BANJUL (AFP) - vendredi 15 décembre 2006 - 18h42 - Le président gambien Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 12 ans, a prêté serment vendredi à Banjul pour un troisième mandat de cinq ans à la tête du petit Etat anglophone enclavé dans le Sénégal.
La cérémonie d'investiture s'est déroulée au Stade de l'indépendance de Baucau, dans la banlieue est de Banjul, devant plus de 30.000 personnes dont certaines arboraient des banderoles, tee-shirts et chapeaux aux couleurs de l'APRC (Alliance patriotique pour la réorientation et la construction, au pouvoir) et à l'effigie de Jammeh.
Vêtu de son habituel boubou blanc et d'un bonnet assorti, le président âgé de 41 ans a prêté serment sur le Coran devant le président de la Cour Suprême Abdou Karim Savage, garant de la Constitution de ce pays à majorité musulman.
Une fois officiellement investi, M. Jammeh a prononcé un discours appelant notamment ses compatriotes à oeuvrer pour le développement du pays.
"J'appelle tous les Gambiens, quelles que soient leurs tendances politiques, origine ou religion, à s'unir et travailler pour le développement socio-économique de la Gambie", a déclaré le président Jammeh, avant de promettre de lutter contre "la pauvreté" et "le chômage des jeunes".
Les présidents nigérian Olusegun Obasanjo, mauritanien Ely Ould Mohamed Vall, togolais Faure Eyadéma, éthiopien Girma Wolde Giorgis et le Premier ministre marocain Driss Jettou étaient présents à cette cérémonie.
Le chef du gouvernement taiwanais Su Tseng-Chang avait aussi fait le déplacement pour marquer le soutien de son pays à l'une des cinq nations africaines à encore reconnaître la république de Taïwan malgré les pressions diplomatiques chinoises.
L'ancien président Dawda Jawara, au pouvoir entre 1965 et 1994 avant d'être renversé par un coup d'Etat militaire mené par Jammeh, figurait également dans l'assistance au stade de l'Indépendance, a-t-on constaté.
Le chef de l'Etat gambien a remporté le 22 septembre dernier sa troisième présidentielle consécutive (après 1996 et 2001) avec plus de 67% des suffrages à l'issue du scrutin à un seul tour.
Lors de la campagne électorale, il avait confié son intention de demeurer à la tête du pays "pour les 40 prochaines années", ce qui a été rendu possible en 2002 par un amendement constitutionnel rendant les mandats présidentiels illimités.
Son principal opposant, l'avocat Ousainou Darboe, persiste à rejeter la victoire de M. Jammeh, estimant que l'élection n'était "ni libre ni juste" et évoquant des actes d'intimidation à l'encontre des électeurs.
La mission d'observation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) avait quant à elle qualifié le scrutin de septembre de "globalement pacifique, libre, transparent et juste".
La Gambie, destination privilégiée des touristes européens, fait régulièrement l'objet de critiques au sujet du harcèlement dont sont victimes les journalistes.
Dans un communiqué reçu vendredi par l'AFP à Dakar, l'organisation Reporters sans frontières (RSF) a affirmé que l'investiture de Jammeh est "entachée par deux ans d'impunité" qui ont suivi l'assassinat fin 2004 du journaliste Deyda Hydara, correspondant de l'Agence France-Presse (AFP) et de RSF en Gambie.
Dans le texte, RSF a rappelé aux dignitaires étrangers présents aux cérémonies d'investiture que la journée de samedi doit marquer "le deuxième anniversaire de l'assassinat encore impuni du journaliste" et évoqué un bilan "épouvantable" de Yahya Jammeh en termes de liberté de la presse.
Samedi, des "célébrations de la victoire du 22 septembre" sont prévues place du 22 juillet, dans le centre-ville de Banjul.
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