Tout comme le fameux « syndrome de Stockholm » où l’otage s’identifie à son oppresseur après une longue période de détention, les vieux couples, par une sorte de transmutation biophysiologique, finissent par avoir les mêmes travers, les mêmes manies. Après trois cents ans de concubinage, la France et le Sénégal laissent apparaître de troublantes similitudes.
Dans le tome 2 de son ouvrage « De Gaulle, mon père », l’Amiral Philippe rapporte que le Général de Gaulle disait de François Mitterrand, son teigneux adversaire, qu’il le trouvait « insaisissable, cynique, mais aussi astucieux et séducteur…”Qu’il était surtout frappé par « son manque de sincérité et le mépris qu'il avait de ses interlocuteurs; qu’il ne croyait à rien qu'en lui-même et n'avait d'ambition que pour lui-même ».
Similitude, chez nous ? Il suffit de dialoguer avec l'incontournable Gardien de la République…Hallucinant !
De Gaulle esquisse, dans ses notes, le portrait de Michel Debré : « assuré de soi, conscient de ce qu'il vaut, trop assuré pour renoncer, trop ambitieux pour être arriviste, trop personnel pour faire fi des autres, trop prudent pour ne point risquer ; sa philosophie c'est l'ajustement ».
Similitude ? Difficile de ne pas penser à quelque ancien premier ministre, bien de chez nous, très sûr de lui et qui s’évertue à s’ajuster dans son nouveau statut d’opposant. « La mollesse française est d’une extrême épaisseur » assénait le Général. Similitude ? Le masla à la sénégalaise repose mollement sur d’intolérables faiblesses.
L’Amiral Philippe rappelle, dans le même ouvrage, la célèbre boutade du paternel: « les Français sont des veaux… Ils sont bons pour le massacre… N'ont que ce qu'ils méritent. Ils sont courageux dans l'action, téméraires au combat, mais vite découragés et jamais contents…: Ils sont palabreurs et n'arrivent à s'unir que face au danger. »
Similitude ? A deux précisions près: la première est que le danger, chez nous, se trouve exclusivement dans la pénurie des denrées domestiques; la seconde est qu’on dit au Sénégal « Nous ne sommes pas des moutons ». Même si l’on se laisse immoler pour le ravitaillement en côtelettes des gosiers fins. Comme quoi, au propre aussi bien qu’au figuré, veaux et agneaux renvoient à cet esprit sylleptique ou facétieux commun aux deux peuples.
Dernière et troublante similitude ?
Notre impérial Président que les gens mal inspirés prennent pour un disciple de Machiavel ne tressaille, en réalité, qu’aux oracles de Saint Bonaparte qui pontifiait que « l’art de gouverner les hommes consiste à ne pas laisser vieillir les hommes dans leur poste ». D’où baptême et sacrifice rituels d’un ministre par semestre, pour une rime parfaite de liturgie gouvernementale. Alléluia !
Amadou Gueye Ngom
Critique Social
0 Commentaires
Participer à la Discussion