Dimanche 28 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

ENTRETIEN AVEC… AMADOU GUEYE, candidat indépendant à la présidentielle : «Wade est un exemple d’usage excessif des pouvoirs présidentiels»

Single Post
ENTRETIEN AVEC… AMADOU GUEYE, candidat indépendant à la présidentielle : «Wade est un exemple d’usage excessif des pouvoirs présidentiels»

Directeur général d’une société de consultation spécialisée en modernisation du service public, Amadou Guèye est entré de plain-pied dans le landernau politique. Ce candidat indépendant se réclamant de la société civile ne manque pas de décliner ses ambitions présidentielles à travers un projet de société instituant une Nouvelle République et un esprit citoyen qui panseraient les plaies issues du régime de l’alternance. A travers cet entretien, l’homme se propose d’inscrire le Sénégal dans une trajectoire économique porteuse d’ambitions réalistes, qui extirperont le pays des abysses du sous-développement.

Il y a trois mois, lors de la pré-conférence de la Coalition citoyenne (Acr) tenue au cafétéria des enseignants à l’Ucad, vous vous étiez présenté comme un chef d’entreprise, un citoyen ayant son mot à dire, mais qui n’avait nullement la volonté de se présenter comme candidat aux élections. Qu’est-ce qui fait, en si peu de temps, que vous ayez changé de discours, au point de briguer aujourd’hui la magistrature suprême ?

C’est vrai que j’y étais comme citoyen car l’Alliance est aussi une alliance citoyenne, une sorte d’émanation de la société civile pour essayer d’organiser les énergies intellectuelles et vives autour d’un processus d’identification de candidats qui peuvent porter un certain nombre de mesures et de préoccupations citoyennes qui tiennent à cœur la société civile. Alors, j’y étais comme citoyen ; on a essayé de faire circuler une réflexion pour guider à l’élaboration d’une plate-forme citoyenne à porter par des candidats indépendants, d’autant que nous pensons qu’il y a des réformes qui ne peuvent être posées aujourd’hui que par ceux-là. Une bonne partie de ces réformes touche les pouvoirs politiques.

J’y étais donc pour faire valoir ce point de vue et assumer une responsabilité. Cela veut dire que les citoyens doivent s’organiser, créer des dispositifs et élaborer des modalités qui leur permettent de participer et de proposer des solutions. Il est vrai que, à ce moment, l’idée n’était pas forcément mûre de me présenter, mais on se rend compte finalement que si on ne fait rien, ces politiques ne vont pas mener ces réformes et nous conduire sur une nouvelle trajectoire. Donc, nous avons mené une réflexion pour nous rendre compte qu’il fallait que nous allions porter ce projet de société auprès de nos concitoyens et nous y sommes.

En quelques mois ?

En quelques mois, oui. Alors, il y a deux questions. Il y a une question de contenu, donc de projet de société. C’est quelque chose qu’on a mûri depuis longtemps parce que quand on s’est retrouvé au niveau de cette conférence, ces documents et ces propositions circulaient déjà. Donc, ce sont des solutions auxquelles nous avons pensé depuis longtemps.

Maintenant du point de vue de la campagne électorale effectivement, il aurait été beaucoup plus intéressant d’avoir un dispositif un peu plus large, régional, en termes de préparation. Nous évoluions dans une démarche citoyenne, c’est-à-dire nous n’espérons pas nous baser sur un appareil. Nous avons l’ambition de fédérer des citoyens des régions et de la capitale, à notre initiative. Il s’agit de faire passer un message, d’articuler un projet de société pour susciter l’adhésion des Sénégalais. Il faut faire la différence, car ce n’est pas parce qu’un parti a quatre mille militants que ces derniers vont voter pour lui. Nous savons que nous avons un projet de communication ; il ne s’agira pas donc d’inventer de nouvelles solutions lors de cette campagne.

Vous vous êtes donc démarqué de l’Alliance citoyenne (Acr) ?

Non, pas vraiment. Il faut dire qu’avec l’Acr, il y avait un processus qui était lancé depuis. Personnellement, j’étais ravi que ce genre d’espace citoyen se développe. Parallèlement, avant même que je ne rencontre l’Acr, dans le cadre de cette pré-conférence, on avait un ensemble de solutions qu’on avait développé. Donc, quand on a rencontré l’Acr, on a essayé de mener des discussions en vue d’avoir une convergence. Il faut dire, cependant, que le processus n’est pas allé jusqu’au bout. Le principe était qu’il y ait plusieurs candidats indépendants qui se présentent devant l’Acr, une sorte de directoire pour évaluer les programmes, les orientations de chacun, de manière à choisir un candidat qui serait le porteur et qui supporterait les autres. Je dois dire que ces candidats n’étaient pas venus et moi j’étais là. Les autres ne se sont pas présentés. Alors résultat : il y avait un problème. Ce processus de sélection, de mise en commun des orientations, n’a pas eu lieu. Personnellement, du point de vue des idées, je suis en phase avec l’Acr, même si je ne revendique pas d’être le candidat qu’elle a investi.

Dans votre élan de reconfiguration du Sénégal, par rapport au bilan de l’alternance, quels sont les secteurs que vous jugez des plus défavorisés et auxquels il faudra s’attaquer très vite ?

(…) Aujourd’hui, les Sénégalais sont conscients qu’il y a un problème dans les pouvoirs excessifs du président de la République. Je pense qu’à travers la personne de Me Abdoulaye Wade, on a eu un cas exemplaire d’usage excessif, total et entier des pouvoirs qui sont mis à sa disposition. Je parle des pouvoirs qui permettent de régler des comptes politiques, mais aussi des pouvoirs d’orientation de la politique nationale. Quand on regarde le gouvernement, aujourd’hui, il y a une instrumentalisation de l’appareil gouvernemental. Les ministres technocrates sont, aujourd’hui, des ministres politiques qui sont là pour exécuter les volontés du président de la République. Il y a un roi et un ensemble de ministrons qui sont là, et il y a l’infantilisme de l’autorité du Premier ministre qui, en réalité, n’a aucune volonté. C’est autant de tares qui, sur le plan institutionnel, sont là pour nous édifier.

Il y a aussi d’autres domaines en termes de priorités, par exemple, en ce qui concerne les grands projets. On est tous conscients qu’il est utile d’avoir des grands projets, mais dans la manière de les imposer, comme si on voulait faire une marque sur l’empreinte nationale pour l’histoire, il y a un vrai problème. Des grands projets son censés être porteurs de développement ; ils doivent être partagés, pensés avec le patronat et puis planifiés sur un certain moment. Ce sont autant de problèmes du régime de l’alternance, et je ne parle pas des problèmes que vivent les Sénégalais et que tous les citoyens connaissent : l’électricité, l’énergie, etc.

Un programme de gouvernement lie aujourd’hui les partis de la Cpa qui sont disséminés entre la coalition Alternative 2007 et la Coalition Jamm ji. C’est d’ailleurs une proposition de régime parlementaire qu’ils font aux Sénégalais. Partagez-vous ce mode de gouvernement ?

Donc, il faut reconnaître d’abord le fait que, de part et d’autre, on peut changer le régime institutionnel actuel. Il y a une sorte de consensus qui se dégage autour de l’inadéquation du régime qui est là.

Maintenant, sur le régime parlementaire, j’ai des difficultés particulières par rapport aux propositions de la Cpa. On est dans l’illusion ou cette mentalité un peu colonisée qu’en réalité c’est un régime présidentiel ou parlementaire. Il nous faut être un peu créatifs, avoir des régimes institutionnelles qui correspondent aux réalités sociologiques.

Par rapport à la proposition d’un régime parlementaire, je vais vous donner un exemple. Dans le cadre d’un régime parlementaire par exemple, c’est la coalition Sopi qui serait majoritaire à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre en sortirait ; le président de la République pourrait faire passer les lois qu’il a fait passer, même dans un régime parlementaire.

En cas de second tour aux prochaines élections présidentielles, quel candidat vous soutiendriez, si l’on se retrouvait face à un scénario qui mettrait face-à-face le candidat Wade et un autre de l’opposition ?

Je reste dans cette conviction que nous pouvons aller au second tour. Maintenant si je rentre dans votre hypothèse, la coalition Sopi et laquelle ?

Jam ji, Alternative 2007 ou n’importe quelle autre formation politique…

Je pense qu’il y a beaucoup de problèmes par rapport au régime actuel. Encore notre démarche n’est pas celle de se situer dans un antagonisme entre partis. Mais, il y a un consensus que, par rapport au régime actuel, il y a des changements en profondeur qu’il faut mener, et ce régime en place ne peut mener ces changements en profondeur. Nous nous inscrivons donc dans le changement. Comment ? Avec qui ? C’est une question qui reste à être éclairée.

 



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email