"J’ai tout compris, parce que je ne suis pas un enfant. Mais j’ose croire au regard de tout ce que j’ai fait à vos côtés, vous m’amenerez une orange en prison". C’est par cette phrase adressée au Président Wade, le 2 novembre dernier, que le patron de l’entreprise Jean Lefèbvre boucle la suite des face-à-face qu’il a eus avec les plus hautes autorités de la République. Les carottes sont donc cuites pour lui et il sait qu’au sortir de cette rencontre infructueuse avec le Président Wade, la machine judiciaire sera inévitabelemnt déclenchée. Qu’est ce que donc lui propose le Président Wade qui braque ainsi Bara Tall : de se constituer en agneau du sacrifice pour atteindre la cible politique qu’est Idrissa Seck. Pour le reste, le pouvoir se charge de lui épargner la prison.
Le Populaire qui fait ses révélations indique ainsi que c’est Pierre Goudiaby Atépa qui a ferraillé pour permettre le face-à-face entre les deux hommes. Mais l’audience se passe très mal. Me Wade et Bara Tall ne s’entendent sur rien. En effet, lorsque Wade a signifié à Bara Tall qu’il a donné de "fermes instructions" pour que "le montant de la caution soit diminué", Bara Tall lui répond qu’il n’est pas dans cette dynamique parce que se considérant innocent, il n’a jamais été question de donner "une quelconque caution". Le Populaire ne l’écrit pas, mais la fin de l’audience, sera très houleuse. Pour comprendre cette colère de Wade, suite au refus de Bara Tall de jouer son jeu, il faudra aussi revenir sur les tractations qui ont précédé la rencontre entre Bara Tall et Me Wade, président de la République.
En effet, l’homme d’affaires a plusieurs fois été contacté par les plus hautes autorités du pays. "Elles sont légion, les autorités qui ont approché Bara Tall pour le "raisonner" (...) allant même jusqu’à proposer de lui "prêter" de quoi cautionner et lui assurer une légère inculpation sans même le placer sous mandat de dépôt. L’essentiel étant d’atteindre Idrissa Seck. Bara Tall, rapporte le Populaire, a été intraitable : "Si vous me donnez 100 milliards, je ne cautionnerai pas un seul centime". Une réponse qui ne manque pas d’énerver les autorités à qui Bara Tall dit invariablement : "j’ai déjà préparé mon baluchon".
Mais c’est l’audience que Bara Tall a eue avec le ministre de la Justice qui a été la plus houleuse. Elle se passe en début octobre aux Etats-Unis. Le ton monte et Hassan Bâ joue les Sapeurs Pompiers. Le ministre de la Justice s’en ira même dire que Bara Tall l’avait menacé et qu’en le faisant, il franchissait le rubicon. Ce dernier dira, à en croire le Populaire qui rapporte ses propos : "je suis décidé à me battre même s’il faut payer de ma personne". Avant de rencontrer Bara Tall, Cheikh Tidiane Sy s’est approché du directeur général de Com 7 (une société dans lequelle Bara Tall est actionnaire), Yaxam Mbaye pour lui demander de raisonner son "patron" puisque s’il joue le jeu, il écoperait dans le pire des cas d’un simple contrôle judiciaire". Invariablement, Bara Tall qui a jugé ses propositions d’indécentes, a révélé à ses proches qu’il "préfère la prison au désonnheur".
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