Le débat portant sur la candidature de Wade en 2012 est une ignominie. Le Sénégal ne devrait point arriver à un moment où son Président, âgé de presque 90 ans, élu et « réélu », cherche à s’accrocher encore au pouvoir par un inadmissible 3ème mandat dans la perspective de le transmettre à qui l’on sait. Ce vieil homme est conséquemment à mettre hors d’état de nuire parce qu’il ne recule devant aucune forfaiture. Il ne lui a pas suffi de soumettre les finances publiques à un rythme infernal.
Il met aussi l’économie nationale en apnée. Il ne lui a pas suffi non plus de tronquer la Loi fondamentale et de porter atteinte aux règles de gouvernance politique. Il veut aussi mener le Sénégal vers l’abîme. Il s’accroche au pouvoir juste pour continuer à avoir l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre fort avec le soutien obscure de ceux qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’ y a à enjamber que la honte.
Le débat sur sa candidature en 2012 est abstrait. Les Sénégalais s’attendent plutôt à un débat qui réponde aux questions de leur vie et de leur mort et non sur la candidature d’un vieillard encombrant qui refuse de vieillir. Les questions qui méritent un débat national sont liées au coût de la vie, à la mafia qui gangrène le secteur des Télécommunications et de l’Energie, à la crise de l’économie arachidière, au désarroi social, à la montée des périls écologiques, à l’explosion des inégalités, au profond malaise du pouvoir libéral devenu libertin et libertaire, aux inondations, au chômage de masse, à la précarité de l’Emploi et à l’apparition des nouvelles formes de pauvreté. La candidature de Wade en 2012 est par conséquent un non débat parce que les Sénégalais, dans leur immense majorité, n’en veulent pas.
Ce débat sur sa candidature en 2012 est aussi inopportun. Ce vieil homme claudiquant dans la folie des grandeurs ne fait que de la politique politicienne en à plus finir. Les citoyens doivent refuser de mener son jeu politique préjudiciable aux Institutions. Celles-ci sont déjà si malmenées que la Présidence de la République est devenue un marché où la pagaille et la permissivité s’unissent en diphtongue pour engendrer une chientlit permanente sur fond de folklore et de combine. Poser un débat sur la candidature de Wade, ce n’est qu’ouvrir une polémique honteuse qui occulte le vrai débat sur la réalité des Institutions de ce pays que ce congénère des mohicans a dépouillé de leur sacralité.
Ce débat est également un faux débat. Le vrai débat à poser est de savoir comment Wade partira et comment l’aider à partir sans installer le déluge ni procéder à une alchimie conspiratrice ? S’il refuse de se soumettre à la Loi fondamentale, devra-t-on le faire partir par une révolution populaire qui aboutirait à une convocation des états généraux de la République ? C’est une question. Mais à près de 90 ans, ce vieil homme n’a plus rien à prouver dans ce pays. Avec lui, comme l’a si bien dit un « avocat qui ne fait que des bêtises », on a appris ce qu’on homme doit faire et ce qu’il ne doit pas faire.
Ce débat est enfin dommageable à l’image du Sénégal. Le poser, c’est signer la régression démocratique de ce pays. Que la Constitution permette ou non à Wade de se présenter n’est pas le problème à résoudre. La vérité est que Abdoulaye Wade, né entre 1922 et 1926, est d’une autre génération, celle de Ahmadou Ahidjio, (né en 1924), de Boubacar Diallo Telli ( né en 1925), de Idy Amine Dada (né en 1924), de Jean Bedel Bokassa (né en 1921), de Djibo Bakary (né en 1922) de Daouda Kairaba Diawara (né en 1924), de Moctar Ould Dada (né en 1924), de Sékou Touré (né en 1922), de Amilcar Cabral (né en 1924), de Malcolm X ( né en 1925), de Patrice Lumumba( né en 1925), etc. Wade est le congénère de ceux-là.
Il a presque 90 ans et en politique, un homme de 90 ans ne peut ni prévoir le futur, ni anticiper l’avenir, ni planifier la gouvernance, ni soigner la fracture sociale. Sa candidature en 2012 installerait le hasard, l’incertitude et le désordre. Après tout ce qu’il a fait dans ce pays, sa candidature serait économiquement mauvaise, socialement corrosive et politiquement explosive. Son départ est la seule garantie de la modernisation de la République et de la reprise en main du destin national. S’il ne quitte pas le pouvoir, c’est le pouvoir qui le quittera.
La propagande permanente, l’exaspération nationale, la politique d’entonnoir que pratique son entourage pour lui faire savoir le faux en lui occultant le vrai ainsi que le modèle de communication qui lui est destiné pour qu’il s’applaudisse à la soviétique sont les abîmes de sa déchéance. On le trompe en lui faisant savoir que tout va pour lui alors qu’il bat des records d’impopularité. Il lui manque un homme lucide qui lui dirait les yeux dans les yeux : « Monsieur le Président, rien ne va. Ca suffit ! Les Sénégalais sont exaspérés. Partez dignement ! ».
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