Samedi 27 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Immigration

MICHAEL SOUMAH, DIRECTEUR DU FESTIVAL JAZZ À DAKAR : «Les taxes cassent l’humeur et fracassent l’ardeur d’organiser un spectacle à Dakar et au Sénégal »

Single Post
MICHAEL SOUMAH, DIRECTEUR DU FESTIVAL JAZZ À DAKAR : «Les taxes cassent l’humeur et fracassent l’ardeur d’organiser un spectacle à Dakar et au Sénégal »

Il n'est plus à présenter. Animateur émérite, il est de la génération de ceux-là qui ne se prennent pas pour le nombril de la terre, même si la terre guinéenne lui a rendu hommage lors de la 8ème édition du Djembé d'Or en 2007, en le primant pour "services rendus à la culture". Musicien dans l'âme, dans l'esprit, dans le cœur et dans le corps, il est forgé du moule de ceux-là qui n'ont pas la grosse tête, même quand ils ont la tête bien faite et bien pleine. Il connaît le Jazz, le Jazz le reconnaît, leur compagnonnage a donné naissance à un Festival qui est à sa deuxième édition (les 13 et 14 juin prochains). Et il parle de l'organisation des spectacles. Trêve de tergiversation. Parole à ce Donneur de Parole nommé Michael Soumah.

Le Matin : Comment Michael Soumah se présente-t-il, si on lui dit de le faire?

Michael Soumah : Je suis un journaliste animateur à la radio sénégalaise. Et je suis un acteur averti et avisé de la Culture en général, de la musique en particulier, que ce soit au Sénégal, en Afrique et dans le monde. Et je suis dans le monde culturel depuis déjà pas mal d'années. Donc, je peux dire que je suis aussi bien un acteur dans l'art qu'un artiste dans l'acte culturel.

Comment Michael Soumah apprécie-t-il sa distinction, pour le dernier Djembé d'Or, à Conakry?

Je considère que c'est le fruit de plusieurs années de travail, et j'en remercie les autorités guinéennes, mais cela ne m'autorise pas à baisser les bras, pour me dire que le combat contre l'inculture et la lutte pour la culture sont achevés. Tant qu'il y a à faire, tout reste à parfaire. Parlant de ce qu'il y a à faire, vous êtes Directeur du Festival "Jazz à Dakar" qui en sera à sa deuxième édition. Quel est le bilan, à mi-parcours des préparatifs? Avec le "Club Sono Mondiale", nous nous sommes battus pour que la programmation soit riche et variée. Riche par la diversité des groupes, variée par la multiplicité des pays représentés. Nous n'avons pas voulu faire dans la pluralité de groupes sénégalais. De la Finlande, avec une note sénégalaise, on aura le "Ndioba" et le "Xamlé Jazz Band". De la Hollande, nous aurons le "Saskia Laroo". Donc, la Finlande et la Hollande représentent l'Europe. Des Etats-Unis d'Amérique, nous aurons le Circular Time. Pour représenter l'Afrique, on aura un groupe du Bénin, le Dona Brass Band, et du Sénégal, le Opus Band. Tout est déjà dans un OK musical pour qu'on soit positivement KO d'harmonie et de symphonie mélodieuses. Voilà le bilan à mi-parcours.

C'est donc la dernière ligne, maintenant. Quelles sont vos attentes?

Que le public réponde nombreux à nos appels. Sans public, un spectacle n'est rien. Que les artistes sénégalais eux-mêmes se déplacent, pour encourager ces genres d'initiatives. Il ne s'agit pas de venir pour un spectacle seulement lorsqu'on y participe. Il faut soutenir les autres spectacles, en tant qu'artiste. C'est toujours réconfortant de se savoir suivi, on en apprend chaque jour, cela pousse à faire mieux. Et le "mieux faire" permet de parfaire. J'invite aussi les sponsors à se présenter davantage dans l'organisation de la chose culturelle. Sans sponsor, la charge organisationnelle est nettement trop lourde pour les organisateurs.

Vous parlez de lourdeur dans la charge d'organisation. Quelles ont été les difficultés qui ne vous ont pas facilité l'organisation, jusqu'à présent?

Il est temps que les Institutions, les sponsors et les mécènes entrent en jeu pour l'organisation des spectacles culturels en général, musicaux en particulier. Vous savez bien qu'il n'y a pas de véritable mécénat au Sénégal, surtout. Je parle du Sénégal que je maîtrise mieux. Cela fait que les obstacles à franchir sont de la taille d'une montagne, et ils se résument surtout aux difficultés financières et pécuniaires. Et elles sont d'ordre administratif et institutionnel, ces tracasseries.

Quel genre de tracasseries exactement?

Les taxes. Elles sont nombreuses, ces taxes. Il y en a de toutes les sortes, comme pour décourager toute initiative d'organisation. Ces taxes cassent l’humeur de l'organisateur, elles fracassent son ardeur d’organiser un spectacle, elles le tracassent par leur fureur, à tel point qu'il ne sait où donner de la tête. Pour les spectacles, les taxes à Dakar, et au Sénégal en général, ce n'est pas de la tasse à boire, c'est de la mer à boire. Il est vraiment temps que les autorités diminuent ces taxes et entretiennent un partenariat avec les organisateurs de Festival. La culture est pour tous, c'est notre cause commune, nous, on la pratique par amour, mais une seule personne ne peut être au four et au moulin. On ne peut jouer, chanter, déclamer, danser et acclamer tout seul. Une seule main n'applaudit pas. Donc, il faut un partenariat.

Vous parlez de partenariat, mais pensez-vous que le Jazz a bonne presse au Sénégal, quand on voit le nombre de gens qui font du Mbalakh? Y peut-il y avoir partenariat entre musiciens de plusieurs tendances comme cela? Votre Festival pourra-t-il durer dans le temps, avec cette primauté du Mbalax?

C'est une question de volonté, la durabilité du Festival. Avec le groupe Sono Mondiale, nous allons essayer, autant que faire se peut, de maintenir cette manifestation dans le temps et dans l'espace. Nous avons rencontré les autorités, elles nous encouragent à continuer, il nous faut simplement nous armer de courage. Et ce courage, nous l'avons, puisque nous croyons en ce que nous faisons. C'est ce qui fait que nous disons qu'il peut et il doit y avoir partenariat entre acteurs de la musique au Sénégal, en Afrique et partout dans le monde. Le Mbalakh a ses férus consommateurs, le Jazz aussi a ses fervents défenseurs, et tout bon mélomane apprécie les deux à leur juste valeur. Les deux ont leur place dans l'échiquier musical, avec leur partition à jouer pour agrémenter les mélomanes de sonorités agréables. Seulement, il faut retenir que le Jazz, c'est la musique de base.

Si c'est la musique de base, quel est votre diagnostic par rapport au passé et au présent du Jazz en Afrique d'abord, au Sénégal ensuite, à Dakar enfin?

Le Jazz est né en Amérique. Mais, c'est une musique qui a ses origines lointaines en Afrique. C'est d'ici que les bras valides emmenés de force ont emporté ce brassage solide qui a bu à beaucoup de sources. Le passé est donc afro-américain, le présent est de plus en plus africain. C'est comme un retour aux sources, quand le Jazz est joué en Afrique. Parler de "African Jazz", c'est un peu comme un pléonasme. Pour son passé et son présent en Afrique, il est en train de revenir sur des symbioses avec les musiques traditionnelles africaines qui l'ont attendu et veulent entrer en osmose avec lui. Le passé et le présent au Sénégal est marqué par un métissage avec le Mbalakh. Certains groupes sénégalais font cette fusion, qui n'a rien d'une confusion, c'est une synergie d'énergie pour donner naissance à quelque chose de beau. Vous parlez bien de ce passé et de ce présent. Mais, quel est alors votre pronostic par rapport au futur de cette musique que les néophytes traitent de "touffue"? Et j'en revient encore à cette suprématie du Mbalakh sénégalais face au Jazz. Le Jazz n'est pas touffu, il n'est pas foutu non plus, il est du futur, puisqu'il renaît de chaque musique de recherche. Il a donc un futur mirobolant, parce qu'il se mélange aisément à d'autres recherches musicales. Mais, c'est une question de goût, lorsqu'on critique le Jazz. Des goûts et des couleurs, on ne discute point. Les simples adeptes du Mbalakh ne savent par exemple pas que Youssou Ndour a repris tous les morceaux de son dernier opus en style Jazz, et que ça marche fort hors du pays, jusqu'au-delà des mers. Abdoulaye Ndiaye, voilà un autre exemple, c'est un saxophoniste sénégalais vivant aux Usa. Il a repris beaucoup de morceaux Mbalax en Jazz. Un vrai travail de fonte et de refonte, de fusion et d'union, qui donne un résultat hautement apprécié par les mélomanes.

Situez-nous l'actuelle édition de Jazz à Dakar, dans le temps et dans l'espace.

Le festival "Jazz à Dakar", organisé par le "Club Sono Mondiale", se déroulera du vendredi 13 au samedi 14 Juin 2008 et aura pour cadre le Théâtre National Daniel Sorano. Placée sous le signe du Retour aux sources, comme dit tantôt, cette deuxième édition vise à favoriser un fécond échange entre des groupes divers et diversifiés, pour que Dakar retrouve son lustre d'antan en matière d'organisation d'événements culturels. Le public y est cordialement invité, les artistes y sont vivement invités. Le Jazz étant le père de toutes les musiques de recherche, tous les enfants de la musique recherchée sont conviés à ce festin musical.


0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email