Ce projet controversé a été adopté avec 74 voix pour et 20 contre, soit deux voix seulement de plus que la majorité des 3/5e des voix requises pour effectuer un changement de la Constitution. L'assemblée compte 120 députés.
Le nombre de députés présents et d'éventuelles absentions ou votes blancs n'ont pas été communiqués.
Avec cette nouvelle loi, la disposition de l'article 33 de la Constitution, dite du "quart bloquant", selon laquelle "nul ne peut être élu au premier tour s'il n'a obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés représentant au moins le quart des électeurs inscrits", est supprimée.
Introduit pour la première fois dans le code électoral en 1992, le "quart bloquant" avait été une première fois supprimé en 1998 sous le président socialiste Abdou Diouf avant d'être réintroduit en 2001 par le régime du président Abdoulaye Wade, élu un an plus tôt.
La réforme constitutionnelle adoptée vendredi et contestée par l'opposition, intervient juste avant les élection présidentielle et législatives de février 2007. Le président sortant, Abdoulaye Wade, 80 ans, est candidat à sa propre succession.
Officiellement, la coalition au pouvoir, dont la principale composante est le Parti démocratique sénégalais (Pds) du président Abdoulaye Wade, compte 90 députés à l'Assemblée.
Mais selon les observateurs, une douzaine de députés membres du Pds, présentés comme des proches de l'ex-Premier ministre Idrissa Seck, sont de fait opposés à la direction de leur parti.
Un temps dauphin désigné du président Wade, M. Seck avait été emprisonné d'août 2005 à février 2006 pour des détournements de fonds présumés lors de travaux dans la ville de Thiès (70 kilomètres à l'est de Dakar), dont il est le maire.
Il est candidat à la présidentielle de février.
Cinq députés de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt) ont en outre quitté la majorité à l'Assemblée après le limogeage de leurs deux ministres dans le gouvernement en mars 2005.
Justifiant la réforme constitutionnelle, le gouvernement sénégalais a indiqué qu'"avec plus de 5 millions d'inscrits (sur les listes électorales pour les élections de février), le +quart bloquant+ peut créer une situation absurde, le vote n'étant pas obligatoire".
Ainsi, pour être élu au premier tour, il faut au moins 1,25 million de voix, un chiffre que le gouvernement trouve "absurde" dans la mesure où sur le plus de 5 millions d'incrits, beaucoup l'ont fait, non pas pour voter mais pour se procurer une carte d'identité numérisée délivrée en même temps temps qu'une carte d'électeur.
Le nombre d'électeurs inscrits, qui était estimé à 2,5 millions lors des dernières législatives de 2001, a plus que doublé pour atteindre plus de 5 millions cette année.
"Notre démarche participe du renforcement de la démocratie", a déclaré le ministre sénégalais de la Justice, Cheikh Tidiane Sy.
Pour le député Demba Sow (majorité), "le +quart bloquant+ est injuste parce qu'il permet à des abstentionnistes d'empêcher l'élection d'un président de la République".
Pour sa part, le député Madieyna Diouf (opposition) a indiqué que la suppression du "quart bloquant" pour "des raisons électoralistes" est "un recul de la démocratie".
Pour Mamadou Diop du Parti socialiste (opposition, ex-parti au pouvoir), "le projet de loi (qui a été adopté) est inopportun et dangereux pour le fonctionnement des institutions".
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