Le candidat malheureux du Jëf-Jël à l’élection présidentielle du 25 février dernier, Talla Sylla, a tenu, hier, un point de presse à son siège. Au cours de ce point de presse, la thèse du vol «sans preuve matérielle» est encore soutenue. L’auteur de Ablaye Abal Niou compte, en outre, mener la vie dure au président nouvellement réélu et à son régime, pour non seulement, la restitution des «cartes d’électeur confisquées» en vue des législatives de juin prochain, mais aussi pour l’utilisation du spray, en lieu et place de l’encre indélébile, afin d’éviter le vote multiple et «rétablir la volonté populaire»
Déjà lundi dernier, au lendemain de l’élection présidentielle, Talla Sylla avait fait une sortie, pour rappelle-t-il, «montrer que je ne faisais pas partie de ceux qui étaient assommés, encore moins groggy, par les résultats». Mais en plus, «révéler qu’il y a eu bien fraudes massives, sans preuve matérielle». L’objet de la rencontre avec la presse, hier, était donc inscrit dans la logique de dénonciation d’une «véritable industrie de la fraude». Et pour asseoir la thèse du vol, Talla Sylla a, cette fois-ci, usé d’un tableau, pour illustrer le système qui «a permi à Wade de remporter ces élections». Après avoir annoncé, pour le scrutin du 25 février, qu’il y a eu «1 449 000 de cartes non distribuées, soient 25 % des électeurs qui devaient contribuer à la défaite de Wade», le candidat du Jëf-Jël a schématisé «le Circuit de Ndoumbélane». Qui, selon lui, «est un concours entre Dëmm et Ngoor». Et comme «Dëmm» était plus futé que son concurrent, «il a employé une méthode très sophistiquée, qui permet de passer d’une égalité de suffrages à un écart de deux voix, avec l’utilisation de la carte d’autrui, pour passer aux urnes». Un tableau de trois colonnes, qui a fait rigoler les nombreux sympathisants qui assistaient au point de presse. Donc, «ne serait-ce que ça, le résultat du 25 février est dépourvu de toute crédibilité», argumente encore Talla Sylla. Raison pour laquelle, il déclare tut net : «Je ne le (Abdoulaye Wade : Ndlr) féliciterai jamais.» Convaincu au plus haut point qu’il y a eu «supercherie», Talla Sylla propose ainsi quatre mesures qui, dit-il, «vont éviter que la fiction de Ndoumbélane ne se reproduise lors des législatives du 3 juin prochain». D’abord, «il faut que toutes les cartes confisquées soient livrées à leurs propriétaires et avant le 15 mai». Ensuite, «éditer les photos des électeurs sur les listes d’émargement», puis «utiliser le spray à la place de l’encre indélébile» et enfin «mettre en place des lecteurs dans les bureaux de vote, qui permettront la vérification de la biométrie qui, jusque-là, n’a apporté rien de nouveau». Mais, tout ceci sera conditionné par une «volonté politique des tenants du pouvoir».
Outre ces propositions, Talla Sylla a encore indexé du doigt l’opposition qui, selon lui, «est la seule responsable de ce qui s’est passé au soir du 25 février» puisqu’elle avait «exigé la refonte totale du fichier électoral». Ce qu’il ne fallait pas faire, car explique-t-il encore, «jusqu’en 2000, le fichier était fiable». A ce propos, Talla Sylla a convoqué l’histoire pour rappeler «les origines du vol en éclat de Clarté Na Leer, à cause des députés de l’opposition qui avaient choisi de prolonger leur bail à l’Assemblée nationale, conformément au désir du pouvoir en place». Et de regretter : «Clarté devait jouer un rôle fondamental dans ces élections.» Mais comme «ce coup-ci est magnifiquement réussi par Wade», Talla Sylla promet trois mois de vives contestations avec des «alliés de l’opposition» pour faire plier le pouvoir sur leurs recommandations. D’ailleurs, précise-t-il, «ces législatives du 3 juin vont constituer le véritable deuxième tour de la présidentielle». Et M. Sylla d’ajouter : «Wade nous a eus une fois, mais il ne nous aura plus.»
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