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Politique

EL HADJ ABDOULAYE SOW, PRÉSIDENT DU COLLECTIF DES ANCIENS COMPAGNONS DE WADE : «Plus personne ne croit au Pds...»

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EL HADJ ABDOULAYE SOW, PRÉSIDENT DU COLLECTIF DES ANCIENS COMPAGNONS DE WADE : «Plus personne ne croit au Pds...»

Le Collectif des anciens compagnons du fondateur du Parti démocratique sénégalais (Pds) se félicite de la réélection de leur ami à la présidence de la République. Dans l’entretien que nous a accordé le président de ce collectif, M. El Hadj Abdoulaye Sow donne son appréciation sur la première médiatique du Président Wade après sa réélection à qui il conseille de « tourner la page de la politique politicienne ». Il nous parle également des rapports entre le père et le fils, des transhumants et du Pds aujourd’hui en qui, « personne ne croit plus ».

Le Matin :

M. El Hadj Abdoulaye Sow, vous êtes le président du collectif national des compagnons du fondateur du Parti démocratique sénégalais, Me Abdoulaye Wade. Voulez-vous nous présenter votre structure ?


El Hadj Abdoulaye Sow :

Notre collectif comme son nom l’indique, est une structure qui regroupe l’ensemble des compagnons du président Abdoulaye Wade qui ont créé avec lui le Parti démocratique sénégalais de 1974 jusqu’au congrès constitutif du parti qui s’est tenu à Kaolack en 1976. Ce sont donc ces gens-là qui sont ciblés pour former ce collectif. Nos statuts stipulent que tous les gens qui ont été avec Me Abdoulaye Wade de la date de la création du Pds le 31 juillet 1974 jusqu’au congrès de 76 sont membres d’office de ce collectif. Si, évidemment la plupart d’entre eux sont décédés, leurs enfants et héritiers également, sont membres de notre structure.
Donc, elle regroupe six à sept milles personnes qui vivent à travers le pays et nous sommes structurés sur l’ensemble des 11 régions du pays. Nous insistons pour que notre structure soit reconnue à sa juste valeur et aidée. En ce qui concerne le Président, nous n’avons rien à lui reprocher au contraire, on le remercie pour son aide à notre structure. Il est le seul à le faire d’ailleurs.

M. Sow, vous êtes un ancien compagnon du président de la République qui vient d’être réélu. Comment appréciez-vous sa première sortie médiatique à la suite de la proclamation des résultats du scrutin du 25 février dernier ?

J’avoue que si j’étais à côté du président Wade, je lui aurais conseillé d’être au-dessus de la mêlée. Parce que ce ne sont ni un parti ni les mouvements de soutien mais c’est le peuple sénégalais qui fait confiance à Abdoulaye Wade. Comme président de la République il a fait des réalisations sur le plan social, pour les travailleurs, le monde scolaire par le biais de construction de nombreuses classes, des maternités, des hôpitaux et des dispensaires. Donc, c’est le peuple sénégalais dans sa globalité qui, au-delà des partis politiques et des mouvements de soutien, s’est mobilisé pour le réélire.
Si j’étais à côté de lui, je lui aurais demandé d’abord de remercier le peuple sénégalais qui lui refait confiance et d’essayer de pardonner parce que je sais qu’il a l’habitude de le faire. De continuer à pardonner, car cela ne lui coûte absolument rien. Néanmoins, il y a eu peut-être des problèmes surtout ceux qui sont nés d’avec ses relations avec Idrissa Seck que personnellement je ne maîtrise pas. Nous ne voyions pas Idrissa Seck en tant que militant du Parti démocratique sénégalais, mais comme un fils de Abdoulaye Wade. Si on convoque l’histoire, le président a connu Alioune Badara Niang qui l’a présenté à Idy bien avant la création du Pds. Ils ont eu des relations amicales et même parentales. C’est sur cette base que Alioune Badara Niang a eu à confier au président Wade Idrissa Seck.
Pour dire qu’à l’époque, Idy n’avait même pas ce qu’il fallait pour être un militant. M. Seck était à l’époque, si vous voulez, un enfant du secrétaire général du Parti démocratique sénégalais. Alors, ce n’est pas la même chose que nous qui étions sevrés de politique à l’époque. Qui sommes partis de nous-mêmes à notre permanence qui était à la rue de Denain, acheter notre carte, suivre le frère Abdoulaye Wade. Pour dire donc que ce n’est pas comparable. Or, entre Me Wade et Idrissa Seck, c’était des rapports de père à fils, de paternité, d’amour qui transcendaient les rapports de militantisme ou de parti politique.
C’est pourquoi, depuis trois ou quatre ans, au lendemain de sa destitution au poste de Premier ministre, j’ai eu, à travers une interview que j’ai accordée à un journal de la place, à dire que je ne voudrais pas me prononcer sur les rapports entre Me Wade et Idy, parce qu'ils sont extrêmement complexes. Et ils ne regardent pas forcément le parti. Je crois que tous les gens qui s’agitent doivent laisser ces deux hommes régler eux-mêmes leurs problèmes. Notre préoccupation est de voir comment réorganiser le parti, comment vendre les cartes et comment mettre en place les structures légales de notre formation politique. Et à partir de ce moment, on pourra léguer à la postérité un parti qui peut être l’embryon d’un grand parti libéral, panafricain à l’image du président qui est un grand panafricaniste.

Et que dites-vous des accusations de Me Abdoulaye Wade contre des leaders de l’opposition tels que Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, etc. ?

Je crois que le président est un peu déçu parce que certainement Idrissa Seck a fait des promesses qu’il n’a peut-être pas tenues. C’est à cause de cela qu’il s’est emporté. Je crois que ce n’était pas nécessaire. Le peuple a jugé et c’est le peuple qui est souverain. Il faut que Wade sache pardonner et clore définitivement cette affaire avec son ancien collaborateur. Et s’il est reproché quelque chose à Idrissa Seck, il doit laisser la justice faire son travail. De même, s’il y a d’autres acteurs politiques avant l’alternance qui ont été impliqués dans des scandales politico-financiers, je crois qu’il appartient à la justice de faire toute la lumière. Parce que tout cela risque de nous replonger dans une situation de pré-campagne. Je crois que Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng ont déjà répondu.
Il appartient à la justice de faire son travail. Que le chef de l’État cesse d’être distrait par des dossiers qu’on lui présente et ne sont peut-être pas très bien ficelés. Le président aujourd’hui est l’espoir de tout un peuple. Il doit se mette au-dessus de la mêlée, essayer de former une équipe compétente non de politiciens qui ne sont là que pour leurs intérêts. Il lui faut une équipe de technocrates qui, à son image, travaillent au bénéfice du pays. Toujours à propos de sa sortie, la presse estime que Me Wade a raté sa sortie.
Nous le lui dirons parce que nous ne sommes pas des fonctionnaires de l’État ni des coureurs de prébendes mais ses compagnons et les gardiens du temple. On va lui conseiller de tourner carrément la page de la politique politicienne là et de continuer à travailler pour l’intérêt du peuple. Et au bout du compte, les Sénégalais vont apprécier s’ils optent de le réélire en 2012 ou s’ils le souhaitent mettre un autre à sa place.

Le nom de son fils a été prononcé par des analystes, qu'en pensez-vous?

Karim Wade est un vieux militant. Je me rappelle qu’en 1975, lors de la première convention nationale du Pds qui s’est tenue au Relais, Karim Wade était venu avec son père et sa mère. En ce moment, il était évidemment très jeune, mais il a le droit de présenter sa candidature à l’élection présidentielle s’il le désire. C'est un Sénégalais.

La presse a également été égratignée par le président Wade au cours de la première sortie médiatique après sa réélection. Qu’en dites-vous ?

Écoutez, je crois que la presse a toujours accompagné le président de la République. Je crois depuis 1974-75, le président a été le premier a créer un journal qu’on appelait « Le Démocrate », que nous vendions de manière assez clandestine. Après ce journal, il a créé « Takussan » et « Sopi », etc. Il faut aussi avouer que la presse a eu à jouer un rôle extrêmement important dans l’avènement de l’alternance au Sénégal. Après, dès le lendemain de cette alternance à partir de 2000, les choses ont commencé à se compliquer parce que le président et la presse n’ont pas pu accorder leurs violons et se concerter et essayer d’arrondir les angles. Il y a peut-être dans l’entourage du président des gens qui présentent très mal la presse au président et qui ne comprennent pas le rôle de cette dernière.
Parce que quand même, qu’on le veuille ou pas, si nous sommes aujourd’hui au pouvoir, c’est parce que la presse y a contribué. C’est avec beaucoup de peine et de regret que nous assistons aujourd’hui à cette situation de déchirement entre ces deux alliés que sont la presse et le président Wade. Peut-être ce nouveau mandat du président va lui permettre de se réconcilier définitivement avec la presse qui va l’accompagner pour qu’il parachève l’œuvre de redressement national qu’il a entreprise pour le bien-être des populations sénégalaises.

Me Abdoulaye Wade s'est progressivement entouré de transhumants et de personnes qui ont eu à le combattre farouchement. Comment expliquez-vous cette option ?

Le président est un politicien. Il est arrivé au pouvoir, il a analysé le terrain. Il connaît les forces et les faiblesses de son parti mieux que quiconque d’ailleurs. Il s’est rendu compte que le peuple sénégalais ne voulait pas nécessairement du Pds mais de l’alternance. Il avait expliqué à l’époque qu’il faut qu’il massifie son parti. Il avait, qu’on le veuille ou pas légué ce parti à Idrissa Seck qui n’a pas bien travaillé. Le parti était très faible par rapport aux enjeux politiques . Ensuite, il faut savoir qu’il y a deux sortes de transhumants. Les premiers qui étaient au Pds qui sont partis et qui sont revenus.
Et les seconds qui étaient au Parti socialiste et dans d’autres formations de l’opposition et qui sont venus au Pds pour avoir des prébendes ou des postes politico-administratifs au niveau de l’État. Pour moi, les premiers cités ne sont rien d’autres que des opportunistes. Les seconds répondaient à une volonté de massification du parti. Toutefois, il faut signaler un phénomène de rejet qui découle de cette situation-là. Cette philosophie de transhumance telle qu’initiée par les tenants de la direction du parti à l’image d’Idrissa Seck, ne colle pas à la réalité parce qu’ils n’ont pas su faire le dressage harmonieux entre les transhumants et les libéraux authentiques. aujourd'hui, qu’est-ce qui se passe ? Ce sont des gens qui sont étrangers au parti, que les anciens militants ne connaissent pas qui sont à la tête du Pds. Et ça pose problème. Nous croyons que le président a tout intérêt à revoir cette situation-là. Et demander qu’on prenne en considération les anciens qui étaient là et les greffer à la direction du parti. Nous constatons actuellement que ce sont les transhumants qui dirigent le parti. Idrissa Seck a formé politiquement la plupart des actuels « responsables » du Pds qui constituaient son personnel politico-domestique.
Car Idy aime écraser, humilier tous ceux qui le sollicitent pour des postes, en les affectant à des postes de cuisine. Ceux-ci aujourd’hui infestent les rangs du parti et de l’État et continuent de tromper la vigilance de notre secrétaire général national. Nous les avons identifiés, c’est pourquoi, ils nous combattent nous les anciens. Il faut une alternance générationnelle mais quand même, il y a une démarche à suivre. En tout état de cause, nous ne voulons pas qu’ils soient investis pour les législatives qui, je l'espère vont être renvoyées.

Est-ce que vous vous retrouvez dans le Pds actuel ?

Plus qu’hier, le Parti démocratique sénégalais est devenu le seul parti d’Abdoulaye Wade. Qu’il ait une longue vie sinon le parti va disparaître. Parce qu’à l’heure actuelle, plus personne ne croit au Pds. Ceux qui y croient, ils sont tout à fait marginalisés. Ceux qui n’y croient pas ou qui ne croient qu’à leurs intérêts, ce sont ces gens-là qui tiennent les rênes du parti.



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