CHEIKH DIALLO DIT TOUT : Karim Wade, Idrissa Seck, candidature de Wade, l’avion présidentiel

Journaliste chercheur, Conseiller du Ministre d’Etat, Karim Wade, Cheikh Diallo a été l’invité de l’émission «Opinion ». Sans ambages, le géniteur du concept de la «Génération du concret » et du slogan « En route vers le sommet » que l’équipe de campagne de Laurent  Gbagbo a repris avec fierté dans ses thèmes de campagne, a donné son  opinion sur toutes les questions posées avec aisance et précision.

CANDIDATURE DE WADE EN 2012

D’abord sur la candidature du Chef de l’Etat. Cheikh Diallo a estimé que «sur l’irrecevabilité de la candidature du président, il y a des gens très célèbres qui pensent que le président ne peut pas être candidat ».

«Ils font une lecture de deux dispositions  de la Constitution de 22 janvier 2001. La Constitution dit en son article 27 que le président est élu pour un mandant de 5 ans  renouvelable une fois. Alors ils vont  plus loin, pour faire une lecture de l’article 104 de la Constitution. Dans cet article, on dit que le président de la République en fonction termine le mandant en cours et dans le second alinéa, on dit que les dispositions s’appliquent à lui » rappelle le journaliste chercheur.

Toujours dans ses explications, Cheikh Diallo a déclaré que «pour eux (les opposants) dans leur compréhension, cette disposition s’appliquent bel en bien, donc le président ne peut pas se présenter».  «J’ai fait un petit jeu. J’ai appelé Racine qui est mon fils et qui a 18, il en aura 20 en 2012. Je lui demande de me lire cet article de la Constitution. Il me dit «Papa il s’agit de quel mandat ? ». Je lui dis je ne sais pas. Parce que nous sommes dans le domaine de la problématique de l’applicabilité de la loi dans le temps. Chacun est libre d’interpréter. C’est  tellement intéressant. C’est tellement beau qu’on se demande ce qui va se passer » dit le Conseiller de Karim Wade.

De l’avis de Cheikh Diallo, «au niveau doctrinal, il y a plusieurs analyses ». Toutefois, «le juge dans son extrême sagesse. A partir du moment où il doit prendre une décision je dis que dans le doute la liberté prévaut. Dans le doute, il faut s’abstenir » pense-t-il.

Et Cheikh de rappeler les propos du leader du BCG dans ce débat. «Quelqu’un comme mon oncle Jean Paul Dias va plus loin. Il dit qu’il n’ya pas un problème d’irrecevabilité. Il dit qu’il y a une validité de la candidature du président. Pourquoi il le dit. Il dit que le président de la République, lorsqu’il a été élu le 10 mars 2007, le juge constitutionnel a dit je cite « Me Abdoulaye Wade a été élu ».  Pour Monsieur Jean Paul Dias, comme le Juge Constitutionnel n’a pas dit que le président Wade a été réélu, donc naturellement il peut aisément se représenter en 2012. Il a une lecture politique du droit».

Cheikh a rappelé les quatre (04) Constitutions qu’a connues  le Sénégal et les changements intervenus sur les mandats des Chefs d’Etat qui est passé  de 5 à 7 plusieurs fois. Selon Cheikh, «il faut sanctuariser l’article 27 de la Constitution. C’est qu’on doit trouver une clause pour que cet article ne soit plus touché».

«Ousmane Tanor Dieng a d’ailleurs trouvé la solution parce qu’il a dit que le président de la République va se présenter mais on va le battre. C’est comme si la candidature de Wade était déstabilisatrice pour l’opposition » explique Cheikh.

LE CAS IDRISSA SECK

«J’ai beaucoup de respect et de sympathie pour Idrissa Seck. Mais il faut préciser que ce n’est pas lui qui a soulevé ce débat sur la candidature du président. Le débat est là bien avant lui. Il y a une semaine, il parlait de la candidature de Wade. Et il y a un mois, il proposait la prolongation du mandat jusqu’en 2014. Ce débat, Idrissa Seck ne le pose pas à l’interne. Il aurait pu le faire. Idrissa Seck a compris quelque chose de fondamental au Pds, c’est le terme démocratique. Ce qu’il fait est très beau. Mais il serait plus compréhensible s’il avait posé le débat à l’interne » dit Cheikh Diallo.

Selon lui, Idrissa Seck fait face à trois fronts. Le front de son frère Macky Sall, le front du Pds et le front de l’Opposition. «Et il se dit si j’avance je meurs, si je recule je meurs, mais autant avancer et mourir » déclare Cheikh qui estime «qu’il ne faut pas mépriser Idrissa Seck, l’exclure, non. Idrissa Seck est un entrepreneur électoral. On ne peut pas le sous-estimer. Abdoulaye Wade lui-même le dit. Il dit qu’il ne faut pas tourner le dos à quelqu’un comme Idrissa Seck».

L’AGE DU PRESIDENT

De l’avis de Cheikh Diallo, «il faut être respectueux de l’âge des hommes». «Konrad Adenauer, ancien maire de Cologne a été élu à l’âge de 74 et il a fait 14 ans de pouvoir. Il meurt à 92 ans. Il travaillait la nuit. Les allemands passaient sous sa fenêtre et disaient, Adenauer travaille la nuit pour qu’on puisse exister le jour. François Mitterrand est arrivé au pouvoir en 1981, un peu malade avec des traces cancérigènes. Il reste pendant 14 ans au pouvoir.» rappelle-t-il.

«J’ai la chance extraordinaire, le privilège dés fois, d’être appelé le week-end par le président de la République. Quand il sort de l’eau après une gym, il est bon pied bon œil.  Il n’y a aucun souci. Il faut arrêter le prêt à penser. Abdoulaye Wade est le plus vieux président au monde. C’est faux. Soyons sérieux. Alors respectons l’âge des gens. Encourageons-le à battre ce record.  Abdoulaye Wade est un cas pathologique de bonne santé. Depuis qu’on en parle, il tient sa route. Il faut qu’ils changent de fusil d’épaule. L’âge est un faux débat ». C’est ainsi que le journaliste clôt le débat sur l’âge de Wade.

Concernant la prochaine présidentielle, Cheikh Diallo dit que «je ne pense pas que l’opposition puisse dépasser les deux enfants idéologiques du président de la République, Idrissa Seck et Macky. Et d’ailleurs je ne pense pas, que le président de la République, puisse se permettre le luxe d’avoir en face de lui, son Moustapha Niass (Macky Sall) et son Djibo Kâ (Idrissa Seck) en 2012».

ACHAT D’AVION PRESIDENTIEL

«Est-ce que vous trouvez normal que le président fasse de l’avion taxi ? Je pense qu’il  est normal que le président ait un avion plutôt que de continuer à faire de la location » précise-t-il.

Selon Cheikh Diallo, «il n’y a pas d’achat d’avion. Il y a des pourparlers qui avancent très bien». Le Conseiller de Karil a soutenu que «c’est Airbus corporate de 2002 qui appartenait aux présidents Chirac et Sarkozy. Cet avion reviendrait entre 17 et 18 milliards de FCFA à l’Etat du Sénégal. Le paiement sera fait sur quatre ans. Et la livraison se fera au mois de juin. Le prix réel de l’avion est de 40 milliards et l’Etat l’a acquis à 17 ou 18 milliards de FCfa. L’avion appartient à la présidence de la République qu’il soit Abdoulaye Wade ou un autre »dit-il.

« KARIM WADE N’EST PAS LE DAUPHIN DE WADE ». «WADE N’A PAS DE DAUPHIN »

«Karim Wade est un ami et frère. Il y a un stock d’idées reçus sur lui. C’est vrai il y a le Karim Wade Ministre d’Etat, Karim membre du Comité Directeur et le Karim social. Mais voyez-vous, j’ai pitié de Karim Wade. Vous savez, c’est le Zidane de l’équipe nationale, mais quand il marque des buts, les gens n’applaudissent pas. Parce qu’ils disent que l’entraineur lui a fait des faveurs » se désole Cheikh qui tient à préciser que «ce serait malhabile de ma part de dire qu’il (Karim) est le plus compétent du Gouvernement ». «Je respecte ses collègues Ministres. Je dis que Karim Wade a un Ministère transversal. Dans le domaine de la coopération, il a diversifié nos relations. Le Sénégal est avec les indiens, les arabes, les chinois, les Malaisiens etc… »ajoute-t-il.

Selon Cheikh Diallo, «on prête trop de pouvoirs à Karim Wade ». «Je me rappelle lorsqu’il y a eu une rentrée des femmes dans le Gouvernement, Karim qui était à l’étranger m’a appelé pour me dire Cheikh, il parait qu’on m’a collé une femme. Et ses autres collègues Ministres l’ont découvert le premier jour du Conseil des Ministres. Il a lui aussi fait leur connaissance ce même jour » explique Cheikh.

De l’avis de ce journaliste, sur le plan gouvernemental, Karim a fait beaucoup de réalisations. «Il est à son deuxième pèlerinage, tout se passe très bien. Il est en train de faire l’aéroport de Diass, il a mis en place Sénégal Airlines. Il s’occupe de l’énergie aujourd’hui.  Nous savons que les Sénégalais ne feront aucun cadeau à Karim qui n’est pas plus que les autres et qui n’est pas moins que les autres » dit Cheikh. «Il y a aussi le Karim politique, membre du Comité Directeur qui participe au bon fonctionnement des choses et qui est sensible à ce qui se passe autour de lui. Karim n’était pas intéressé par la Mairie de Dakar » précise-t-il.

« Il a été élu Conseiller municipal c’était sa vocation. Le 20 mars 2009, nous avons publié un communiqué pour dire que nous n’étions pas intéressés par la Mairie de Dakar. Les gens ont fait circuler de manière insidieuse que «Voter Pape Diop, c’est élire Karim Wade». On dit que le président Wade a été battu dans son quartier. Mais Obama a perdu sa première élection. Nicolas Sarkozy a pris une raclée aux élections européennes. Je pense qu’il faut dépassionner les choses.  Maintenant le glissement continue. Voilà ce qu’ils préparent pour 2012 : «Voter Wade c’est élire Karim ».  Mais Wade n’a pas de dauphin. Karim n’est pas le dauphin de Wade » révélera Cheikh Diallo au cours de cette émission.

«Karim a dit que c’est une insulte que de parler de projet de dévolution monarchique du pouvoir. J’ai l’habitude de dire que le Sénégal n’est pas le titre foncier de Wade. Le Sénégal n’est pas le titre foncier de Karim. Donc Abdoulaye Wade ne peut pas faire moins que ces prédécesseurs. Karim s’il a des ambitions, il faut qu’il aille compètir comme les autres. Ce projet de dévolution monarchique arrange l’opposition. C’est sa tasse de thé » martèle le journaliste Chercheur.