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Conférence du président WADE à Paris : Comment la manifestation de l’opposition a été étouffée

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Conférence du président WADE à Paris : Comment la manifestation de l’opposition a été étouffée

Malgré les différents stratagèmes utilisés, l’opposition sénégalaise à Paris n’a pu manifester jeudi dernier durant la conférence du Chef de l’Etat, Me Wade. Faute à un service de sécurité français bien organisé et à l’intransigeance des forces de sécurité sénégalaises. Cette intransigeance des agents du protocole présidentiel et diplomatique sénégalais est poussée jusqu’au zèle au point que votre serviteur est giflé devant une foule médusée.

(Correspondance) - Dur, dur d’accéder à l’Amphithéâtre de l’Université Paris II Assas où le président de la République tenait, hier, une conférence sur l’Alliance Europe-Afrique suivie de la dédicace de son ouvrage sur ‘les Mathématiques de l’analyse économique moderne’. Il faut non seulement montrer patte blanche, mais il ne faut pas être soupçonné d’appartenir à l’opposition. En tous les cas, le ‘travail’ est partagé entre les policiers français et la sécurité protocolaire du chef de l’Etat. Aux alentours de l’Université, comme prévu, la police française veille au grain. Une dizaine de cars ont été mobilisés pour la circonstance. Certains d’entre eux font le tour de l’institution universitaire pour débusquer quelques tentatives de regroupements de personnes. ‘Nous sommes chargés de la sécurité publique. Toute manifestation est interdite aux abords de l’université d’autant plus que nous n’avons reçu d’autorisation de manifester’, lâche un agent de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs). Ses collègues, avec leurs casques bien vissés, dégagent un air sévère qui trahit leur intransigeance.

Au portail, le filtrage des entrées est assuré par les agents de sécurité de l’Université. A cet endroit, l’on doit présenter soit une carte étudiante ou un carton d’invitation pour pénétrer dans le grand hall de l’université. Et puisqu’il y a des va-et-vient des étudiants, cela permet à certains membres de l’opposition de passer entre les mailles des filets pour se retrouver sur le hall. Et ceux qui sont parvenus à accéder au hall sont des gens qui ne sont pas venus pour huer le chef de l’Etat.

Cependant à l’entrée de l’Amphi, la vérification des identités est confiée au service de sécurité de la délégation présidentielle et celui de l’Ambassade. On peut même apercevoir le Chef de protocole de l’Ambassade du Sénégal à Paris. Ils sont aidés par des militants libéraux qui connaissent bien les éventuels fauteurs de troubles. Visages renfrognés, mine grave, ces agents ne veulent rien savoir quand on ne dispose pas de carton d’invitation ou d’étudiants pour ceux qui sont inscrits dans cette université française. Plus grave, même si l’on en dispose et qu’on est estampillé à tort ou à raison ‘élément perturbateur’, l’accès de la salle est refusé.

Cette stratégie a limité l’infiltration des membres de l’opposition dans le hall. On apercevait quelques-uns, essentiellement des socialistes et des Rewmistes. Parmi les socialistes, on voyait Birahim Camara, secrétaire général de la coordination Ps en France, Doro Sy, chargé de la communication, entre autres. Au moment où le président de la République prononçait son discours, ces éléments de l’opposition distribuaient dans le hall des tracts qui tirent à boulets rouges sur la gestion de Wade. ‘La cécité politique, le pilotage à vue, le gaspillage et la gabegie financière face à la cherté de la vie, ne sauraient être davantage tolérés’, lit-on dans l’un des tracts. Pour ces membres de l’opposition, ‘le peuple doit prendre son destin en main avant qu’il ne soit trop tard’. Avant d’inviter les jeunes à ‘se battre contre le monstre’ pour ‘mettre fin à la maltraitance économique, morale et sociale que nous infligent Abdoualye Wade et son régime’.

Quand certains membres de l’opposition distribuent des tracts, d’autres tentent de tromper la vigilance des agents chargés de veiller au filtrage. En vain. N’ayant pas pu manifester à l’intérieur de la salle, les membres de l’opposition sénégalaise changent de tactique. Ils veulent maintenant attendre Wade à sa sortie du campus pédagogique de Paris II pour le huer. Là encore, il faudra être patient, car le discours du chef de l’Etat a traîné en longueur. Prévue de finir à 18 heures locales, la conférence ne prendra fin qu’à 19 heures passées. Et il faut passer à la séance de dédicace, organisée au premier étage du bâtiment universitaire. En plus de cette patience, il faut déjouer la vigilance des forces de sécurité françaises. L’un dans l’autre a empêché l’opposition sénégalaise à Paris d’exécuter leur plan d’action. Elle n’a pu que distribuer des tracts. Au moment où nous quittions l’Université Paris II, elle attendait la sortie du chef de l’Etat de sa séance de dédicace pour manifester.

Votre serviteur ne peut piper mot sur le discours du chef de l’Etat parce que tout simplement, il a été empêché d’accéder à la salle. Les agents de sécurité de l’Ambassade et ceux du protocole présidentiel lui ont signifié, après avoir été briefés, par un militant du Pds, qu’il fait partie ‘des éléments perturbateurs’ après, pourtant l’avoir laissé entrer une première fois. Malgré la présentation du coupon d’invitation, délivrée par l’Ambassade, malgré la carte de presse, les agents n’ont rien voulu entendre. Même la présentation de la carte d’étudiant, puisque votre serviteur est étudiant doctorant dans cette université, ne lui a pas permis d’accéder à la salle. A chaque fois, ces agents servent des explications invraisemblables. Ils disent qu’ils ont reçu des ordres d’en haut. De qui ? L’Ambassadeur ? On ne peut le croire puisque celui-ci avait convié une semaine avant les représentants de la presse sénégalaise à Paris pour préparer cette manifestation. Le Chef de protocole qui était présent dans les lieux ? On ne peut le croire non plus parce que son chef hiérarchique, c’est l’Ambassadeur. En tout cas, ils ont commis le pire puisqu’ils ont giflé votre serviteur qui insistait pour entrer et faire son travail de journaliste.

Mais il faut les comprendre ! Ce n’est pas la première fois qu’ils agissent ainsi. Il y a quelques mois, ces mêmes agents ont battu des membres de l’opposition devant la résidence de l’Ambassadeur du Sénégal à Paris. Avant ils avaient empêché les correspondants de Walf et Matin à assister à une conférence de presse du chef de l’Etat dans la même résidence.

En tous les cas, nous ne reculerons devant rien quand il s’agit de faire notre travail de journaliste. Parce qu’il s’agit d’un choix de vie.



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