Si l'ancien Premier ministre et ex-numéro 2 du Pds peut faire des ronds de jambes pour la procédure déclenchée contre lui pour enrichissement illicite, il n'en est pas moins à l'aise dans l'affaire des chantiers de Thiès pour laquelle il a obtenu d'ailleurs une liberté d'office. Dans ce cas précis, Idrissa Seck qui n'est, dans cette affaire, ni ordonnateur des dépenses ni administrateur des crédits, est imperturable, car son sort est lié à celui de l'entrepreneur Bara Tall qui est loin d'être inquiété. En effet, dans le rapport de l'Inspection générale d'Etat (Ige) comme dans celui de la police, Bara Tall a soulevé des contestations sérieuses qui font que l'information contre Idrissa Seck ne peut plus évoluer en l'absence d'éléments compromettants contre le célèbre entrepreneur. Et la vérité est que le patron de Jean Lefebvre soupçonné, sans aucune preuve tangible pour l'instant, de surfacturations en connivence avec l'ancien Premier ministre ne fait encore l'objet d'aucune inculpation dans l'instruction en cours contre X.
En effet, tout cela tournait autour de l'approbation du marché public attribué à l'entreprise Jean Lefebvre qui continue tranquillement de gagner des marchés de l'Etat (cas du marché de l'autoroute à péage Dakar-Bargny.). Interrogé sur la question, Idrissa Seck avait déclaré que c'est ‘par ignorance’ qu'il a apposé sa signature sur l'acte d'approbation bien que la compétence pour ce faire fut déjà transféré au ministère des Finances par décret en septembre 2003. Idrissa Seck indiquant par ailleurs avoir reçu le dossier d'approbation par le biais de ses services ‘qui ne lui ont pas signifié ce transfert de compétence intervenue’.
Pour ce qui est des surfacturations visées dans l'acte d'accusation et qui auraient permis à l'ancien Premier ministre d'accomplir des actes de corruption ou de concussion, la Commission d'instruction avait fait noter que ‘les premiers bénéficiaires éventuels de ces surfacturations ne peuvent être que les entrepreneurs’. Donc pas Idrissa Seck. Et que même si sa responsabilité était établie, ‘il resterait à prouver comment Idrissa Seck a pu bénéficier sciemment des produits de surfacturations’. Autant de zones d'ombre qui ont conduit la commission d'instruction de la Haute Cour de justice à ordonner, ‘au bénéfice des constestations sérieuses’, la mise en liberté d'office de l'ancien Premier ministre et par ailleurs maire de Thiès.
Une certitude demeure alors : Si ce dossier doit être réouvert, ce n'est plus à l'ancien Premier ministre de s'expliquer devant la justice, mais à Bara Tall. A moins que de nouveaux éléments concernant les autres faits visés dans la résolution de mise en accusation d'Idrissa Seck soient portés à la connaissance de la justice, l'ex-jardinier des rêves de Me Wade peut continuer tranquillement sa villégiature dans l'Hexagone. En attendant le 25 février 2007 pour se mesurer à son ex-mentor.
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