Se présentant à la barre comme un marabout, Mamadou Baldé, même s’il reconnaît avoir reçu de fortes sommes de Matar Khouma, a nié avoir escroqué ce dernier. Là où le mis en cause parle d’achat de... faux dollars, le plaignant, absent à la barre, relate une histoire d’acquisition d’or.
Le marabout Mamadou Baldé répondait, avant-hier, du délit d’escroquerie à la barre du tribunal des flagrants délits. Selon l’accusation, le sieur Matar Khouma avait remis au marabout la somme de 12.000.000 francs, à charge pour lui de lui trouver 12 kilos d’or auprès de fournisseurs sierra léonais. A la lecture du procès verbal de police, Mamadou Baldé a servi comme réponse : « on n’a jamais parlé d’or ». « Matar Khouma, vendeur de diamant, comment peut-il me demander de lui trouver de l’or, moi qui suis marabout ? Cela n’a aucun sens », fait remarquer Baldé.
A l’en croire, son rôle dans cette histoire se limitait à jouer l’intermédiaire dans une opération de fabrication de... faux dollars. « Mon accusateur m’avait demandé de le mettre en rapport avec des fabricants de faux billets. Ces derniers, de nationalité sierra léonaise, devaient lui remettre la somme de 50.000 mille dollars », soutient le prévenu. « Donc, je ne suis qu’un simple intermédiaire », a précisé Mamadou Baldé. Seulement, s’il est retrouvé à la barre du tribunal, c’est parce que l’opération a connu un couac. « Les Sierra-Léonais ont livré moins que les 50.000 mille dollars demandés par Matar Khouma . »
Pour l’avocat de la partie civile, le prévenu a profité de l’absence de son client et des témoins pour nier les faits. Il s’est aussi prévalu, selon le conseil de Matar Khouma, de la fausse qualité de marabout. C’est la raison pour laquelle il a demandé au tribunal de condamner le prévenu à une peine de prison ferme et de payer à son client la somme 6.130.000 francs puisque M. Baldé a remboursé les 5.870.000 francs.
L’avocat de la défense a observé, à l’entame de son propos, que son client n’a jamais changé de version aussi bien à l’enquête préliminaire que devant la barre. « Il y avait une opération commerciale où l’autre partie n’a pas respecté ses engagements. Et dans la transaction, il n’a jamais été question de l’achat d’or. « Comment quelqu’un qui est spécialiste dans le commerce de l’or peut-il verser la somme de 12.000.000 de francs sans avoir vu une pépite d’or », s’est étonné Me Moustapha Diop. « Cela me paraît bizarre », commente-t-il, ajoutant même que la perquisition effectuée au domicile de son client n’a permis de découvrir la plus petite trace d’or. L’avocat en conclut que l’opération concernait la fabrication de faux dollars et non l’achat d’or. Soulignant que cette activité étant elle-même réprimée par la loi, il demande au tribunal de disqualifier les faits et de faire une application bienveillante de la loi au prévenu. « Compte tenu de la constance de mon client sur la nature de la transaction et de son engagement à rembourser le reliquat de la somme, je vous demande, si vous devez le déclarer coupable, de faire une application bienveillante de la loi et de lui infliger une peine assortie de sursis », plaide Me Moustapha Diop. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré. Le verdict sera connu le 3 septembre.
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Tuii
En Octobre, 2012 (11:51 AM)Participer à la Discussion