Parmi la clientèle la plus dynamique du marché hebdomadaire de Diaobé se trouvent les Guinéens de Conakry. La preuve en a été donnée mercredi dernier, jour de marché, marqué par la rareté de certains produits d’origine forestière, due à l’absence de leurs principaux fournisseurs retenus en Guinée par les affrontements qui s’y déroulent.
Un malheur ne vient jamais seul. Les affrontements meurtriers qui se déroulent en Guinée ont affecté l’économie informelle du département de Vélingara, à travers le marché hebdomadaire de Diaobé. Mercredi passé, les populations qui fréquentent ce haut lieu du commerce informel transfrontalier se sont rendues compte que Diaobé tient sa notoriété des compatriotes de Lansana Conté qui s’y rendent tous les mercredis.
Ce jour-là, pas d’embouteillages monstres sur la Route nationale numéro 6, qui coupe ce marché en deux, comme c’est d’habitude le cas. Et ce sont les vendeurs de sachets d’eau, les colporteurs et les chargeurs qui ont vu leur recette se réduire en peau de chagrin.
Mieux, les femmes commerçantes qui étaient venues acheter des produits d’origine forestière ont eu du mal à en trouver à leur convenance. Ces produits sont : l’huile de palme, les oranges, les avocats, la patate douce, les balais, le café noir (Touba) et le gingembre. Ce jour-là, une partie de ces produits étaient en petite quantité entre les mains des Bissau-Guinéens, qui avaient monté les enchères. Fatoumata Diallo, une commerçante de la commune de Vélingara, explique : «Finalement je n’ai pas acheté tout ce que d’habitude je ramenais avec le même montant. Les produits sont devenus chers parce qu’insuffisants.» Cette conséquence des affrontements de la Guinée inquiète cette vendeuse de produits fruitiers. Car, «j’ai emprunté de l’argent au Crs (Christian relief service) pour me lancer dans ce commerce. J’ai peur que mes bénéfices se réduisent au point de ne pas être capable de rembourser mon prêt et continuer à nourrir la famille».
Ramatoulaye Diallo a un tout autre problème. Cette Guinéenne a fini d’écouler ses produits, mais ne peut retourner dans son pays à cause des mêmes difficultés. «Depuis le mardi 16 janvier, je devais rentrer. Mais le véhicule en provenance de Conakry n’est pas venu. Je suis là à consommer mes recettes. Jusqu’à quelle date ? Que me restera-t-il ?», s’interroge-t-elle.
En réalité, la frontière entre le Sénégal et la Guinée n’est pas fermée. Des véhicules en provenance de et en partance pour Coundara et Labé continuent à faire la navette. On peut en trouver certains à la gare routière de la ville. Les troubles de la Guinée ont surtout retenu à la maison les commerçants de Conakry, de Nzérékoré et des autres localités affectées par le conflit ouvert par les syndicats contre le Président Conté.
Nul doute que cette crise va se ressentir sur le niveau de vie des populations du Fouladou. Car dans cette partie du pays, maintes femmes vivent et font vivre leur famille à partir de ce commerce informel alimenté par les marchés hebdomadaires, dont le plus important est celui de Diaobé.
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