Après Youssou Ndour, Bara Tall se radicalise : un opposant qui pourrait faire mal à Wade, qui cherche solution

XIBAR.NET (Dakar, 08 Avril 2010) - Le patron de Jean Lefebvre Sénégal Bara Tall est assurément une victime du président Wade et de son fils. Mais l’entrepreneur n’entend plus subir les coups de boutoir du régime libéral sans réagir. Il a annoncé la création d’un mouvement citoyen. Une décision qui pourrait coûter au régime en place, eu égard aux moyens et aux relations du nouvel insurgé, pour lequel les Sénégalais éprouvent de plus en plus de la sympathie.Ce que sachant, le président Wade cherche les moyens de se le réconcilier.

Bara Tall a annoncé, depuis les Etats-Unis d’Amérique qu’il reviendra dans sa ville natale de Thiès pour porter sur les fonts baptismaux son « mouvement citoyen », dont l’objectif sera de fédérer les forces de la société civile. Il n’a pas pour ambition de devenir président de la République. Il compte plutôt barrer la route à ceux «qui jouaient aux dames sous (sa) fenêtre ». Autrement, le régime du président Wade. C’était du temps de sa splendeur, au moment où eux traversaient le désert.

Son choix de lancer son mouvement, à partir de sa ville natale de Thiès, où il a fait ses études jusqu’à sortir comme ingénieur n’est pas fortuit. Car, c’est pour les chantiers qu’il y a réalisés en 2004, qu’il a été embastillé à Rebeuss, avant de jouir d’un non lieu total. Thiès est une ville rebelle, où Bara Tall risque de rogner sur l’électorat de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, qui fut emprisonné, comme lui, dans le cadre des mêmes chantiers de Thiès.

Le président Wade a un autre adversaire de taille, parce que Bara Tall employait 1000 personnes, dont les familles se demandent de quoi demain sera fait, parce que du fait de Wade et son fils, Jean Lefebvre Sénégal où il travaillait est écarté , arbitrairement, des marchés publics. Ses employés et leurs familles risquent bien d’être de son côté. Il s’y ajoute que les Sénégalais sont portés à soutenir la cause de ceux qu’ils considèrent comme martyrs. En atteste le soutien qu’ils avaient apporté à Djibo Kâ en 1998 et celui qui permit à Idrissa Seck de se classer deuxième, à l’occasion de la présidentielle de 2007.

Bara Tall est, également, un adversaire redoutable, parce qu’il fut milliardaire. Il n’est pas devenu pauvre comme Job et dispose d’un groupe de presse, qui ne manquera pas de relayer ses messages. Il s’y ajoute qu’il ne manque pas d’entregent, pour être un polytechnicien ayant réussi à racheter l’entreprise, dont il était l’employé. Il a des connexions avec les socialistes, parce que c’est sa proximité avec eux que les Wade le font payer. Une pierre risque de retomber sur leurs pieds, d’autant que Bara Tall semble avoir atteint un point de non retour. Il s’y ajoute que sa déclaration coïncide avec celle de son ami, le célèbre chanteur Youssou Ndour et non moins patron du groupe Futurs médias.

Lui aussi est combattu par les Wade et n’entend plus se laisser faire. C’est dire que le cercle des adversaires des Wade s’élargit. Et, attention à la probable jonction Bara Tall, Youssou Ndour et d’autres réussites avant l’alternance, que le président Wade a tenté de briser. Elles font lésion. Briefé sur les conséquences qui pourraient découler de tous ces fronts, Wade chercherait à trouver des solutions pour contenter les uns et les autres, afin de ne se retrouver à la prochaine élection présidentielle que face à l’opposition classique.