ELECTIONS - Nouvelle disposition du cadre majoritaire de l’opposition : Deux Cpa, un Programme

Après plusieurs mois d’atermoiement sans arriver à s’accorder sur un schéma à adopter en destination des prochaines joutes électorales, les leaders de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) ont scellé le sort de leur union, hier. Le cadre majoritaire de l’opposition n’a pas pu finalement gérer les divergences entre partisans de la candidature unique aux deux scrutins et ceux d’une présentation de plusieurs candidats à la présidentielle avec une liste unique aux législatives. Au finish, la Cpa se retrouve avec deux pôles différents qui ne sont désormais liés que par un Programme commun.

Au terme d’une longue réunion, l’ordre de sortie des leaders de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) ébauche déjà un tableau clair de la nouvelle configuration d’un cadre devenu bipolaire. Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire du Parti socialiste et Abdoulaye Bathily, secrétaire général de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt) s’arrachent en premier de l’appartement privé de leur collègue Amath Dansokho. Au bout des escaliers, leur face-à-face avec une meute de journalistes se révèle stérile : «Non ! S’il vous plait, nous avons un porte-parole du jour !

C’est lui qui est chargé de vous faire le point, vous les journalistes», baragouinent-ils en chœur. Derrière eux, des marches d’escaliers en zigzag débouchent sur l’entrée d’un logis bouillonnant. Le tapage d’une marée de pisse-copies disséminés sur le long du vestibule, mêlé aux gloses de personnalités politiques sert un embrouillamini insoupçonné. Dans le tumulte de ce cadre brouillant, Moustapha Niasse, dernier responsable de «grand parti» à arriver sur les lieux, se soustrait en dernier aux indiscrétions.

Quelques heures auparavant, le leader de l’Alliance des forces de progrès (Afp), au siège-avant d’une rutilante berline de marque Lincoln, avait signé son arrivée (inhabituelle) à la réunion décisive d’une Cpa attendue sur la sempiternelle question de la candidature unique ou non.

Le regard contemplateur d’une poignée de badauds sur le luxe insolent de sa «caisse» ne lui ôte en rien son regard passible, porté sur une liasse de journalistes venus aux nouvelles. Il fait en guise de salut un petit signe de la tête, juste le temps pour le vigile d’indiquer la voie, et lui permettre de s’engouffrer à l’avant-cour et accéder à l’étage où l’attendent déjà Bathily et consorts.

Plusieurs heures passées, le conclave bouclé, la frimousse du manitou «progressiste» reste intacte et impassible. Son «vieux» visage ne renseigne nullement sur le sort accordé au cadre majoritaire de l’opposition. Il n’en dira rien. Niasse s’empresse juste de se dérober et de s’engouffrer dans l’une des pièces que constitue l’appartement de son camarade Dansokho. Le face-à-face avec la presse aura bien lieu, mais sous la houlette du Pr Madior Diouf du Rassemblement national démocratique (Rnd), comme annoncé un peu auparavant par Tanor et Banthily.

Le porte-parole connu, tout va très vite. Une meute de journalistes se forme autour de M. Diouf, installé sur un divan aux côtés de Moustapha Fall Tché. «Le Comité déclare qu’au bout des discussions, les deux modalités pour la Cpa d’aller à l’élection présidentielle, c’est-à-dire, soit une candidature unique et des listes communes pour les législatives, soit une candidature plurielle avec des listes communes pour les législatives, sont toutes deux maintenues (…) Le programme de la Cpa demeure commun et constitue un cadre de référence», tranche le premier nommé. Ses interlocuteurs, les journalistes surtout, communiquent des yeux sur la nouvelle configuration de la Cpa : «Ils ont coupé la poire en deux !», murmure une voix lointaine. Le responsable du Rnd n’aura pas besoin de plus de détails pour donner l’idée d’une entité bipolaire que vient de devenir la Cpa (voir ailleurs).

LES RESTES D’UNE ALLIANCE

Dans la volonté politique «commune» de la Cpa, demeurent encore des points partagés de l’ensemble des partis politiques qui la forment. Un accord a d’ailleurs été trouvé sur certaines questions demeurées essentielles aux yeux des leaders de l’opposition : «Les candidats acceptent le principe de désistement en faveur du mieux-placé d’entre eux pour le second tour. D’ores et déjà, il est décidé qu’aucun membre de la Cpa ne s’alliera au pouvoir actuel», a rappelé M. Diouf. Et ce dernier de rappeler le code de conduite imposé aux différents leaders pour écarter des attaques réciproques.

Aussi en direction du scrutin, la surveillance du processus électoral verra-t-elle une continuité du travail des plénipotentiaires et dans sa mission, le maintien de la réflexion commune des leaders sur les problèmes communs. A ce sujet, «un premier problème urgent est la lutte contre le décret numéro 2006-1350 du 14 décembre 2006, portant répartition des sièges de députés à élire au scrutin majoritaire départemental», selon le porte-parole de la Cpa, qui insiste sur la non-tenue des paramètres démographiques dans la constitution de ce décret récemment signé par le Président Wade, candidat à sa propre succession.