Qu’est-ce qui se cache derrière la nouvelle installation du Congrès du Parlement dont le règlement intérieur voté récemment consacre la prééminence du Sénat sur l’Assemblée nationale ? Après les réactions indignées des députés proches de Macky Sall, ravalés au rang de simple spectateur au Congrès, place maintenant aux analyses et autres spéculations des hommes politiques et observateurs pour dénicher la volonté du chef de l’Etat. Et de l’avis de certains, il existe un deal entre Me Wade et le président du Sénat Pape Diop pour faciliter l’accession de Karim Wade à la magistrature suprême en remplacement de son père. Le deal consisterait à faire d’abord de Karim Wade un sénateur à la faveur d’une démission provoquée de certains membres du Sénat ou tout simplement de la nomination de quelques sénateurs à des postes ministériels. Ce premier stade franchi, il sera loisible au chef de l’Etat, avec bien sûr la bénédiction et le soutien des responsables du Pds, de confier la présidence du Sénat à Karim Wade. ‘Pape Diop qui ne s’opposera pas à un tel schéma n’hésitera pas à démissionner pour céder son poste à son frère Karim Wade, comme ce fut le cas quand il s’est agi de se débarrasser de Youssou Diagne et installer Pape Diop au perchoir au lendemain de l’alternance’, analyse un observateur. Un tel plan ne rencontrera aucune forme de résistance. Il passera comme lettre à la poste à l’image du règlement intérieur du Congrès.
La dernière phase du deal consistera à modifier encore la Constitution et voter une loi qui donnera au président du Sénat le suprême privilège de terminer le mandat du chef de l’Etat. Et non plus d’assurer tout simplement l’intérim pour 45 jours en cas d’empêchement avant d’organiser de nouvelles élections.
Le politologue Abdou Aziz Diop voit les choses sous le même angle que nos interlocuteurs sous le sceau de l’anonymat. ‘Il n’est pas exclu que Me Wade fasse de son fils le président du Sénat au regard de toutes les manœuvres auxquelles nous assistons depuis qu’il est au pouvoir. Ce schéma catastrophique et anti-démocratique sera à ranger dans le lot des coups de force auxquels Me Wade nous a habitués’.
La pilule sera certes très difficile à faire avaler aux Sénégalais, mais elle pourrait tout de même passer. C’est pourquoi le politologue souligne qu’il ‘appartient à l’opposition et aux citoyens de s’entendre sur l’idée qu’ils se font de la démocratie sénégalaise et de se préparer à empêcher ce scénario catastrophique et anti-démocratique. Ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est de se comporter en spectateurs et voir venir’. Selon toujours Abdou Aziz Diop, il y a trois personnes qui ne souhaitent pas que les choses se fassent de manière démocratique au Sénégal : ‘C’est Abdoulaye Wade, son fils Karim et Idrissa Seck’. Surtout que le dernier nommé pourrait se retrouver également au Sénat comme Karim Wade. Tout dépend de l’aboutissement de leurs pourparlers en cours.
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