Pour avoir fait l’objet de plusieurs cas de viol de la part de son maître coranique, Marème (appelons là ainsi pour ne pas dévoiler son identité), 23 ans, retrace, avec beaucoup d’émotion, le film des frasques d’un imam qui continuent de balafrer sa mémoire. Inscrite en deuxième année à la Faculté des Sciences juridiques et politiques, la jeune dame, que l’envie d’insulter et de dénoncer publiquement démange tous les jours, demande à la société d’ôter le titre d’imam et de modèle à son « faux maître coranique ». Aussi, dit-elle : « les parents doivent réfléchir à deux reprises avant de confier leurs progénitures à certains maîtres coraniques, car, tout ce qui brille n’est pas or ».
Depuis quelque temps, les cas de viol font souvent la Une des journaux. Si certaines femmes peuvent s’estimer heureuses de voir leur « bourreau » emprisonné, ce n’est pas le cas de tout le monde. En effet, beaucoup de femmes subissent, impuissantes, les assauts d’hommes véreux, incapables de contrôler leurs pulsions. C’est le cas de Marème, qui, depuis dix ans, est torturée par des souvenirs funestes : les nombreux cas de viol qu’elle a subis de la part de son maître coranique. Elle n’avait pas 10 ans à l’époque.
Inscrite en deuxième année à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Marème narre, avec beaucoup de tristesse, les frasques de son faux maître demeurant dans un petit département de la région de Fatick. « Nous étions une dizaine d’apprenants sous sa coupe à apprendre le Coran. Sa maison nous servait d’école et « la véranda » faisait office de classe. Puisqu’après avoir assimilé une sourate, on devait la réciter en guise de contrôle, il (Ndlr : le maître coranique) avait l’habitude de m’appeler dans son salon pour me battre d’abord, avant de me violer le temps que pouvait durer sa libido », se souvient-elle.
Malheureusement, Marème n’a jamais eu le culot de raconter ses mésaventures à ses parents par crainte de provoquer leur furie. Pourquoi avez-vous éprouvé le désir d’en parler aujourd’hui ? Elle déclare, « parce que, je ne veux plus continuer à garder ce fardeau. Il s’y ajoute que j’ai tellement entendu des cas de viols qui n’ont jamais été punis ». Et d’ajouter : « il faut que cela cesse ». Très remontée contre lui, l’étudiante ne comprend pas comment son « agresseur » peut se regarder devant une glace. Marème, que la tronche de son violeur continue de hanter malgré tout le temps qui s’est écoulé, étouffe de rage au fur et à mesure que notre conversation se poursuit. « Je suis écœurée quand je vois le faux maître diriger les prières dans une mosquée qu’il a construite pour tromper l’opinion. Même s’il a trois femmes et des enfants, il n’en demeure pas moins qu’il ne mérite pas son statut », tranche-t-ell.
Pour avoir accepté de s’en ouvrir à la presse, Marème espère se départir d’un fardeau et exorciser le mal qui vampirise son existence. Aussi, dit-elle, lorsqu’elle rencontre son faux-maître, l’envie de l’insulter et de le dénoncer publiquement le démange, mais, elle bute sur la famille de son violeur à qui elle voue un grand respect. De l’avis de la victime qui regrette de n’avoir pas porté plainte contre son violeur à l’époque des faits, par manque de courage, il faut que les parents réfléchissent par deux fois avant de confier leurs progénitures aux maîtres coraniques. En effet, jure-t-elle, « tout ce qui brille n’est pas de l’or ». Propos d’une victime, certaine qu’il y a comme elle, beaucoup de femmes vivent le même calvaire qu’elle.
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