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Politique

Entretien avec Youssou DIAGNE, (Ancien président de l'assemblée nationale) : ' J'ai été limogé de l'Apix à cause de ma proximité avec Idrissa Seck'

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Entretien avec Youssou DIAGNE, (Ancien président de l'assemblée nationale) : ' J'ai été limogé de l'Apix à cause de ma proximité avec Idrissa Seck'

Après avoir été président de l’Assemblée nationale pendant près d’un an, ambassadeur du Sénégal à Taïwan pendant trois ans et président du conseil d’administration de l’Apix pour quelques mois, Youssou Diagne se remet en selle pour réclamer la tête du Sénat. Et ce ne sont pas les déclarations de Pape Diop qui découragent le postulant. Youssou Diagne qui - dans l’entretien qu’il nous accordé à sa résidence de Ngaparou - révèle avoir été limogé de l’Apix à cause de sa proximité avec Idrissa Seck, souhaite que cette injustice soit réparée.

Wal Fadjri : Depuis votre démission de l’Assemblée nationale, on ne vous a plus entendu ni vu sur la scène politique. Aviez-vous gelé vos activités au Pds ?

Yousou Diagne : J’ai quitté l’Assemblée nationale après près d’un an d’exercice. J’ai été, par la suite, nommé ambassadeur à Taïwan où je suis resté jusqu’en novembre 2005. C’est à mon retour au Sénégal que commence ce que vous appelez mon silence. Cela est exact. Quand je suis rentré, les militants m’ont sollicité pour me dire qu’ils souhaitaient que je reprenne mes activités politiques à la base. Je leur ai dit non. Car, en ce moment, il me semblait que dans le département de Mbour, il y avait une certaine confusion au niveau des responsabilités. Et c’est ce qui m’avait poussé à parler au secrétaire général adjoint Macky Sall pour lui dire que je voudrais que les choses soient clarifiées. Avant l’alternance, on acceptait certaines choses qui n’étaient pas acceptables. Mais, pour les besoins de la cause, on avait marché comme ça. Mais désormais, au niveau du département, je n’accepte plus d’être derrière un autre responsable. Et surtout compte tenu de mes responsabilités nationales, je me suis dit que je ne peux plus venir m’occuper de poste d’adjoint de celui-ci ou de celui-là. Voilà pourquoi je veux que les choses soient clarifiées. Mais j’ai constaté que cela n’a pas été fait. Alors, j’ai dit que je garde ma position et je me mets un peu à l’écart, en attendant de voir un peu plus clair. J’ai eu même à en parler au président Wade à qui j’avais manifesté le souhait de le rencontrer en présence de Joseph Ndong. Il avait promis de me rappeler pour qu’on fasse le point. Mais j’ai longtemps attendu, en vain. Même Macky Sall souhaitait que je vienne grossir les rangs du comité directeur. A l’époque, je lui avais dit que cela ne tenait qu’à lui.

Wal Fadjri : Vous sortez de votre silence pour déclarer votre candidature à la présidence du Sénat. Maintenez-vous cette candidature ?

Yousou Diagne : Je rappelle que c’est moi-même qui ai déclaré ma candidature parce que je n’avais pas besoin du soutien de qui que ce soit. J’estimais qu’à mon état, je peux être président du Sénat si, toutefois, le président Wade me choisit parmi les soixante-cinq sénateurs qu’il va nommer. J’ai convié ici les anciens du parti qui ont accepté ma candidature et ils se sont réunis pour me soutenir. Aujourd’hui, je confirme encore cette candidature.

Wal Fadjri : Les nombreuses candidatures ne vous découragent-elles pas ?

Yousou Diagne : Absolument pas. Je suis pour l’émulation, la liberté de penser. Je suis un militant et c’est le président qui choisit. Je crois que pour la gestion d’une institution comme le Sénat, je réponds parfaitement aux critères. Si j’insiste sur ma candidature c’est parce que je me sens capable de diriger cette institution. Moi, j’ai la franchise de dire que je suis candidat. Je ne me cache pas derrière des militants ou des motions de soutien comme le font certains que je ne vais pas nommer. Ou bien quelqu’un qui dit partout qu’il a été déjà choisi pour être le président du Sénat alors que ce Sénat n’est même pas encore en place. Alors, comment peut-on être choisi pour le diriger quand on sait que ce président doit normalement être élu ?

Wal Fadjri : Vous parlez de Pape Diop ?

Yousou Diagne : Je ne sais pas. Je parle peut-être de quelqu’un d’autre. Pape Diop, c’est un jeune frère. On a eu de bonnes relations. Il était mon questeur quand j’étais président de l’Assemblée nationale. Et après mon départ, on a gardé de très bonnes relations. Mais ce n’est quand même pas sa candidature qui va me faire reculer. Je suis et je reste candidat à la présidence du Sénat.

Wal Fadjri : Même quand le porte-parole du Pds déclare que Me Wade a déjà choisi Pape Diop et que ce choix a été entériné par le Comité directeur ?

Yousou Diagne : Je n’ai pas entendu cela de la bouche du président Wade. Je ne sais pas ce qui s’est passé, donc je continue à défendre ma candidature. Je ne peux pas tenir compte de ce qui se dit à gauche et à droite. Chacun est libre de dire ce qu’il veut. Ce que dit Pape Diop n’engage que lui. J’ai aussi entendu Abdou Fall dire que le parti a choisi Pape Diop, mais cela ne m’empêche pas de postuler.

‘Mon objectif au Sénat, si toutefois je suis choisi pour le diriger, c’est de faire de cette institution une chambre d’action, de travail’.

Wal Fadjri : D’aucuns pensent que vous cherchez à prendre une revanche sur Pape Diop qui vous a succédé à l’Assemblée nationale…

Yousou Diagne : Oh non ! Le mot revanche ne me convient pas. Quand j’étais président de l’Assemblée nationale, à ce que je sache, Pape Diop n’a jamais eu une position équivoque pour pouvoir dire qu’il menait un combat contre moi. Jusqu’à la dernière minute, je l'ai vu très affligé par la décision de lui confier l’Assemblée nationale. C’est un garçon honnête. Donc quand on est tous deux candidats à un poste, il s’agit d’autre chose, mais pas d’une revanche.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui fait courir les candidats au poste de président du Sénat ? N’est-ce pas la position d’intérimaire en cas de vacance du pouvoir ?

Yousou Diagne : Non, c’est un peu machiavélique de présenter les choses ainsi. Pourquoi penser à remplacer le président de la République ? On ne souhaite pas remplacer le président. On a eu plusieurs élections au Sénégal et le président de l’Assemblée nationale, seconde personnalité de l’Etat à l’époque, n’a jamais eu à intervenir pour remplacer le président. Donc pourquoi voudrait-on lier la présidence du Sénat à une éventuelle vacance du pouvoir ? Et on n’a pas dit que le président du Sénat remplacera définitivement le président de la République. On a dit qu’il doit le remplacer pour organiser les élections. Je vous dis que dans certains pays, le président du Sénat ne peut même pas être candidat à ces élections. Le président du Sénat prépare les élections, comme le fait actuellement le ministre de l’Intérieur. C’est tout. Mon objectif au Sénat, si toutefois je suis choisi pour le diriger, c’est de faire de cette institution une chambre d’action, de travail. Je ferai le maximum pour que cette chambre réponde valablement aux règles et principes de la Constitution qui l’a créée.

Wal Fadjri : D’autres soupçonnent que votre candidature soit celle de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck.

Yousou Diagne : Ça, c’est mal voir les choses. Idrissa Seck vient de sortir d’une élection présidentielle avec un score assez valable. Dire que je veux être président du Sénat pour lui passer la main, ce n’est pas une bonne logique. Si je suis élu, je resterai président du Sénat avec la volonté de Dieu. Tout le reste n’est que spéculation…

Wal Fadjri : Quelles relations entretenez-vous d’ailleurs avec Idrissa Seck ?

Yousou Diagne : Nous entretenons de très bonnes relations. Idrissa Seck est un ami et il reste un ami. J’ai toujours souhaité qu’Idrissa Seck et le président Wade se retrouvent pour travailler ensemble. Vous avez entendu l’autre jour Souleymane Ndéné Ndiaye qui disait que le retour de Idrissa Seck serait une excellente chose pour le parti et pour le pays. Je connais le fond de leurs relations pour avoir travaillé avec les deux. Wade et Idrissa sont des amis.

Wal Fadjri : Comment avez-vous vécu leur brouille ?

Yousou Diagne : J’ai vécu difficilement leur séparation. Vous comprendrez bien que quand on est partagé entre deux amis qui sont dans une situation aussi difficile, on ne peut avoir que des émotions. Et c’était mon cas. C’est pourquoi j’ai toujours prié Dieu pour qu’ils se réconcilient et travaillent ensemble pour le bénéfice du parti et du pays.

Wal Fadjri : Youssou Diagne est-il militant du Rewmi ou du Pds ?

Yousou Diagne : Allez voir où se trouve la séparation entre le Rewmi et le Pds ! C’est le président Wade lui-même qui a dit que nous sommes tous de la même famille. Et lui son souhait est de retrouver tout le monde. Que je sois militant du Rewmi ou du Pds, dans l’état actuel des choses, ce qui importe, ce sont les retrouvailles de la grande famille libérale pour qu’on puisse travailler dans l’unité.

Wal Fadjri : Des responsables du Rewmi se démarquent de votre candidature, car ils vous reprochent de ne pas détenir la carte de leur parti.

Yousou Diagne : Je l’ai dit au départ. Ma candidature, c’est en tant que Youssou Diagne, personne physique, morale qui se dit capable de diriger ce Sénat, que je l’ai posée. Que je sois du Rewmi, du Pds ou simple citoyen, cela ne m’aurait pas empêché d’être candidat. Que l’on me reproche de ne pas avoir la carte du Rewmi ou encore de ne plus être actif dans le Pds, cela m’importe peu. Le Sénat, ce n’est pas une histoire de parti. Regardez ce qui se passe actuellement en France avec le président Sarkozy qui choisit des socialistes pour de très hauts postes de responsabilités. Moi, je me mets à ce niveau-là. Les gens oublient que c’est au président de la République de choisir celui qu’il veut dans son pouvoir discrétionnaire. Même si on me considère comme un sans-parti, cela n’a aucune influence négative sur ma candidature.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui se cachait derrière votre démission de l’Assemblée nationale ?

Yousou Diagne : Quand je démissionnais de l’Assemblée, j’avais clairement déclaré que c’était pour mettre le président de la République à l’aise. Je crois que tout le monde se souvient de cette phrase. J’avais fait un sacrifice, car j’aurais pu dire que je ne démissionne pas de l’Assemblée nationale. Mais le contexte politique d’alors exigeait de moi qui avais été choisi par le Pds, de démissionner pour mettre à l’aise le secrétaire général national de ce parti. Donc j’avais choisi honnêtement de partir sans aucune autre pression extérieure. C’est le contexte politique qui l’exigeait encore une fois.

Wal Fadjri : Et quel était ce contexte politique ?

Yousou Diagne : Le secrétaire général national du parti avait dit, à l’époque, que les responsables qui n’avaient pas gagné leurs bases politiques aux législatives de 2001 devaient quitter leurs postes de responsabilité. Et j’étais dans ce cas. Mais je rappelle que j’avais des positions assez fortes à l’Assemblée nationale. Et si je n’étais pas réfléchi, j’aurais pu organiser la résistance pour ne pas quitter l’Assemblée nationale. Mais je pense avoir loyalement agi en démissionnant.

Wal Fadjri : A part la présidence du Sénat, Youssou Diagne a-t-il d’autres ambitions politiques au sein du Pds ?

Yousou Diagne : Bien sûr. A mon retour de Taïwan, on m’avait confié la présidence du comité stratégique de l’Apix. Cela me plaisait beaucoup, je travaillais bien à ce niveau-là et le travail du comité avait été bien apprécié par la direction générale de l’Apix. Certains membres de l’administration et du privé avaient trouvé que le travail que nous faisions depuis ma nomination à la tête de ce comité était très appréciable. Par ailleurs, compte tenu de mon expérience professionnelle en matière de gestion et au niveau de l’Assemblée nationale et en tant qu’ancien ambassadeur, je crois pouvoir manager une autre activité au niveau national. Même au niveau du parti, je dis que mes ambitions ne se limiteront plus au niveau du département de Mbour, mais au niveau national. M’occuper des sections, je peux le faire, mais à distance. Je laisse cela aux jeunes. Le parti a besoin d’un personnel nouveau. Nous devons maintenant jouer le rôle de conseiller et pas d’animateur. L’âge et les fonctions ne nous les permettent plus.

‘J’ai été victime (de la ‘déseckisation’) à l’Apix. Mais je crois que cette injustice sera réparée un jour, car ce n’est pas parce qu’on est proche d’Idrissa Seck qu’on doit payer pour cette proximité’

Wal Fadjri : Votre limogeage de votre poste de Pca de l’Apix s’était fait en catimini. Que s’était-il passé ?

Yousou Diagne : Il s’est trouvé que les gens m’ont considéré, à tort ou à raison, comme un militant de Rewmi. Ils n’ont même pas dit que j’étais ami d’Idrissa Seck. Ils ont juste dit que j’étais du Rewmi pour m’enlever de là-bas. Mais cela ne m’a pas du tout dérangé. Dieu merci, je continue à vivre et à avoir mes ambitions politiques. Je sais que je suis un cadre du Sénégal qui peut être utilisé là où les gens pensent que je peux leur être utile. C’est la raison pour laquelle j’aurais bien voulu livrer encore au peuple sénégalais mon expertise. N’oubliez pas que j’étais un responsable de compagnie aérienne, avant de venir dans la politique. Et j’y suis resté jusqu’à la retraite. J’ai voulu avoir des responsabilités politiques et c’est ce qui m’a amené à militer au Pds.

Wal Fadjri : Vous avez donc été victime de la ‘déseckisation’.

Yousou Diagne : Parfaitement, j’en ai été victime. Mais je crois que cette injustice sera réparée un jour. Ce n’est pas parce qu’on est proche d’Idrissa Seck qu’on doit payer pour cette proximité. Moi, j’ai connu Idrissa Seck par le biais du président Me Wade. Je l’ai connu parce que j’étais militant du parti et le président me l’a présenté. Par ailleurs, j’étais persuadé que le président Wade n’avait pas totalement rompu avec Idrissa Seck. Alors, vous trouvez normal que le président Wade continue à voir Idrissa Seck et qu’on sanctionne les gens qui ont de l’amitié pour lui ? Ce n’est pas normal. C’est injuste. C’est pourquoi, j’espère que cette injustice que j’ai subie, sera réparée.

Wal Fadjri : Avez-vous des nouvelles de votre ami Idrissa Seck ?

Yousou Diagne : Je ne l’ai pas vu depuis son départ. Mais avant, on se voyait comme des amis. Actuellement, on se parle de temps en temps au téléphone.

Wal Fadjri : Vous encouragez les retrouvailles entre Wade et Idy. Pourtant, l’un avait accusé l’autre de détournement de deniers publics. Doit-on passer tout cela par pertes et profits ?

Yousou Diagne : Les retrouvailles, c’est entre deux individus : Idrissa Seck et Abdoulaye Wade. Ils sont les seuls à savoir pourquoi il y avait problème entre eux. Aujourd’hui qu’ils estiment devoir se retrouver, je ne peux qu’applaudir en tant qu’ami des deux. Les accusations dont on parle, Wade lui-même n’en parle plus. Je ne vois pas pourquoi on devrait vouloir être plus royaliste que le roi.

Wal Fadjri : Il paraît que ce sont les Taïwanais qui vous ont annoncé la rupture des relations diplomatiques entre le Sénégal et Taïwan…

Yousou Diagne : Non, ce n’est pas exact. J’ai appris la rupture quelques heures avant. Je dois dire que ce sont des dispositions que les Etats prennent au niveau des Affaires étrangères. Mais il n’y a rien de grave. (Long moment d’hésitation). C’est comme ça que les responsables de la diplomatie sénégalaise opèrent. Ce qui est certain, c’est que j’ai eu un excellent séjour à Taïwan où j’avais beaucoup d’amis. Particulièrement au niveau des affaires étrangères. C’est pourquoi d’ailleurs mon départ a été assez difficile pour moi et pour les Taïwanais. Parce qu’ils perdaient un ami. Mais ils ont l’espoir qu’un jour, on se retrouvera. Ils ont l’espoir parce qu’il est possible d’avoir des relations avec la Chine populaire et en même temps avec Taïwan. Je signale que toutes les diplomaties du monde sont représentées à Taïwan actuellement. On peut bien aller avec la Chine et avoir des relations économiques avec Taïwan. C’est le cas du Nigeria et de l’Afrique du Sud. La France a un bureau qui remplit toutes les fonctions d’ambassade. De même que les Etats-Unis. J’en avais parlé au président Wade et je pense que cela est possible.

Wal Fadjri : Vous avez donc regretté la rupture des relations diplomatiques entre Taïwan et le Sénégal.

Yousou Diagne : Non, je ne le regrette pas. Parce que c’est une décision de souveraineté. Je n’étais qu’un ambassadeur. Je n’ai pas regretté parce qu’il faut reconnaître quand même que pour un pays qui se veut ambitieux, c’est très normal d’avoir des relations diplomatiques avec la Chine. C’est une grande puissance. Mais les deux étant possible, je crois que nous aurions dû allier les deux.

Wal Fadjri : Vous étiez bien introduit à Taïwan. Par conséquent, vous devez savoir un bon bout sur l’affaire des 7 milliards taïwanais qui avaient défrayé la chronique. Pouvez-vous nous édifier ?

Yousou Diagne : (Très gêné) Alors là, monsieur, je vous dirais que pour des raisons de devoir de réserve, je ne peux pas développer ce chapitre. Il y a des choses qu’on ne peut pas dire. Même après avoir quitté la diplomatie, il y a des choses qu’on doit garder secrètes. Pour des raisons très personnelles, je vous demanderai de ne pas insister sur cette question.

Wal Fadjri : Quelle lecture faites-vous sur l’idée de la refondation du Pds qui soulève un débat au sein de votre parti ?

Yousou Diagne : Je pense que c’est une bonne chose. Le président veut retrouver toute sa famille. Ce serait donc bien de reprendre tous les statuts et le fonctionnement du parti. Le Pds s’est massifié et il faut reconnaître que le parti ne peut plus fonctionner comme il y a bien des années. C’est une bonne chose de penser à la refondation. Beaucoup de gens sont arrivés, peu sont partis, il va falloir donc s’orienter vers un grand parti, fort et organisé, pouvant créer une certaine ouverture pour permettre à tous ceux qui le veulent de venir travailler avec le Pds.

Wal Fadjri : Est-ce parce que vous n’entretenez pas de bonnes relations avec les autres responsables libéraux du département que vous vous mettez à l’écart ?

Yousou Diagne : J’entretiens de bonnes relations avec eux. Mais je précise tout de suite qu’il ne s’agit pas de relations d’activités. Je redis que tant que les choses ne sont pas claires, je me considère comme un conseiller. Je continue à penser que j’ai d’autres choses à faire pour le parti que d’animer le département en m’occupant de sections ou de sous-sections.

Wal Fadjri : On parle de plus en plus, dans votre parti, de la mise à l’écart des ‘libéraux de lait’ dans la gestion du Pds et au niveau des responsabilités étatiques, au profit des militants de la vingt-cinquième heure. Qu’en dites-vous ?

Yousou Diagne : Je ne dirai jamais cela. La preuve, personne ne m’a entendu parler de mon départ de l’Apix. Après mon départ de l’Assemblée nationale également, je n’en ai plus parlé. Quand je suis revenu de Taïwan aussi, personne ne m’a entendu parler pour réclamer quoi que ce soit. Les gens doivent arrêter cela. S’il y a des gens qui estiment être laissés en rade au profit de transhumants ou autres, ils n’ont qu’à écrire au président pour le lui signifier. Le gouvernement ou les responsabilités étatiques ne doivent pas être la chasse gardée d’une organisation politique. C’est le président de la République qui choisit son Premier ministre qui, à son tour, fait appel à des gens venus de tous les horizons. Regardez ce qui se passe en France. Les gens que Sarkozy a pris, ne sont pas tous de l’Ump. Ce qui est important, c’est que les personnes que le président choisit soient des Sénégalais. Le reste importe peu.

Wal Fadjri : Avez-vous l’impression, comme le front Siggil Sénégal, que le pays est en crise ?

Yousou Diagne : Le pays est en crise ? Non. Je dis simplement qu’il y a des gens qui ne sont pas du parti au pouvoir qui trouvent que le pays est en crise. Mais il faut avoir l’honnêteté de dire que le pays marche avec quelques difficultés économiques compte tenu de notre situation de pays sous-développé. On ne devrait pas souhaiter que le pays soit en crise. On est à la veille du mois de Ramadan (l’entretien a eu lieu avant-hier, mercredi, Ndlr), en tant que musulman, je souhaite que les gens fassent des prières pour que nous dépassions ce genre de crises, pour que les esprits se retrouvent et que nous passions un excellent mois de jeûne et de prières.

‘On peut choisir Karim pour diriger le parti s’il est un militant convaincant. Mais on peut choisir un autre, car il y a des milliers de Karim dans le parti’.

Wal Fadjri : Vous n’adhérez donc pas aux assises nationales ou dialogue national que veut tenir cette partie de l’opposition ?

Yousou Diagne : Je crois franchement que le président Wade ne refuse pas le dialogue. Certainement qu’il y a une forme à respecter. Au niveau du parti, on comprendrait difficilement que des gens qui n’ont pas reconnu la victoire du chef de l’Etat aux élections, puissent l’obliger à s’asseoir avec eux pour discuter. C’est une question de principes. Je suis sûr qu’il est possible de trouver un terrain d’entente. Seulement, il faut que les principes soient respectés.

Wal Fadjri : Etes-vous de ceux qui soutiennent Karim Wade dans sa marche vers le sommet de l’Etat après son père?

Yousou Diagne : Karim Wade a la chance de succéder à son père, c’est certain. Mais politiquement parlant… (il ne termine pas la phrase). Moi, je suis un musulman. Et penser à succéder à quelqu’un qui est vivant, ce n’est pas musulman. Je pense que le président qui s’occupe du parti et du pays, doit pouvoir s’organiser au niveau de la direction du Pds pour régler les choses. Je signale que ce n’est pas une question de personne. On peut choisir Karim pour diriger le parti s’il est un militant convaincant. Mais on peut choisir un autre, car il y a des milliers de Karim dans le parti. Je ne vois donc pas pourquoi on veut se focaliser sur Karim. Parce que tout simplement c’est le fils du président ? Alors là, ce n’est plus une philosophie de parti. Je dis que le président est là. Il est élu, il est secrétaire général de son parti, donc laissons de côté cette question de succession. On a du travail. Si Karim est convaincant, il n’a qu’à venir faire comme tout le monde. C’est tout. Je ne voudrais pas me focaliser sur lui. Je n’ai jamais entendu Karim dire qu’il veut remplacer son père à la tête du pays.

Wal Fadjri : Après avoir dirigé l’Assemblée nationale, peut-on s’attendre à voir Youssou Diagne postuler à la magistrature suprême ?

Yousou Diagne : Mais, pourquoi pas (il insiste). Si Dieu me donne longue vie avec les possibilités physiques, le moment venu, je peux bien postuler. Et mon élection dépendra des Sénégalais. Mais pour le moment, je suis préoccupé par la présidence du Sénat.

 



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