut au niveau de la Société africaine de raffinage(Sar) dus essentiellement à des tensions exacerbées de trésorerie de la raffinerie et leurs corollaires dans l’activité socio-économique du pays, pour que l’Etat sénégalais daigne sérieusement « raffiner » sa participation dans le capital de l’entreprise qui se limitait, depuis son inauguration, le 27 janvier 1964, à 10% à travers la société Petrosen. Aussi, les chamboulements d’exploitation se sont-ils désormais accompagnés d’un gros chamboulement institutionnel et, de 10%, la part de l’Etat est passée à 21,8%. La révélation a été faite hier à Dakar par le directeur général de Petrosen, Serigne Mboup, en marge de la Réunion des ministres chargés de l’énergie des pays africains non producteurs de pétrole. Comme nous en avons souvent fait part dans nos précédentes éditions, depuis l’année dernière, la multinationale Mobile, alors actionnaire à la Sar, a vendu ses parts qui se montaient à 11% et c’est l’Etat sénégalais qui les a rachetées.
Décidé à renforcer davantage sa participation dans le capital de la Sar, celui-ci s’en est ouvert à Total, actionnaire majoritaire qui, selon le directeur général de Pétrosen, « a accepté de nous céder 11,8% des parts de sa filiale Elf Aquitaine qui y détient 30% ».
L’Etat sénégalais se retrouve ainsi à 33,6% dans le capital de la Sar et mieux, il semble qu’il travaille même pour porter cette participation à 41,8% et devenir actionnaire majoritaire.
Il faut dire que jusqu’ici, la structuration du capital de la Sar contrôlé majoritairement par Total (54%) et Shell (30%) était tel que les majors faisaient la pluie et le beau temps dans ce secteur hautement stratégique.
Voici des années maintenant qu'ils s'assoient sur la nécessité de procéder à une extension des capacités de la raffinerie qui tourne autour de un million de tonnes par an. Des capacités plutôt saturées comparées à celles de la Sir(Société ivoirienne de raffinage), concurrente, qui en produit 4 millions par an, même si, il faut le souligner, la Sir, en termes de spécificité du produit, peut importer différents produits alors que la Sar, elle, ne fait que du Bony light. .
Les administrateurs de la Sar ont toujours mis en avant la « lourdeur des investissements nécessaires » à l'extension et qui seraient de l'ordre de 20 milliards de FCfa. Qu’à cela ne tienne, avec un chiffre d'affaires de quelque 400 milliards de FCfa et des bénéfices de l'ordre d'une centaine de milliards de FCfa, ce ne sont cependant pas 20 malheureux milliards qui ont fait défaut à la Sar, même si, il faut bien le reconnaître, ce n'est pas si simple.
L'argument selon lequel la marge positive dégagée par l'activité industrielle est annihilée par les pertes résultant de l'activité commerciale, l’a toujours emporté. Pertes qui ont d'ailleurs fait l'objet récemment de « monnaie d'échange » face au gouvernement sénégalais à qui ils ont réclamé une compensation aujourd’hui payée, disent les autorités sénégalaises.
Aussi, il est clair que l’augmentation des parts de l’Etat ne règle pas pour autant la question des investissements nécessaires à l’augmentation des capacités de la Sar. Une recapitalisation est nécessaire pour permettre d’avoir les moyens d’assurer l’investissement de sa croissance, sa mise aux normes en termes de capacité et un certain nombre d’infrastructures techniques. Cela suppose une ouverture du capital de la Sar avec l'arrivée des pays de la sous-région, et de nouveaux actionnaires privés, pour permettre ainsi à la raffinerie de "capter le maximum de revenus et disposer d'argent frais".
Le seul raffinage…?
Autre perspective envisagée, la limitation de la Sar au segment exclusif du raffinage. À priori, l'idée est pertinente notamment en considérant, pour le cas de la Sar, qu'elle importe plus (200 milliards de FCfa) de produit fini qu'elle ne raffine, en réalité. Mais comme nous le disions plus haut, ce n'est pas si simple et il n'est pas sûr qu'en se limitant strictement à l'activité de raffinage, la Sar puisse dégager suffisamment de marges pour rester pérenne. Il se pose ainsi un problème rentabilité.
Il est vrai qu'au plan international, la faiblesse des investissements dans de nouvelles unités de production s'explique en partie par les faibles marges qui ont longtemps résulté de l'activité de raffinage. Aux Etats-Unis, le retour sur investissement pour l'industrie du raffinage a été de 5,5% entre 1993 et 2002, contre 12,7% pour les autres industries. Pour faire face à cette situation, l'industrie du raffinage s'est profondément restructurée : les unités les plus petites et les moins rentables ont été fermées, et on a assisté à une forte concentration des activités de raffinage : aux Etats-Unis, le nombre de raffineries est passé de 325 en 1981 à 148 aujourd'hui, tandis que les parts de marché des 5 plus grandes compagnies de raffinage sont passées d'un tiers à la moitié.
Pour un pays consommateur comme le Sénégal, la question sera sans doute à revoir avec toutes les parties prenantes.
Les majors voudraient « fermer » la raffinerie
Moderniser la raffinerie ? Autant en faire un centre de dépôt. C’est la réflexion que les majors privilégieraient plutôt que d’investir dans l’augmentation de la capacité de la Sar. En tout cas, la nouvelle structure des prix en vigueur favoriserait plus l’importation de produits pétroliers que l’activité de raffinage. Rappelons que la Sar traîne une ardoise de 200 milliards de FCfa auprès de ses principaux fournisseurs qui ne sont autres que… les principaux actionnaires de la Sar.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:37 PM)Participer à la Discussion