AFP — Un Ivoirien, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, a été nommé jeudi au poste stratégique de gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’ouest (BCEAO) par des chefs d’Etat ouest-africains qui n’ont pas retenu le candidat initialement proposé par le président ivoirien.
Cette nomination surprise - son nom n’avait guère été évoqué auparavant - met un terme à un intérim assuré depuis décembre 2005 par le Burkinabè Justin Damo Barro, à la suite du départ de Charles Konan Banny qui fut par la suite Premier ministre en Côte d’Ivoire.
"La conférence (des chefs d’Etat) a décidé de nommer Philippe-Henri Dacoury-Tabley gouverneur de la BCEAO", l’institut d’émission de l’Union économique et monétaire (Uémoa, 8 pays) basé à Dakar, selon un communiqué lu au terme du sommet de l’Union jeudi à Ouagadougou.
Né en 1948, ancien cadre de la BCEAO, M. Dacoury-Tabley était jusqu’en 2007 représentant de la Côte d’Ivoire à la Banque africaine de développement (BAD) à Tunis.
Il est le demi-frère de Louis-André Dacoury-Tabley, numéro 2 des Forces nouvelles (ex-rébellion) et ministre de la Solidarité et des Victimes de guerre.
"C’est un homme d’expérience qui a suffisamment de recul pour mener à bien sa tâche", a souligné devant quelques journalistes le président de la Commission de l’Uémoa, Soumaïla Cissé.
Ces derniers mois, le président ivoirien Laurent Gbagbo martelait que le poste de gouverneur devait revenir à la Côte d’Ivoire en raison de son poids économique dans l’Union.
Mais le candidat initialement proposé par Abidjan, Paul Antoine Bohoun Bouabré, actuel ministre du Plan et proche du chef de l’Etat, n’a pas fait l’unanimité, notamment auprès de la France, qui garantit le franc CFA auprès de l’euro.
L’opposition de Paris à sa candidature a ainsi favorisé l’émergence d’un autre candidat ivoirien.
"Il n’y a pas eu de problème particulier (pour la nomination du gouverneur), les chefs d’Etat de l’Uémoa ont toujours trouvé des compromis", a pourtant affirmé le président burkinabè Blaise Compaoré, également président de l’Uémoa et de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
"Il n’y a pas de doute que la rotation (au poste de gouverneur entre les pays de la zone) se fera (tous les six ans) comme prévu dans les textes", a-t-il par ailleurs assuré à la presse à l’issue du sommet.
Le principe de rotation avait été demandé avec insistance par plusieurs pays, comme le Niger, le Burkina et le Sénégal. Ce poste a toujours été occupé par un Ivoirien.
Affaiblie par cinq ans de crise, la Côte d’Ivoire a perdu son rôle de "locomotive" de l’Uémoa, mais ce pays, premier exportateur mondial de cacao et producteur de pétrole, n’en reste pas moins, et de loin, le poids-lourd économique de l’Afrique de l’ouest francophone.
Les chefs d’Etat ont également nommé le Béninois Abdoulaye Bio-Tchané, actuel directeur Afrique du Fonds monétaire international (FMI), au poste de président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).
Outre le chef de l’Etat burkinabè Blaise Compaoré, les présidents malien Amadou Toumani Touré, ivoirien Laurent Gbagbo, béninois Boni Yayi et togolais Faure Gnassingbé ont participé au sommet de l’Uémoa de jeudi.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade, arrivé mercredi soir à Ouagadougou, était absent de la cérémonie d’ouverture mais a rejoint ses homologues en début d’après-midi. La Guinée-Bissau et le Niger étaient représentés par leur Premier ministre.
Un sommet de la Cédéao (15 pays) doit avoir lieu vendredi à Ouagadougou, avec notamment le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi comme "invité".
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