Cerise sur le gâteau : le Tchad de Deby et le Soudan d’El Béchir se réconcilient pour la…sixième fois à Dakar après s’être donnés l’accolade à la Kaaba il y a peu. Quel que soit par ailleurs le degré et/ou l’échelle de représentativité, les 55 pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) ainsi que les cinq pays ayant statut d’observateurs ont répondu présents à l’invitation sénégalaise. Seuls les « indiscutables immobiles », même s’ils sont les plus nantis, les plus « arrosés » par les pétrodollars, mais qui ne sont porteurs le plus souvent d’aucun projet de réforme pour la communauté allant dans le sens d’une modernité certaine, n’ont pas daigné se faire représenter par leurs têtes couronnées et/ou chefs d’Etat. Ils ont mandé ministres ou autres représentants. Ils sont libres. Tout comme l’inamovible guide libyen, Momar Khadafi est comptable de ses caprices. Que dire de l’Egyptien, Hosni Moubarak ou du Tunisien, Ben Ali ? Sinon que l’Afrique et le monde musulman sont obligés d’aller chercher au fond de leurs souvenirs leurs dernières propositions susceptibles de retenir l’intérêt de la communauté et/ou des Africains. Si tant est qu’elles ont existé ces propositions, elles datent à se perdre dans le temps.
Les autres : le sympathique Iranien, Mahmoud Ahmadinenejad, Sa Majesté Mohammed VI le roi qui se veut démocrate du Maroc, Mahmout Abbas président de l’Autorité palestinienne, le président algérien, Abdoul Aziz Boutéflika pour ne citer que ceux-là du monde arabo perse. Oh crime de lèse majesté ! Peut-on oublier l’Emir de Dubaï ? Que non ! Depuis que tous les chemins mènent à Dubaï pour le Sénégal. Les « musulmans » d’Afrique noire, du Centre, de l’Est et au Sud du Sahara. Tous les autres étaient bien présents à Dakar. Ils sont venus, ils ont participé au sommet, ils ont proposé et adopté la nouvelle charte de l’Oci, qui avec ses 39 articles se veut un instrument novateur, un outil qui fournira à toute la communauté moyen adéquat pour mieux commercer dans le cadre bien compris de ses intérêts avec le reste du monde. Attendons de voir comment elle s’en servira. Il lui revient en tout cas d’inventer et de s’octroyer procédés susceptibles de défendre les rapports de ses membres avec le reste de la planète. En ce qui concerne le pays organisateur de ce onzième sommet de l’Oci, le Sénégal ; une fois de plus, sa diplomatie a été à la hauteur. Elle a montré qu’elle est et demeure chevillée à son sacerdoce : servir l’Etat quels que soient les animateurs du moment de ses institutions. Travailler à son rayonnement, ne se soucier que des intérêts supérieurs de la nation. C’est tant mieux pour la République. Pouvait-il en être autrement ? Que non. Moustapha Niasse, le « diplomate chevronné », Secrétaire général de l’Alliance des forces du progrès (Afp), avait bien averti : « les sommets de l’Oci ne peuvent échouer ». Le onzième de Dakar n’a pas dérogé à la règle, même s’il n’y a pas de quoi pavoiser outre mesure. Car il reste un simple sommet d’une communauté qui court le plus souvent prendre ses « ordres » à Washington ou dans les capitales occidentales qu’elle ne pense par et pour elle même. N’empêche le sommet de Dakar a vécu et s’est déroulé dans l’ensemble sans anicroche. Cheikh Tidiane Gadio, ses collaborateurs, les diplomates ont perpétué la tradition.
Mais alors qu’est-ce qui fait que l’on a le sentiment que quelque chose à foirer ? La surenchère des Wade simplement. Wade père et Wade fils ont donné l’impression que le monde musulman organisait pour la première fois un sommet alors qu’il en était en ce qui concerne cette conférence à l’onzième épisode depuis 1972. Il s’y ajoute le sentiment que le sommet de l’Oci de Dakar « semblait en cacher » comme les trains, un autre ; celui-là qui devait servir à l’intronisation du fils. Au finish, on a même eu quelques difficultés à prononcer son nom du haut des tribunes devant rois, émirs, présidents et autres chefs de gouvernement présents pour leur onction. L’on peut penser comme notre confrère Félix Nzalé dans notre édition du Week-end que si le père et le fils nourrissaient quelque secret sentiment de dévolution monarchique du pouvoir, ils récoltent ainsi là le prix d’une sorte d’imposture, de menterie plutôt et d’un manque notoire de réalisme. « En route vers le sommet » avait en effet, par-delà le slogan tout trouvé, laissé l’impression dans l’imagerie populaire que les jeux étaient faits. Le béton, le « concret » des chantiers servant de socle à la dynastie. Ce projet-là n’a pas prospéré cette fois-ci. On aura beau décrier les journalistes et se lamenter de leur nullité, se plaindre de leur cécité ; rien n’y fait. Il s’agira certainement de lui retrouver nouvelle justification et terreau fertile. En attendant, l’autre sommet n’aura pas eu lieu !
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