La politique, c’est comme le feu ; ça mijote des soupes mais brûle les maladroits. Ces derniers, quelle que soit la sévérité des brûlures d’antan, y reviennent toujours, dissimulant leurs pansements ou cicatrices. A croire que c’est seulement auprès d’un foyer où leur insignifiance trouve pitance, raison d’être et honorabilité.
De cette fournaise politique se dégage une fumée si épaisse qu’il est quasiment impossible de savoir qui est avec qui. Les alliances se font et se défont au gré des intérêts…Les ennemis d’hier se donnent l’accolade, poignard en poche. Le drame est qu’aucun de ces marmitons s’agitant autour du feu ne détient la moindre recette pour améliorer le quotidien des Sénégalais.
La politique a cette particularité étrange d’élever les grands esprits et d’exalter les médiocres. A la question de savoir ce qu’il faut pour être un bon politicien, la réponse tombe toute simple : beaucoup de bagout et une bonne dose de cynisme. D’où l’expression « daf may politik » encore employée au sujet de quelqu’un dont on redoute les coups tordus.
J.F. Kennedy était doué en ce qu’on appelait «la politique des deux fers au feu » qui lui permettait, par exemple, de faire des "avances diplomatiques" à Castro et planifier son renversement. C’est l’exercice quotidien de notre Gorgui national de toujours avoir deux situations ou individus antagonistes sur le gril. Il utilise alliés et opposants pour atteindre le même objectif : les séduire pour les détruire, à leur insu.
La politique s’adonne également à l’usure lorsque l’Etat agit comme un marchand de vivres sans scrupules, en période de pénurie. L’affamé accepte la pratique imposée, le vertueux proteste, les rabatteurs se réjouissent. Comparaison pour comparaison, l’offre à n’importe quelle condition des céréales du boutiquier est la même que celle d’un ministère des égouts. C’est dire que dans cet univers sans grande foi, la pratique de l’usure n’ébrèche pas les consciences et son taux s’ajuste à la tête du client.
Comme par hasard, usure signifie également ce qui s’use par le temps. L’usure est fatale en tout sauf en politique made in Senegal. Là, contrairement à l’ancienne Pub de Pile Wonder, « le politicien ne s’use que si l’on ne s’en sert pas » ; tant il est vrai que dans un atelier en voie de modernisation, seuls les vieux outils rassurent le vieux patron. Il sait toujours comment les utiliser. L’image même de ce train gouvernemental dont le vieux chef de gare a toujours recours aux vieux cheminots.
Parce que chez ces gens là
Ça n’ démissionne pas Monsieur
Non, ça n ‘ s’en va pas
Ça crève de ne pas s’en aller !
0 Commentaires
Participer à la Discussion