APRES LE COMMUNIQUE DE DEMENTI DE LA PRESIDENCELes boycotteurs affichent le mépris et comptent maintenir la pression

Réagissant au communiqué publié, hier, par Me El Hadji Amadou Sall, Massène Niang, Coordonnateur national du Mouvement pour le socialisme et l’unité (Msu), précise d’emblée que les leaders de l’opposition qui ont choisi de boycotter les élections législatives n’ont « jamais demandé un report des législatives ». Et d’expliquer : « Nous avions adressé une lettre à Wade pour lui dire que nous souhaitions le rencontrer pour que les dysfonctionnements du processus électoral puissent être corrigés. Sur son initiative, Pierre Goudiaby Atépa a rencontré Dansokho et Tanor. Ces derniers ont fait le compte-rendu de leur rencontre avec Atépa à la Conférence des leaders. A les en croire, ils ont dit à Atépa qu’ils ne pouvaient pas traiter avec lui, parce qu’ils n’avaient pas été mandatés par la Conférence des leaders et qu’ils attendaient la réponse de Wade à notre lettre ». Le porte-parole de la « Coalition Alternative 2007 » poursuit en révélant : « Pierre Goudiaby Atépa a appelé Dansokho le vendredi soir, alors que nous revenions de Kaffrine, pour lui dire que Wade a accepté de nous recevoir et qu’il allait même répondre à notre correspondance. Si Wade ne veut pas nous recevoir, c’est son problème. Nous allons continuer notre combat. Les libéraux sont des jongleurs. C’est dans leur camp où il y a des spéculateurs ». De son côté, le professeur Abdoulaye Bathily, Secrétaire général de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt), dit prendre acte de la teneur du communiqué du porte-parole du président Wade. « Nous, ce que nous demandons, c’est l’installation d’un dialogue politique, comme c’est le cas depuis 1992. Nous n’avons pas demandé une médiation. Le peuple est témoin que celui qui a profité du dialogue politique a tourné le dos au dialogue politique », dit-il, avant que Ousmane Badiane, le chargé des élections des « jallarbistes », n’embouche la même trompette. « C’est un minimum de démocratie que Wade nous reçoive, pour qu’on puisse faire ensemble une évaluation critique de l’élection présidentielle et en tirer les leçons. Nous ne quémandons pas un report des législatives. Nous exigeons tout simplement le respect de notre droit, nous n’avons pas à le reconnaître. Son devoir, c’est d’organiser un dialogue politique. Toute autre considération ne nous intéresse pas. Nous n’avons mandaté personne auprès de lui ».

Bathily : « Le peuple est témoin que celui qui a profité du dialogue politique a tourné le dos au dialogue politique »

Même son de cloche du côté du Secrétaire général de la Fédération des écologistes du Sénégal, El Ali Haïdar : « Nous avons écrit une lettre à Wade et nous attendons sa réponse. Ce que Atépa et lui disent ne nous intéresse pas. C’est irresponsable de sa part qu’il refuse de nous rencontrer ». Cheikh Sarr, leader de Ñaxx jariñu/Mouvement pour l’alternance générationnelle, ne dit pas autre chose : « Nous n’avons jamais compté sur des médiations pour obtenir des concertations. Nous avons pris toutes nos responsabilités en boycottant les législatives. Nous allons continuer notre campagne pour démontrer à Wade, qui est en train de mettre le pays en danger en remettant en cause le système démocratique, que le Sénégal ne lui appartient pas ». Abdoulaye Wilane, chargé de communication du Parti socialiste (Ps), analyse plus finement la question. « Avec ce communiqué de Me Sall, nous sommes devant une situation où c’est sa parole contre celle de Atépa. En qui croire ? Moi, personnellement, je n’accorde de crédit ni à l’un, ni à l’autre, parce que nous sommes sur le terrain politique où je ne crois qu’en la réalité. Une volonté politique, on ne la fait pas proclamer, on l’incarne, on la décline ». Avant d’ajouter : « Mes aînés que sont les leaders de l’opposition ne sont ni naïfs, ni romantiques, encore moins essoufflés dans le cadre du boycott actif. Au contraire, ils doivent se sentir dopés et encouragés par la détermination des couches populaires, partout au Sénégal, qui sont prêtes à en découdre avec le régime libéral. Nous sommes à la croisée des chemins et nul n’a le droit à l’erreur parmi nous ». Faisant remarquer que « voilà 07 ans qu’à chaque fois que l’opposition tient le bon bout, par des calculs à la petite semaine, à la suite de claquement des doigts, pour rencontrer les uns et les autres, Wade nous fait changer de fusil d’épaule », le camarade de parti d’Ousmane Tanor Dieng considère qu’il est temps que « l’opposition sache ce qu’elle veut, pour en convaincre les Sénégalais ». Pour boucler la boucle, Wilane ne manque pas de brocarder Me Wade qui, selon lui, est « un redoutable manoeuvrier, qui n’a honte de rien. Ce qui importe pour lui, c’est la gagne. Pour lui, la fin justifie les moyens ». La porte-parole des progressistes, Hélène Tine, ne dit pas le contraire : « La démarche de l’opposition n’a jamais été de demander le report des législatives. Nous avons demandé qu’il y ait une concertation. Si Wade veut mériter les prix qu’il a reçus, il ne doit pas refuser le dialogue. Peut-être qu’il veut transformer le pays en monarchie ». Pour sa part, le porte-parole de Rewmi, Omar Sarr, se veut très clair : « Un refus ou une acceptation de notre demande d’audience, ça ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse, c’est le déroulement de notre plan d’action ».