Dimanche 28 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
International

ELECTION PRESIDENTIELLE GAMBIENNE : Yahya Jammeh indéracinable

Single Post
ELECTION PRESIDENTIELLE GAMBIENNE : Yahya Jammeh indéracinable

Yahya Jammeh, au pouvoir depuis douze ans a été sans surprise le grand favori et grand vainqueur de l’élection présidentielle gambienne qu’il a remporté avec 67 % des voix lors d’un scrutin à un tour. Président sortant il été opposé à Me Ousainou Darboe, du Parti de l’unité et de la démocratie (UDP) et Halifa Sallah de l’Alliance nationale pour le développement et la démocratie (NADD, coalition de trois partis).

Un verdict contesté par ses adversaires mais jugé valable par les observateurs qui ont salué le calme et la transparence qui ont prévalu dans l’ensemble malgré quelques imperfections notées ça et là.

Yahya Jammeh a remporté l’élection présidentielle gambienne avec le confortable pourcentage de 67 % laissant loin derrière Oussainu Darboe et Halifa Sallah, tous deux leaders de coalitions de partis politiques. Un scrutin qui s’est déroulé dans le calme, la clarté et la transparence, selon tous les observateurs nationaux et internationaux d’Afrique et d’Europe, bailleurs de Fonds.

Un verdict sans surprise d’ailleurs pour le président sortant qui, sûr de sa victoire, avait menacé de représailles tout fauteur de troubles ou protestataire post-électoral.

Une demi-heure à peine après la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale indépendante, il tenait une conférence de presse soulignant que sa reconduite à la tête de l’Etat est un témoignage de reconnaissance du peuple pour les efforts inlassables déployés douze ans durant, pour la paix, la stabilité et le développement de la Gambie.

Avec assurance, il déclare avoir l’ambition de faire de ce petit pays, le meilleur du monde. Modeste soldat sans grande instruction, il avait envisagé sans doute tout sauf de se retrouver président de la République. Pourtant, c’est ce qui lui arrive le 22 juillet 1994, lorsque, suite à une mutinerie, une junte militaire fait tomber le pouvoir chancelant de Dawda Jawara et le place à la tête de l’Etat. Sans programme ni stratégie politique, il emprunte le chemin le plus court : le mysticisme.

Il se barricade dans une volonté divine qui l’a propulsé à la tête de l’Etat et répand la rumeur d’être le fils d’un marabout super puissant qui l’aurait blindé contre tous et tout et que la seule solution qui s’offre aux Gambiens, c’est de se ranger derrière lui.

Pour pratiquer ce qu’il prêche, il enfile le parfait accoutrement du dévot avec grand boubou, chapelet, moyen et grand format et pour parfaire le tout, un Coran bien visible en main. Une stratégie efficace pour tenir en respect une population à majorité analphabète et féodale. Les populations, tenues bien sages comme des écoliers devant leur maître, sa volonté de bien faire suffit pour le reste.

Il a réussi pendant douze ans à maintenir la stabilité et à gérer avec rigueur les maigres ressources tirées de la pêche et le tourisme, malgré le chômage endémique des jeunes qui constituent une bombe à retardement.

La campagne électorale pour un nouveau bail avec le peuple gambien a été menée avec son lot d’incertitudes, mais surtout sa part d’angoisse et de peur de perdre. Entre-temps, il a été victime du syndrome d’un exercice solitaire du pouvoir, qui a perdu pas mal de dirigeants africains. Autour de lui, s’est progressivement constitué une caste de courtisans plus soucieux de plaire pour garder leurs avantages et privilèges que d’être des agents efficaces au service du chef de l’Etat et de la Nation. Les tentatives de coup d’Etat contre le régime en 1994, 1995, 1996, et 2000 et surtout la répression dans le sang d’une manifestation d’élèves ont fini d’installer une peur bleu du régime parmi la population, mais aussi une peur bleu de Yahya Jammeh, pour l’après pouvoir.

Il avait pris les devants en se donnant le grade de colonel pour avoir une main-mise sur l’Armée, avant de retourner à la vie civile en 1997.

Avec autant de violence et de répression en douze ans, il n’a pas de solution autre que de remporter les élections face aux incertitudes liées à une chute du régime.

C’est pourquoi, il est entré en campagne dans la ferme intention de ne pas perdre et use à fond de ruse. Il recourt encore une fois au mysticisme et a, toute la campagne durant, indiqué être au pouvoir par la grâce divine et qu’une simple élection ne pourra pas le faire quitter, laissant penser que tout vote contre lui est assimilable à une tentative de défaire ce que Dieu a fait.

Pendant ce temps, ses militaires en armes portant ses portraits et effigies l’encadrent et forment même des troupes de danse qui ont largement occupé la télévision, fait campagne à travers le pays et même intimidé les populations en milieu rural, selon l’opposition.

Lors de la proclamation des résultats, ils ont été les plus euphoriques pour célébrer la victoire de leur colonel retourné à la vie civile, chef d’Etat et chef suprême des Armées.

LENDEMAINS ELECTORAUX : Appel à tous pour le développement national

Le président Yahya Jammeh auréolé a, lors d’une conférence de presse, estimé que sa victoire est une reconnaissance par les Gambiens des efforts inlassables qu’il n’a cessé de déployer depuis 1994 pour la prospérité de la Gambie. Fort d’un mandat de cinq ans, il a projeté d’éradiquer la pauvreté du pays dans les cinq ans à venir et qu’il a l’ambition de faire de la Gambie l’un des meilleurs pays au monde.

Il a cité plusieurs projets pour améliorer les conditions de vie dont l’une est de transformer le pays en une « Silicon Valley » de l’Afrique.

Le projet est prévu pour démarrer dès le mois d’octobre et c’est 100.000 emplois qui sont offertes aux jeunes à travers l’école de formation et l’assemblage d’ordinateurs, entre autres. D’autres emplois devraient suivre avec l’installation d’une usine textile. Pour atteindre ces objectifs, le nouveau président a lancé un appel à tous pour se remettre au travail, laissant entendre qu’il reste ouvert au dialogue avec l’opposition, persuadé que la Gambie ne se fera pas sans les Gambiens.

L’entreprise de développement national, lance-t-il dans un élan patriotique, nécessite la participation de tous et qu’adversaires le temps de la campagne, il veut que tous se donnent la main pour relever les défis.

Revenant sur la liberté de presse et l’affaire Deydah Hydara, le président Jammeh a rappelé que la liberté de presse ne signifie pas liberté d’agresser verbalement, de diffamer ou d’attaquer les personnes dans leur vie privée, en toute impunité. Il a souligné que les journalistes ne sont pas au-dessus des lois et doivent répondre de leurs écrits et actes devant les tribunaux. Il a indiqué que ceux qui soupçonnent le régime dans le meurtre de Deydah Hydara peuvent aller chercher ailleurs et qu’il est venu au pouvoir pour gouverner et non pour tuer, soulignant que Deyda Hydara ne disait pas pire que d’autres journalistes ou l’opposition et qu’ils ne sont pas inquiétés et qu’au pire, ils devront répondre de leurs actes devant la justice.

Il a rappelé qu’il y a constamment des meurtres et assassinats et que ce n’est pas parce que c’est un journaliste que cela prend un relief particulier, notamment politique. Interrogé sur l’émigration clandestine, le président Jammeh souligne que depuis que le monde est monde, l’émigration existe et que les Européens sont les premiers émigrés à travers le monde et que pendant plus de 400 ans, ils ont exploité l’Afrique et tout emporté chez eux, pour se développer et qu’ils doivent pouvoir tolérer les Africains qu’ils ont pillés et appauvris hier.

Sur le Darfour, il a plaidé pour que la communauté internationale fasse confiance à l’Afrique et fournisse à l’Union africaine les moyens de trouver des solutions. Il a rappelé que la crise du Libéria était plus grave mais que le Cedeao a réussi à le régler à travers l’Ecomog. Les problèmes africains doivent être réglés par les Africains eux mêmes.

OBSERVATIONS DU FORUM OUEST-AFRICAIN DES SOCIETES CIVILES : Satisfecit malgré des insuffisances

Le Forum ouest-africain des sociétés civiles (Wacsof), qui avait déployé dix observateurs nationaux et vingt locaux pour la supervision du scrutin, s’est félicité de la paix et du calme qui ont prévalu durant le scrutin. Lors d’une conférence de presse, le Pr Oumar Ndongo, coordonnateur des superviseurs, a adressé ses remerciements au peuple gambien, au gouvernement et à la Commission électorale indépendante.

Il a mis l’accent sur la participation massive des populations, notamment des jeunes, au processus électoral, la bonne tenue des commissions et bureaux de vote et la disponibilité du matériel électoral. Cependant, le Forum constaté l’absence des posters des autres candidats en ville et déploré l’existence de bureaux à l’air libre, exposant les électeurs aux intempéries. Il a aussi déploré la présence de bureaux dans des résidences et autres domiciles privés et estimé que le processus gagnerait en transparence dans des lieux publics neutres et connus de tous.

Il a aussi déploré la présence des militaires dans les bureaux et centres de vote, source d’intimidation pour plusieurs électeurs, le vote de mineurs signalé dans certaines localités.

Le Forum a aussi mis l’accent sur le registre des insuffisances, l’enclavement de certains bureaux et l’absence de signalisation, faisant que des électeurs ont mis du temps à retrouver leurs bureaux de vote, alors que d’autres, découragés, sont rentrés chez eux. Il a aussi déploré la diffusion insuffisante de l’extension de l’heure de clôture, compte tenu de la pluie qui avait perturbé le vote pendant un temps. Pour le système électoral, le Wacsof a indiqué que le vote avec des billes est simple et rapide, mais n’est pas très fiable, car ne permettant pas de détecter d’éventuels cas de fraude.

HALIFA SALLAH, CHEF DE FILE DE LA NADD : « Nous avons privilégié la promotion de la démocratie citoyenne »

Le leader de l’Alliance nationale pour la démocratie et le développement (Nadd), Halifa Sallah, cache mal la déception d’avoir perdu les élections, surtout qu’il pensait tirer profit d’une forte adhésion populaire, suite à l’unité affichée par plusieurs partis politiques derrière lui. Son credo de campagne, a-t-il souligné, avait été la promotion et l’approfondissement de la démocratie, amener les populations à se réapproprier leur citoyenneté.

À l’opposé, a-t-il indiqué, Yahya Jammeh n’est pas entré en campagne en tant que candidat au même titre que les autres, mais en chef d’Etat venu pour gagner à tout prix. Par conséquent, il a usé et abusé des moyens de l’Etat avec le soutien actif et agressif des militaires et policiers, mais aussi des opérateurs économiques et autres personnes influentes qui ont pensé qu’il valait mieux, pour eux, être de son côté. Une ambiance de peur et de suspicion qui a installé un découragement chez certains, qui se sont dit que leur vote contre Yahya ne servira à rien ; d’autres ayant choisi de basculer carrément pour suivre une tendance qu’ils jugent irréversible.

La Nadd est capable de sauver le pays, selon M. Sallah, qui a souligné que les masses populaires ont compris le message délivré durant la campagne, mais que compte tenu de l’ambiance et des méthodes utilisées par le gouvernement, le message clair délivré durant la campagne ne s’est pas reflété par les suffrages exprimés.

Il a indiqué prendre acte des résultats, mais qu’il ne félicitera pas Yahya Jammeh, à cause de sa stratégie de reconquête du pouvoir, consistant à répéter à longueur de campagne à qui voulait l’entendre que nul ne peut le faire partir.

« Yahya Jammeh se prend pour la loi et l’Etat et de ce fait, il est craint, a-t-il dit, soulignant que c’est un chef qui menace et passe à l’action de façon arbitraire. Il a cité le cas de Douta Kamasso, un député qu’il a renvoyé du parti et de l’Assemblée nationale, avant de l’arrêter et le détenir sans procès.

Le leader de la Nadd a tenu à l’inciter à mieux coller aux aspirations du peuple, mieux se conformer à la loi et à l’éthique et mieux respecter la liberté de presse et les droits de l’Homme.

Le pouvoir autocratique de Yahya Jammeh, a-t-il dit, est trop lourd pour les populations et ce n’est pas la meilleure façon de gouverner des hommes.

Il a évoqué la situation des droits de l’Homme et souligné que son importance justifie la création d’un ministère de la Justice et des Droits de l’Homme. Rappelant avoir repoussé deux fois des offres de poste ministériel, Halifa Sallah a indiqué ne pas vouloir le pouvoir pour le pouvoir, mais d’œuvrer pour le renforcement et le respect des institutions républicaines et une pratique saine de jeu démocratique. La campagne électorale, a-t-il estimé est un moment propice pour sensibiliser les populations et promouvoir la démocratie citoyenne, celle qui amène les populations à contrôler et vérifier la gestion des dirigeants et des moyens mis à leur disposition.

Il a par ailleurs évoqué les relations avec le Sénégal et indiqué que le constat d’un peuple séparé en deux Etats doit sortir du cadre de simple slogan et se traduire par une plus grande concertation entre les Exécutifs, les Législatifs, les Justices, les associations de femmes, de jeunes et de la Société civile.

C’est la première étape vers l’intégration sous-régionale et africaine, qui doit se faire par les peuples, qui entraîneront dans leur sillage les chefs d’Etat.

La Nadd a été le porte-voix des populations et constitue l’espoir pour avoir réussi à conquérir les cœurs et les esprits, en attendant les votes, a-t–il dit.

Il a nourri l’espoir que les choses iront mieux aux élections législatives, fondant son optimisme sur le fait que le pouvoir a fait des promesses qu’il ne pourra pas tenir.

Me OUSSAINU DARBOE LEADER DE L’UDP : « Nous rejetons les résultats de cette farce électorale »

« L’élection a été une véritable farce, sans crédibilité aucune. Nous avons des preuves d’intimidation des militaires sur les populations, mais aussi de leur ingérence dans le scrutin, de même que l’administration aussi. Il y a eu beaucoup d’intimidation et d’ingérence, surtout en milieu rural.

Des militaires et des fonctionnaires sans cartes ont massivement voté pour Yahya Jammeh ». C’est la série de griefs que Me Oussainu Darboe, candidat malheureux du Parti de l’unité et de la démocratie (Udp) a retenus contre son adversaire et président sortant.

Selon Me Darboe, l’opposition était dispersée et l’ambiance n’a pas été favorable à une réelle expression de la démocratie, car il a été impossible de mener une campagne sereine. Il a reproché au président sortant Yahya Jammeh d’être venu dans l’intention de libérations un score de 55, 8 pour cent, suffisant pour qu'il gagn=justify>Le gouvernement, selon Me Darboe, a dressé une liste de toutes les localités où il a perdu lors des dernières élections et ses partisans aidés par l’armée ont menacé les populations en cas de défaite. Il a indiqué que les posters, affiches ou effigies des candidats de l’opposition étaient absentes des murs car les jeunes chargés de les afficher étaient agressés et si malgré tout, ils parvenaient à les apposer, leurs adversaires les déchiraient dès qu’ils tournaient le dos.

Exemple de ce climat tendu, Il a rappelé qu’un journaliste, qui a fait un simple compte rendu d’un de ses meetings, a été renvoyé par la Radio-télévision gambienne et que plus aucun autre journaliste des médiats d’Etat n’a osé venir suivre sa campagne.

Il a estimé que la Commission électorale indépendante (Cei) chargée de superviser la campagne est loin d’être indépendante et qu’il détient des procès-verbaux de bureaux de vote qu’un député du Aprc, parti de Yahya Jammeh, a signés à la place du représentant de la Cei et que le président de la commission les a comptabilisés, sans oser rechigner. C’est une ensemble de faits attestés qui font, dit-il, que l’Udp rejette les résultats et entend faire appel.

À ceux qui lui ont reproché d’avoir fait éclater la coalition de l’opposition, il a dit que la fin du processus a administré la preuve que l’unité n’allait pas changer grand chose et que si toute l’opposition était unie et que le système demeure injuste, rien ne change.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email